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Archives pour juillet 2012



Charell – Mikhaël Hers – 2006

Charell - Mikhaël Hers - 2006 dans Mikhaël Hers 13.-Charell-Mikhael-Hers-2006-300x180De si braves garçons.

   6.0   Adaptation libre d’un roman de Modiano, Charell se vit telle une errance à majorité nocturne d’un homme sur le retour dans des lieux parisiens à forte impression mémorielle. C’est un film très troublant, sans rythme défini, sans accroche linéaire, sans normes, il dure quarante-cinq minutes, il pourrait tout aussi bien en durer dix ou deux cents.

     Un homme croise un jour le regard de celui qui fut son ami d’enfance, il y a plus de vingt ans. Ils échangent un peu avant que celui-ci ne lui fasse en quelques sortes partager un peu de sa vie. Il l’accueille chez lui et lui présente sa femme, une autre fille est là, première apparition, endormie, assoupie et angélique attise la curiosité et la gêne du garçon invité. Un autre homme débarque puis repart après avoir proposer à Charell de lui ramener du gibier. On comprend que c’est un appartement à femmes. Pourtant dès lors nous n’en verrons plus, si ce n’est cette femme, d’un âge sensiblement similaire au sien, mystérieuse et dépressive.

     Lorsque Charell propose à son ami de l’accompagner chez un ami dans un appartement du bois de Boulogne, celui-ci refuse, préfère la marche à la voiture. Il ère, continuellement. Se souvient. Ce sont les lieux qu’il traverse qui lui évoquent probablement de nombreux souvenirs. Mais le film s’en tiendra à cette épure. Epure d’un replacement, épure des mots. Une majorité des plans Hersiens seront fixes et d’ensemble sur les abords des champs, des boulevards, la tour Eiffel dans le fond, jamais bien loin, et Boulogne Billiancourt surtout, déjà, tant magnifiée dans son premier long métrage quatre ans plus tard, Memory Lane.

     A rester trouble, le film frôle l’hermétisme pourtant il se dégage une ambiance si particulière qu’il fascine, saisit par sa beauté, son silence, son mystère, comme s’il tentait de faire partager une sensation impossible à partager, une mélancolie si personnelle qui ne peut surgir qu’au travers d’un regard, au croisement d’images du passé projetées dans la réalité présente. C’est à la fois prometteur et raté. Tout le cinéma de Hers est déjà là, se met gentiment en route.

Je suis une ville endormie – Sébastien Betbeder – 2012

Je suis une ville endormie - Sébastien Betbeder - 2012 dans Sébastien Betbeder nuitParis by night.

   7.5   La singularité du film de Sébastien Betbeder réside dans le croisement de la fiction et du documentaire, de l’errance intime de ses deux personnages à une déclaration d’amour au parc des Buttes-Chaumont dévoilant le fantasme de ses mystères. Le film commence de manière étrange, comme un docu quasi pédagogique qui met en lumière l’histoire du parc, sa naissance et ses transformations, avec des schémas, des images et vidéos d’archive, des vidéos d’aujourd’hui, les hommes, la faune et la flore. Cette description s’achève sur l’évocation de carrières secrètes du parc qui renfermeraient des pouvoirs magiques. Puis, le présent apporte une cassure soudaine, nous sommes dans une soirée, on y danse, les DJ’s sont aux commandes et on y suit une rencontre. Au sortir de la soirée, les deux nouveaux amants marchent un peu sans vraiment savoir où aller puis comme si, déjà, une force invisible les en attiraient, ils escaladent les grilles du parc des Buttes-Chaumont et errent entre arbres et chemins. Le parc est alors la cristallisation de cette attirance qui se poursuit sexuellement au pied d’un immense arbre, un saule pleureur ou un qui lui ressemble. Ce n’est pas encore une grotte, ni une maison abandonnée, mais une sorte d’abri, un berceau de fantasmes. En pleine nuit, alors qu’ils se sont tous deux endormis à la belle étoile, Théodore se réveille, on pense qu’il a entendu un bruit mais c’est autre chose, une force inconnue s’empare de lui et il lui (nous) semble, un peu à la manière des images rêvées du personnage joué par Vincent Gallo dans le dernier film de Skolimowski, qu’il a des visions de lui plus tard, errant définitivement dans ce parc devenu immense forêt sans fin. La lumière du jour revient. Les animaux se font entendre, quelques bruits d’enfants, les coureurs du matin investissent les allées, le parc est ouvert. Nos deux vagabonds quittent le parc, s’échangent leurs numéros. Mais la caméra ne quitte pas le parc si vite, quelques plans se succèdent, la musique les recouvrent, le parc dévoile son quotidien, entrecoupé là encore de vidéos d’époque mais la présence musicale laisse cette impression de suite de la veille, de parc en pause le jour alors que ça devrait logiquement être le contraire. Dorénavant, Anna et Théodore passeront toutes leurs nuits dans le parc interdit, seuls jusqu’au petit matin, avant de faire la rencontre d’un nomade dans une grotte ou d’observer un groupe de personnes en pleine méditation transcendantale. Cette alliance et ce partage du mystère à deux se dissout alors peu à peu, car ces nouvelles données accentuent le danger qui plane sur cette impression de possession. Le parc nocturne est devenu leur parc, il symbolise leur union. Anna moins cependant, plus clairvoyante, elle y passe du bon temps mais elle n’est pas habitée comme l’est Théodore qui sombre peu à peu dans la folie, car loin de cet îlot il se meurt, n’arrive plus à respirer. Sa bouteille d’oxygène c’est le parc. Un voyage de trois jours en Normandie ne parviendra même pas à le guérir. Betbeder accorde une importance fondamentale à cet espace singulier, cet endroit qui prend possession de l’esprit de Théodore, un peu comme la plage de Boyle ou la planète Melancholia chez Von Trier. Et l’utilisation documentaire que je citais au début pourrait ne servir qu’à introduire le film, le parc et le mystère mais en plein milieu, le cinéaste prend le risque d’introduire le monologue d’un psychiatre racontant l’histoire vraie d’un homme en relation étrange avec l’atmosphère du parc, qui une fois loin le fait mourir et à son contact lui redonne la joie de vivre. Le film se laisse emporté par une présence musicale quasi permanente, mais elle englobe le film, fait partie de lui, n’illustre jamais par facilité une séquence. Coil (repris), Sylvain Chauveau, Minizza, The Antlers, Beach House, That Summer. Le film est d’une beauté sidérante, dans la gestion de l’espace, ses silences, l’apparition de la folie et son utilisation musicale, bref c’est plus qu’une belle surprise.

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