8.0 Ce qui différencie le Woody Allen actuel de celui de Manhattan, c’est l’exercice de mise en scène, la trouvaille, la dynamique, le gras sur l’os. A force de chercher la transparence Allen a finalement trouvé le vide. Son dernier film, To Rome with love, est une catastrophe. Aujourd’hui, le confortable matériau que sont ces dialogues Alleniens, a complètement évincé la respiration Allenienne, celle qui existait encore il y a peu, dans Scoop. D’un corps difforme ne reste que l’ossature déterminée. Il était difficile de prévoir les soubresauts d’Hannah et ses sœurs quand ils sont ostensibles pour ne pas dire grossiers dans un film comme Midnight in Paris.
Manhattan brille par son grain et sa photographie, faisant de ce New York en noir et blanc, un immense terrain de jeu à l’attraction bouleversante au travers d’un vaudeville sentimental d’apparence quelconque. Le dialogue est roi mais ce sont les lieux dans lesquels il est installé que l’on retient : salle de musée, table d’un café, mythique banc et sa vue sur le pont de Brooklyn, mais surtout les appartements et trottoirs New Yorkais comme autant de possibilité de mouvement cadré autour de cette parole permanente. A l’époque, Allen savait poser sa caméra.
Manhattan est un récit à la première personne, alambiqué. Isaac sort avec une jeunette de dix-sept ans, doit affronter le désir de son ex-femme d’accoucher d’un livre sur leur vie conjugale jusqu’à leur séparation, puis il fait la rencontre d’une jeune femme exécrable, son opposé ou son miroir, dont il tombe bientôt éperdument amoureux. Le style Allen est marqué par un flux conséquent de références artistiques, exceptionnellement fort dans Manhattan, où les personnages citent volontiers Bergman ou Freud, tandis que le spectateur est bercé par un requiem de Gershwin. C’est très beau.
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