J’ai épousé une ombre – Robin Davis – 1983

j-ai-epouse-une-ombre_513071_2923Identification d’une femme.

   7.0   On peut découper le film en trois parties : le changement d’identité, la fragile reconstruction, la menace d’extinction du rêve. Si cette structure synthétique s’avère académique (aucun débordement) il serait dommage d’être si réducteur tant Robin Davis parvient à créer une dynamique de l’angoisse – d’être démasqué, de voir l’autre vie ressurgir, de se trahir – qui fonctionne à merveille dans la mesure où le film reste constamment aux crochets de son héroïne. Entre autre, il y a cette séquence symbolique du baptême du fils de Patricia, la nouvelle Hélène rebaptisée. Sa nouvelle belle famille – de riches vignerons – est à ses côtés et une photo s’apprête à être prise devant l’église. Non loin, devant un car scolaire, le prénom « Hélène » est crié par un éducateur aux prises avec une demoiselle dissipée. Trop tard, Patricia s’est retournée, brusquement, attirant l’attention du frère de celui dont elle est sensée être la veuve. C’est dans le film la première fois qu’elle se rend compte de la difficulté de ce défi de taille, d’être quelqu’un d’autre, d’oublier sa véritable identité. L’inquiétude de ce beau-frère crée un moment d’angoisse ultime car inattendu. La mise en scène du cinéaste participe à ce sentiment car plutôt que de lever directement le voile sur les pensées de cet homme, il choisit le flou, le hors-champ, préférant s’attarder sur le visage de Patricia qui s’inquiète puis sourit pour sauver les meubles, le fait est que l’on ne sait plus quel visage elle a en face d’elle, s’il s’agit du visage de celui qui a compris ou le contraire. A cet instant là, même si nous sommes toujours complice, il nous manque une clé, il nous manque ce qu’elle a vu et ce parti pris renforce l’ambiance paranoïaque du film afin que le spectateur se mette à hauteur du personnage voire le dépasse. Le film n’offre rien au spectateur qu’il n’offre pas à Patricia. C’est toujours elle qui doit prendre les devants comme durant la séquence où elle jauge son beau-frère ou lorsqu’elle interrompt Fifo la suspectant de lui envoyer ces lettres de mise en garde qui peuvent à tout moment sonner le glas de son secret. Le film joue sur un effet de miroir. Léna (la belle-mère) a sans doute plus besoin de Patricia (d’une belle fille donc) que le contraire. Lorsqu’elle lui dit, fièrement, qu’elle n’a jamais eu besoin de personne pour vivre, c’est déjà un indice. Le film préfère au carnage une fin plus juste, plus intime où cette famille, alors au courant du subterfuge, accepterait la situation, privilégiant l’humain à son nom, et tentant d’entrevoir un heureux avenir. Le film s’achève sur cette utopie là mais rien ne laisse penser que cette fragilité de la double identité ne se reproduira pas ultérieurement, même si l’on peut se dire que la nouvelle famille d’Hélène est capable de perdurer le secret comme elle a su cacher (ou endosser la responsabilité c’est selon l’éventuel enquête qui peut surgir) le meurtre du mari envahissant. Pour comprendre le film et donc cette fin il faut remettre les choses en état : C’est une famille effondrée et cette divine providence que représente cette femme (ils ne cesseront de lui répéter qu’ils la considèrent comme leur fille, depuis leur rencontre) permet à tous de créer un équilibre de survie. Léna n’aura probablement pas survécue sans Patricia. Vraie belle fille ou fausse, l’important était sa présence.

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