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Archives pour 16 février, 2013

Les duellistes (The duellists) – Ridley Scott – 1977

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« This time he’ll kill you! »

   6.0   Le premier film de Ridley Scott incarne déjà à merveille cette idée du combat et de la futilité, idée nourricière qui traverse son œuvre, diégétiquement ou non. Le cinéaste ne situe pas encore son récit dans l’ambition future, ici il s’agit d’une nouvelle de Conrad, la répétition d’un même duel, au milieu de la grande Histoire. Un duel qui oppose deux hommes, d’une même patrie, à partir d’un différend trouble. De cet ancrage historique, Scott n’en garde rien, ou pas grand chose, les alentours sont flous, hormis quelques dates et une parcimonieuse voix off qui étaye certains faits, seul l’intéresse véritablement cet affrontement entre ces deux hommes dont les chemins se croisent, s’éloignent puis se croisent à nouveau. Cette haine admiratrice, pour ne pas dire fascinatrice, émergera dans tous les films de Scott, libérant les écrous d’une rupture que le statut offre. Les duellistes sert d’introduction à cette thématique récurrente. Point de statut antagoniste ici, les deux hommes sont des soldats bonapartistes.

     Comparé au reste de la filmographie du cinéaste c’est un film très épuré, autant qu’il est inégal, puisqu’il n’y a ni l’ambition de la fresque ni la tentation du mélo ni malheureusement ce que l’épure évoque à savoir un radicalisme expérimental. En fait, Scott ne croit déjà pas en ce qu’il raconte, son cinéma est en total déséquilibre avec les possibilités de son récit. Mais il n’est pas cynique pour autant, ce qui l’intéresse c’est l’esprit de compétition. Le personnage héroïque souvent, mais ici encore davantage la compétition, le combat, l’absurdité que cela engendre. Il est rare de voir des films aussi pathétiquement beaux. Mais cet éternel combat pouvait encore être plus beau que cela, plus riche et mystérieux. On retiendra essentiellement le visage de Féraud et sa folie impassible qui traverse les années, être déshumanisé qui semble uniquement doté d’un appétit vengeur, définitif. On retiendra aussi cette belle idée de l’évolution de l’arme, en tant que matériau, qui se retrouve comme seul témoin du temps, l’épée initiale se transformant bientôt en revolver.

     Il y a une ambiance particulière. Le film raconte les guerres à la manière d’un Sokurov : c’est flottant, elliptique, jamais édifiant, c’est doux et détaché. Les duellistes n’atteint jamais l’ampleur romanesque ni la puissance mise en scénique d’un Barry Lyndon, pourtant on ne cesse d’y penser (le film est sorti l’année suivante) et pas seulement parce qu’il a la bonne idée d’accueillir la sœur de Raymond Barry en femme de Feraud. Mais il n’en reste pas moins un film bancal, coincé entre un absurde poétique et une dimension plus séductrice. Ironie atteinte lors de ce dernier combat – la seule vraie idée de mise en scène du film – offert comme une non-fin. Pas une seule fois durant ce duel en cache-cache Scott ne propose de jouir du scénario, il s’en tient à une jouissance physique, une jouissance de pure mise en scène avec ces deux hommes qui tentent de se débusquer dans les hautes herbes et la forêt hostile autour d’un château en ruine. C’est trop court, évidemment, Scott fait déjà du Scott, mais cette séquence est belle car c’est la seule fois où il nous offre plus que ce que l’on s’attend à voir.


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