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Archives pour 15 mai, 2013

Promised land – Gus Van Sant – 2013

Promised land - Gus Van Sant - 2013 dans Gus Van Sant 24.-promised-land-gus-van-sant-2013-300x199 La grande illusion.

   8.5   J’y allais à reculons. J’aurais jamais imaginé pensé cela du cinéma de Van Sant à l’époque des sorties de Last days et Panaroid park, mais c’est un fait. Deux raisons : son réancrage classique et Restless, son film précédent, purge absolue. J’ai été cueilli. Et je le suis davantage à mesure que le film s’imprime en moi, au fil des jours (je l’ai vu il y a une semaine). J’ai trouvé ça très beau. C’est un grand film humaniste, dans la veine d’un Capra. Je pense que c’est un futur classique, oui.

     La terre promise évoquée par le titre convoque plusieurs significations. Elle est d’abord cette terre parfaite pour l’exploitation du gaz de schiste que ces deux représentants d’une grande compagnie énergétique sont venus s’octroyer. Terre idéale sous le sol, avec ses denrées conséquentes, inexploitées et inconnues de ses hôtes, comme au niveau du sol, avec ces habitants relativement pauvres qu’il ne sera pas difficile à convaincre face à une certaine somme d’argent. Elle est aussi la terre promise associée à une autre, hors champ, une douleur que l’on veut oublier jusqu’à vouloir ne pas que les autres la vivent. Et bien sûr elle est cette terre que l’on ne quitterait pour rien au monde, dont on ne voudrait qu’elle subisse aucune transformation surtout si les risques écologiques sont réels.

     Promised land est un film engagé. La dichotomie Pour ou contre le gaz de schiste est donc inévitable. Survivre sans, ici ou vivre avec, ailleurs. C’est toujours une question d’argent. Mais la beauté du film est de s’affranchir du cahier des charges, d’oublier la politique en accentuant le récit d’initiation du héros (qui démarre en anti-héros) et le processus d’identification du spectateur à son égard. C’est un bon gars, un beau personnage. Capable d’élévations comme d’aberrations, mais on a envie d’être de son côté. Il est touchant lors de cette soirée et de cette après-soirée où il a joué le mec cool et bu un peu trop. Il est mesquin dans cette manière répétitive d’aborder les familles ou lorsqu’il propose, dans un marché avec le maire de la ville, beaucoup moins d’argent que ce que mériterait ce forage.

     Le film devient très déstabilisant dès qu’il fait intervenir dans le récit cette tierce personne, en la présence de l’activiste écologique. En effet, c’est celui qui a le noble rôle, mais ce n’est pas un beau personnage, irritant par sa nonchalance et son cynisme. Il est trop à l’aise, trop à la bonne place. Il paraît faut et la fin le confirmera. Evidemment que cela agit en pirouette de scénario, mais pas au sens où l’on aurait l’impression de s’être bien fait avoir. C’est un twist qui permet au héros de découvrir son vrai fond, son bon fond, mais dont la naïveté et le rejet intégral d’un passé douloureux empêchait jusqu’ici de concevoir une éventuelle alternative. Il y aura des signes permettant de déceler une faiblesse intérieure mais rien jusqu’à cette claque personnelle pour se rendre compte qu’il défend un, une cause qu’il ne comprend pas et deux, que la volonté des habitants à rester et mourir sur leurs terres est inaltérable et ce même si cette fin semble proche. 

     Je pense qu’il sait, au fond de lui, que sa cause n’est pas la sienne, mais qu’il porte un masque, qui lui permet de se battre contre ce qu’il a vécu par le passé, mais il se bat dans le mauvais sens. C’est un personnage très mécanique, il suffit de voir la manière avec laquelle il travaille « Etes-vous le propriétaire ? » il est enrôlé dans un schéma qui fonctionne avec lequel il n’a jamais eu affaire à d’alternative, pas de ville rebelle qui saura trouver les bons mots, pas d’écolo (et ce qui s’ensuit) qui le fait travailler sur sa propre culpabilité, pas la rencontre du grand amour, peut-être aussi, pourquoi pas.

      Il y a une scène magnifique à mi film où il est aux côtés de la jeune femme dont il fait la rencontre et donc on suppose, qu’il en tombera amoureux. Tous deux sont face au paysage, dans son jardin à elle. Ils discutent et observent ce beau spectacle, entrant dans une communion quelque peu improbable entre une femme de la terre et un homme d’énergie. Un moment donné, il lui demande en quoi est-ce intéressant pour ses enfants de leur inculquer à cultiver la terre. Elle lui répond simplement qu’elle souhaite les voir prendre soin de quelque chose. Là-dessus il se tait et le silence s’installe. C’est l’un des premiers signes, qui témoignent de l’intelligence et de la candeur de ce personnage, en plein apprentissage inattendu. C’est très beau. C’est un vrai film humaniste, je dirais même utopique (tout en gardant sa dimension politique réaliste). C’est le réveil d’un homme.


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