Publié 20 mai 2014
dans Christian Petzold
Sécurité intérieure.
8.0 Le lien de parenté avec A bout de course, de Sidney Lumet, saute aux yeux. Une adolescente vit avec ses parents dans la clandestinité, allant de déménagement en déménagement, d’un pays à un autre, avec comme seul vrai compagnon de route une montagne de faux papiers. Se construire ici et se tenir prêt à tout abandonner en cas de menace est l’unique leitmotiv de leur vie. Point d’acte éminemment terroriste ici, bien qu’on le devine de part le titre original (bêtise de la traduction française) qui fait référence aux réformes gouvernementales allemandes en chasse aux activistes des années de plomb. Le film ne dira rien de plus. Tout est dans ce titre à double connotation, puisque s’il se réfère à ce terrorisme de la RAF, il souligne aussi la situation familiale, isolée et paranoïaque, dans laquelle sont plongés ce couple et leur fille de quinze ans. Le film prend le parti de suivre cette famille dans la clandestinité, quelle qu’elle soit, en filmant ce que Lumet filmait déjà, à savoir ce douloureux moment où l’enfant qui subissait jusqu’ici aveuglément la fuite de ses parents, est en âge de ne plus la subir, de faire ses propres choix, de tomber amoureux. Au détriment de l’amour que l’enfant porte à ses parents, inéluctablement. Le film s’ouvre d’ailleurs sur cette rencontre, une manière de dire qu’elle est le principal sujet du film, voilà pourquoi nous ne saurons rien des actes politiques, puisque tout ce que l’on nous offre à voir se fera du point de vue de cet enfant – Superbe séquence où elle rencontre la fille d’un probable collègue de fuite de ses parents. L’empathie muette qui nait entre les deux demoiselles, victimes innocentes, est très belle. Mais c’est bien cette rencontre au Portugal qui bouleverse tout, avec ce jeune surfeur. Elle ouvre définitivement la personnalité de la jeune femme qui décide de vouloir se faire belle, de vouloir aller à l’école, de ne plus vouloir fuir pour une cause qui la dépasse. Le film se termine un peu abruptement, c’est dommage. Il n’a pas la puissance émotionnelle de son référent mais surtout il me semble en total désaccord avec ce qu’il venait de construire. Mais bon, c’est un infime détail au regard de cette réussite, premier d’une longue liste pour le surdoué cinéaste allemand de Barbara.
Publié 20 mai 2014
dans Laurent Achard
6.0 C’est parfois proche de la pose avec ces plans fixes hyper cadrés et longs. Il y a quand même un léger problème dans le dialogue, n’est pas Paz Encina ou Sokurov qui veut. Néanmoins le film est réussi, pour la simple et bonne raison qu’il contient trois grandes idées de cinéma absolument étonnantes et qui suffisent à elles seules le visionnage.
Publié 20 mai 2014
dans Spike Jonze
5.0 J’ai aimé (et j’ai un peu somnolé, aussi) mais ça ne me chavire pas vraiment non plus. J’aime surtout ce que le film questionne : à savoir l’importance du corps dans un relation amoureuse. Et puis ça reste un film très simple in fine sur un type qui n’arrive pas à oublier son premier amour. A part ça, très moyen le pantalon haut je trouve. J’ai aussi un problème avec cette moustache. Enfin je veux dire : comment est-il possible de se serrer Rooney Mara avec ce futal et ces bigotès ? Mais sinon, Joaquin Phoenix est excellent.
Publié 20 mai 2014
dans Jean-Marc Vallée
5.0 J’aime bien. Mais pas beaucoup non plus. En fait je trouve ça vraiment très attendu et conventionnel, rien ne déborde, tout est dans le rang, calibré pour les oscars. Pareil concernant Matthew McConaughey. Il est bon, comme d’habitude, mais il cherche trop à l’être. Je le préfère nettement dans Mud. Quelques fautes de goût par ci par là en prime (immonde séquence dans un supermarché), même si rien d’agaçant non plus. Moins agaçant que Crazy, par exemple. De bonne humeur j’ai trouvé ça bien fait, de moins bonne j’aurais trouvé ça pas terrible.
Publié 20 mai 2014
dans Sophie Letourneur
Souvenir festivalier.
6.0 Sophie Letourneur a une façon bien à elle de mettre en scène le dialogue, depuis La vie au ranch, ainsi que de mettre en scène des personnages qui racontent un souvenir, depuis Le marin masqué. Les coquillettes joue sur les deux tableaux. C’est à la fois donc un film sur la parole, il y a en effet très peu de séquences non dialoguées, mais aussi un film sur une bande de copines évoquant un souvenir. La cinéaste fonctionne moins par souci de réalisme que d’authenticité. Elle fait en sorte que le souvenir soit le centre de leur discussion, comme si elles s’étaient dit préalablement qu’elles ne parleraient uniquement de se souvenir commun.
De leur voyage au festival de Locarno, conté entre le moment où l’on fait bouillir les pâtes et celui où l’on jette les restes dans la poubelle, nous ne verrons que ses banalités intrinsèques et diverses fascinations romantiques. Sophie Letourneur travaille énormément les répétitions. Un nom devient pour l’une d’entre elle une obsession. Louis Garrel ici, Louis Garrel là-bas. Comme l’était le marin masqué dans le film éponyme. C’est surtout pour chacune l’occasion de raconter leurs illusions et désillusions rencontrées durant leurs conquêtes masculines.
Je l’avais raté en salle (vu sa distribution en même temps…) donc c’était l’un des films que je voulais le plus voir en ce moment. Il a peut-être un peu souffert de cette attente. Je veux dire : j’adore le cinéma de Sophie Letourneur, pourtant je suis un peu déçu cette fois. J’ai l’impression d’un film de chutes du Marin masqué. Je l’aime bien comme il est mais j’espérais davantage. L’autre problème c’est que le film ne m’émeut pas contrairement aux deux précédents qui me terrassent… Mais je suis tout de même ravi de voir la cinéaste creuser un sillon bien à elle qui me semble inépuisable, en espérant que le prochain essai sera plus intense.