The omen.
6.5 Film qui se situe dans la tradition pure du cinéma d’épouvante. La tradition impose parfois un surplus. Tout le monde ne s’appelle pas Kubrick et l’on sait combien Shining est une référence inépuisable et indéboulonnable. Ce surplus dans Esther se situe au début, dans cette inutile scène d’introduction et ce cauchemar explicatif. Collet-Serra cherche à démarrer sur les chapeaux de roue, atteindre d’entrée un climax. Le genre ne se porte pas forcément moins bien quand il se frotte à cet exercice, prenons les exemples de The descent ou Martyrs. Un accident de voiture mortel ou une jeune fille qui échappe ensanglantée à ses ravisseurs. Ici, l’idée est de rendre insoutenable un fait vécu que le rêve va amplifier (la perte d’un bébé) dans les cris et le sang. Déjà, la scène est formellement assez mauvaise, on ne repère que trop vite la supercherie, à cause de ce maniérisme à deux sous qui consiste à flouter les contours du cadre pour accentuer le climat paranoïaque. Cet affectation un brin old school est pourtant ce qui permettra au film d’être une réussite, atteignant une dimension éminemment classique dans le bon sens du terme puisqu’il se relève aisément de cette facilité ratée et s’apprête à grimper crescendo jusqu’à un point de saturation où la puissance horrifique et angoissante n’a d’égal que cette entrée en matière ridicule, forcément vite oubliée. Esther se permet même la crème : le twist final de la mort, fort autant qu’il peut-être inutile. Le film ne repose aucunement dessus. Il serait aussi bon sans l’existence de ce twist, en simple cauchemar maléfique inexplicable. L’explication vient uniquement atténuer les éventuelles invraisemblances que les esprits chipoteurs auraient dénichées, bien qu’en quêteur d’une forme nouvelle de peur au cinéma, j’aurais préféré qu’il n’opte pas pour ce raccourci narratif, où qu’il s’en dépêtre autrement. Pour le reste, Esther est un thriller diablement efficace qui réserve son lot de sursauts et des suées progressives. Il tient parfaitement la distance, ne redescend jamais. C’est Carrie qui croise La malédiction. Le contrat est donc honorablement rempli : ça fiche la trouille comme il faut. je me suis demandé, un long moment, comment j’allais pouvoir dormir…
This really answered my drawback, thanks