7.0 J’aime que le film ne me paraisse pas hyper maîtrisé et dans le même temps, afin de nuancer un engouement naïf, c’est aussi sa limite tant le déroulement du récit est bancal. En somme, si le film n’a pas si bien marché que Snyder l’aurait souhaité, c’est évidemment parce que le public que le film vise ne peut véritablement se retrouver dedans, c’est trop foutraque, sans rythme, sans grand climax, mais malheureusement, que l’on ne taxe pas uniquement la fainéantise du spectateur, c’est aussi dû à un problème d’équilibre, pour celui qui aime se pencher sur le scénario, apprivoiser les différents niveaux de lecture. Personnellement, à la fin, je ne comprends pas grand chose, je remarque qu’il y a des choses à creuser, que Snyder a voulu faire un twist sans vraiment en faire un, que le film regorge de passerelles et chausse-trappes, mais ce n’est pas grave car le film m’a attrapé différemment, un peu comme Inception m’avait attrapé, à savoir que j’aime être pris au dépourvu et séduit simplement par son énergie afin de, pourquoi pas, plus tard, m’y replonger pour en apprécier la complexité (à la différence d’un Shutter Island par exemple, sans doute parce qu’il s’axe avant tout sur la dramaturgie, le fond du film de Scorsese est bien trop lourd (puisqu’il est ancré historiquement) pour n’être guidé seulement par sa dynamique). Après, je pense que Nolan construit mieux que Snyder, au sens ou Nolan est un grand faiseur. Cela peut être péjoratif puisque je ne dis pas qu’il a plus de choses à dire (je ne pense pas d’ailleurs) mais qu’il les dit mieux, qu’il synthétise mieux. Il y avait une homogénéité dans Inception qu’il n’y a pas là. Il y a un truc carré (certes excellent) et un truc en bordel. Les gens préfèrent généralement ce qui est carré, c’est comme ça. On verra ce que les deux donneront ensuite, mais le Snyder qui adapte me gonfle au plus haut point. Je préfère celui de Sucker punch, celui qui hasarde un peu dans la mise en scène de sa propre écriture car ça donne un truc malade aux interprétations les plus diverses. En tout cas, le fait est qu’il ne cède pas aux facilité, c’est déjà ça : le parti pris de ne jamais montrer les danses afin que spectateurs du théâtre et spectateur de cinéma de soient pas pris au même niveau (ce que ratait clairement Dupieux dans Rubber) je trouve cela très intéressant. Reste le sérieux de l’entreprise qui l’emporte au début et à la fin, ça me gêne un peu. Je ne pense pas que le film ait besoin de ça même si j’ai bien compris qu’il voulait que ce soit la voix de Sweet Pea et non celle de Babydoll, afin de poser la problématique selon laquelle il n’y aurait qu’une fille et non cinq. On peut lire maintes théories sur le net, certaines vont très loin. Enfin cela prouve que le film, au-delà de son matériau de base et de ses effets spéciaux, tente de dire des choses, même maladroitement. Je laisse les digressions pour les esprits affûtés car ce qui m’intéresse là-dedans, plus que tout, ce qui m’a le plus surpris, c’est la noirceur dans laquelle le film s’engouffre, cette idée de réalité prison dont on ne sort qu’en fuyant et en s’imaginant un autre monde. Réalité sordide qui n’a d’échappatoire que le rêve. La simple danse m’évoque le viol, aussi bien dans le choix de ne pas la montrer que dans les réactions des hommes (Blue, le maire) qui jouissent quand elle se termine. Terrifiant ! Alors je reste partagé puisque je trouve tout plus ou moins raté dans ce film, ou plutôt je dirais bâclé, aussi bien le scénario, l’image que l’esthétique des corps, sa principale préoccupation. Et pourtant je suis séduit par quelque chose c’est un fait. Un ensemble. Je crois que c’est sa prétention ratée qui me plait, en effet je pense que c’est un film qui tente de rentrer dans le moule de ces « films cerveau édifiants » cités précédemment mais qui échoue dans la maîtrise, du coup le film me touche autrement. 300 reposait sur un déluge de violence, pourquoi pas un tel parti pris oui, personnellement ça m’avait gonflé. Watchmen n’avait aucun intérêt de cinéma, autant relire la Bd. Sucker punch est à mes yeux un film minuscule (je ne parle pas de budget) qui essaie de créer son propre univers. Encore une fois les partis pris sont parfois repoussants (immonde première séquence clipée) mais l’énergie déployée me fait jubiler sans compter que le film me surprend régulièrement dans ses enchaînements alors qu’il a tout pour être répétitif (quatre danses, quatre objets…). Bon, et c’est un film qui repose sur une idée (la danse/baston comme évasion) qu’il exploite certes maladroitement, mais sans jamais s’encombrer d’une symbolique lourdingue et je préfère nettement cette épure là à un truc sur-évocateur, comme cette grosse daube de Sin city.
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