3.0 Le problème majeur ici c’est la tentation de jouer sur deux niveaux. Miser à la fois sur la renaissance via la réinsertion tout en finissant par revenir à la source du drame, de façon à faire émerger l’innocence au sein d’une culpabilité d’apparence immuable. Une femme a tué son enfant quinze ans auparavant. Elle sort seulement de prison et retrouve sa sœur qui va l’aider à se réintégrer dans la société, non sans difficultés (mari méfiant, entretiens d’embauches sans issue). La première idée gênante est de cacher volontairement l’événement dramatique au spectateur, afin de le séduire, de le laisser un peu de temps dans le flou pour le tenir en haleine. Tout cela est bien trop écrit et formaté, jouant la carte du non-dit de manière grossière : le drame est sans cesse en filigrane mais on emploie systématiquement le verbe « faire » en lieu et place du verbe « tuer », on ne dit pas « prison » on dit « là-bas ». Quand le McGuffin se libère les mots sont alors utilisés et la musique de circonstance s’embrase.
A mesure que le film se concentre sur cette femme (puisqu’il laisse volontairement dans l’ombre les autres personnages, cantonnés à graviter autour d’elle sans jamais exister) le film m’intrigue un peu car j’ai l’impression qu’il va abandonner la source du drame pour se focaliser sur cette nouvelle vie, cette meurtrière qui n’a plus vraiment l’air d’en être une, mais qui doit malgré tout trimballer ce fardeau. Là il pouvait y avoir un glissement, quelque chose de touchant dans la manière d’offrir une seconde chance au personnage. Le film m’intéresserais donc un peu s’il n’y avait cette bifurcation à trois quart film même si attention, en terme de mise en scène c’est niveau banal téléfilm, c’est d’une platitude sans nom et désincarné au possible (le jeu des enfants, mon dieu !).
On doit stériliser et exciser de telles femelles!
C’est surtout ce cinéma que l’on se doit de stériliser.