2.0 C’est plus fort que moi, ce titre m’évoque Bettoun, Roger Hanin dans Le grand pardon, celui qui ne pardonne pas. Deux films très éloignés mais deux gros nanars. Il y a celui qui déclenche le rire malgré lui et celui qui nous l’interdit fondamentalement. Celui qui naïvement croit faire un Godfather à la française et celui, sûr de lui, qui se proclame comme étant le nouveau Jodorowski. Le mulet et le tyran.
Il y avait souvent matière à jubiler chez Refn et cette impression de gratuité, de conscience de son vide et de son délire abscons, m’intéressait beaucoup. C’est ce que je ressens devant Valhalla rising, c’est pour moi ce qui le sauve. Et Refn sait créer une ambiance, non loin du mauvais goût certes, ce qui dénature son aspect séducteur. Mais Only god forgives est un film qui s’y croit, un film qui croit chambouler un genre, variant les plaisirs, entre polar sur-stylisé, complexe œdipien, dimension quasi métaphysique et fétichisme absolu du cadre.
Refn fut le mec féroce (Bronson, loin d’être une réussite) avant d’être celui qui en a (Son film de viking Herzogien qui portait les stigmates de son cinéma bourrin) puis le mec cool (Drive, évidemment). Aujourd’hui, Refn se prend pour dieu. Les trois quarts des plans de son film boucherie s’amorcent sur un regard caméra, aux multiples significations, entre fureur et désespoir. Ce n’est plus que de l’auto caricature, là où Drive rejouait le plaisir du polar esthétique au ralenti et grimpait en jubilation. Caricature jusqu’au grossier non-jeu de Gosling, aux plaies béantes dans lesquelles dorénavant on plonge les mains, la couleur rouge omniprésente et la scène choc.
Il n’y a plus de subtilité, plus de surprise et surtout plus aucune générosité dans l’accomplissement de ces séquences fortes. C’est un film agonisant et mécanique. En rupture de ton pour faire genre, ralentissant la dynamique de violence pour faire genre, avec des personnages ne desserrant presque jamais les dents exceptés pour la pose grimace, pour faire genre, encore. Le faire genre est probablement ce qu’il y a de plus ridicule au cinéma. Car en faisant genre on ne fait plus rien du tout, on n’est plus qu’artifice d’un genre, un corollaire ridicule.
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