0.5 C’est épouvantable, en restant poli. Pire que l’autre je crois ce qui semblait déjà insurmontable. En fait, celui-ci essaie en prime d’embrasser l’Histoire (la seconde guerre mondiale) mais c’est encore pire, complètement à côté de la plaque. Surtout, je n’ai jamais vu des enfants jouer aussi mal, c’en est presque bluffant.
- Accueil
- > Archives pour juin 2014
Archives pour juin 2014
5.5 Agréablement surpris. Pourtant au départ ça faisait peur, très Husbands du pauvre, très Petits mouchoirs dans l’âme en définitive. Et puis le film finit par trouver son ton, son émotion. Ce n’est pas un film qui me marquera durablement, il y a plein de choses ratées, mais ce n’est pas agaçant loin de là, c’est même touchant, voire très touchant par moments, donc c’est déjà pas mal. Et l’interprétation est top.
For ever Godard.
7.5 Voir un Godard en salle est un événement monstre en soi. C’est continuer d’admettre l’évolution infini de ce penseur emblématique octogénaire. Car le cinéaste expérimente toujours. Entre vidéo, métaphore et collage. Avec son temps. Première vraie incursion 3D et des idées d’expérimentations que l’on ne verra que chez Godard. A l’heure où on te balance du Gravity et du Avatar, Godard se joue de tous les effets qui lui sont mis à disposition, maîtrise son média comme personne, jusqu’aux surimpressions de champ contre-champ dans le même plan, le champ pour un œil, le contre champ pour l’autre œil. Ou jusqu’à reproduire quasi fidèlement des peintures célèbres en relief – Monet, Van Gogh, Warhol. Une pluie d’idée, comme toujours. Saisir un peu ici, un peu là, à la volée, apprécier des sons, des images, se fasciner pour leur déstructuration, on se souvient encore des superpositions qui nourrissaient Passion ou Sauve qui peut (la vie). Depuis, il y a eu Film socialisme. Un paquebot à la dérive. Dérive spirituelle. Avant qu’il ne sombre vraiment quelques mois plus tard. Ce paquebot que Godard continue de filmer un peu ici, glissant sur les eaux, en tant que dernier vestige du confort conjugal, fuite et départ, ou unique passerelle vers la déliquescence. On ne sait pas trop, on choisit. C’est encore une affaire de couple défait, de mépris peut-être, de passion probablement. Des coups de feu. Puis un chien. Et pourquoi pas des enfants ? Non, d’abord un chien (belle Roxy). Les cris de bébés supplanteront ceux du chien plus tard. Passion oubliée, dévorée, à peine à son embryon, corps nus déambulant dans cette maison sur une île qui pourrait être le Faro de Bergman. Bientôt, il faudra un interprète pour se comprendre soi-même. Le langage se défait. Le sexe appelle la mort, dans une scène de douche, de caca comme de draps. Et le chien est là, regarde, n’a pas les mots mais n’en pense pas moins. Le chien, seul espèce qui aime l’Homme plus qu’il ne s’aime soi même. Le film n’est que citations, collage, brouillon propre. Cinéma rappelant la musique concrète ou minimale, entre Michel Chion et Thomas Köner. Adieu au langage est un film de cinéma qui ne ressemble à rien sinon à du Godard. Prolongement du précédent, comme souvent et testament avant l’heure ou début d’un ailleurs. Œuvre solitaire, mourante, qui n’a besoin ni de cérémonie ni de comparaison, qui plus est dans un « maps to the stars » cannois. Un cinéma riche, unique, reconnaissable entre mille.
6.0 Appendice à Adieu au langage, en guise de lettre filmée en réponse à l’invitation de Gilles Jacob et Thierry Frémeaux à voir Godard monter les marches cannoises. C’est génial, ça pourrait être 8min dans le vide mais Godard y explique selon un procédé de collage dont il est maintenant coutumier, le pourquoi de sa non-présence. Petit film très touchant, hanté par la peur de la solitude et de la mort.
Métabolisme (ou quand le soir tombe sur Bucarest) – Când se lasa seara peste Bucuresti sau metabolism – Corneliu Porumboiu – 2014
Publié 17 juin 2014 dans Corneliu Porumboiu 0 CommentairesEt la forme.
5.5 Nouvelle relecture de Blow-Up (j’ai d’abord pensé que ce serait plutôt L’aventura mais un basculement direct m’a surpris) où le meurtre serait uniquement remplacé par une endoscopie. La photo par le cinéma. Les mimes par une camionnette de maquillage. L’errance par des dialogues infinis en voiture ou à table. Minimalisme du cinéma roumain poussé à un tel degré d’abstraction (le film doit compter en tout et pour tout quinze plans) qu’il m’est difficile de voir plus qu’un brillant exercice de style, contrairement au magnifique Policier adjectif. Mais c’est déjà un bel exercice de style quoi qu’il en soit.
Poussières d’Amérique – Arnaud des Pallières – 2011
Publié 17 juin 2014 dans Arnaud des Pallières 0 CommentairesLe dispositif.
4.0 Grosse déception. J’attendais ce film comme le messie pour terminer ma petite rétro Des Pallières. Mais ce n’est pas à la hauteur, déjà pas de son Disneyland alors encore moins de son Drancy. Le dispositif est trop préfabriqué et agaçant : raconter l’Amérique via plusieurs anecdotes/histoires/dialogues historiques, accompagnées d’images amateurs péchées ci et là au moyen de cartons hyper organisés et méticuleux, genre un plan de deux secondes, un carton de deux secondes. C’est ça pendant plus d’1h30 et c’est exténuant. Maintenant, c’est un cinéaste infiniment intelligent aussi et l’idée de le raconter ainsi (en superposant les combinaisons image/son) suffit à ne pas me faire le détester presque à imaginer ce qu’il aurait pu être sans ce dispositif grossier.
A tears go by (Wong gok ka moon) – Wong Kar-Waï – 1989
Publié 17 juin 2014 dans Wong Kar-Waï 0 Commentaires6.0 C’est le tout premier long métrage du cinéaste Hongkongais et j’aurais tendance à presque dire que c’est son plus réussi, tant il est encore dépourvu de cette pose globale qui caractérise son cinéma aujourd’hui inhérente à la certitude d’être devenu un grand. Mais je pense que les gens se sont un peu enflammés au sujet de cet auteur. Même In the mood for love n’est pas si génial qu’on le dit j’en suis sûr (il me faudrait le revoir). Disons qu’il a marqué il y a dix ans mais je suis quasi certain que ça vieillit super mal. Là, je retrouve ce qui me plait dans les films de Carax par exemple, cette espèce d’urgence, de romantisme fou. Voire ce qu’on peut retrouver dans certains Coppola, comme Rusty James. C’est hyper esthétisé, kitch, musical, un peu incontrôlé, j’aime ça. Je trouve que c’est un très beau premier film plein d’envie et d’humilité.
Les petites marguerites (Sedmikrásky) – Věra Chytilová – 1967
Publié 17 juin 2014 dans Věra Chytilová 0 CommentairesLe grand bazar.
3.5 J’en rêvais, je suis même allé le voir en salle. Mais je trouve ça raté, disons moyen, daté. Le film m’insupporte à vouloir s’ériger tout seul en étendard de la dépravation (mention spéciale au générique final). Alors d’accord, il y a des idées fortes et impressionnantes mais le tout est souvent noyé dans un déluge quasi cartoon, où tous les effets sont appuyés (les filtres de couleurs toutes les deux minutes, mon dieu). N’est pas Godard qui veut, car Pierrot le fou, sorti deux ans avant, reprend un credo semblable quelque part mais est parcouru d’une maturité bien plus intéressante qu’ici. Plus tard il y aura La grande bouffe que personnellement je trouve infiniment plus réussi que ce machin un peu trop certain de son impact. Quant aux deux nénettes elles sont atroces, ridicules, insupportables elles aussi. Ce ne sont que des figures sur-écrites, désincarnées. Je préfère cent fois mes glandeuses de Du côté d’Orouët, franchement.
La ligne rouge (The thin red line) – Terrence Malick – 1999
Publié 6 juin 2014 dans * 730 et Terrence Malick 0 CommentairesJourney to the line.
9.0 Je ne suis jamais parvenu à écrire quoi que ce soit sur un film Malick – Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Tentons donc l’expérience avec ce qui s’apparente comme étant son film le plus ample, le plus ambitieux. Voilà un film de guerre atypique détournant avec une aisance confondante les canons hollywoodiens, tandis que l’imposant casting (une vingtaine de noms (très) connus) permettait d’en douter. Mais Malick était à cet instant l’un des cinéastes secrets les plus aimés et attendus, sortant d’un silence de près de vingt ans, après Days of heaven, 1979. Vingt ans à se demander ce qu’un tel talent (deux films, deux merveilles) pouvait pondre après un si long congé.
Je n’ose imaginer le bouleversement tellurique que provoqua La ligne rouge lors de la sortie, chez ceux dont les attentes et les craintes se confondaient à leur paroxysme. La ligne rouge est un poème de cinéma, singulier, qui s’est inventé une forme, une esthétique, une démesure. Jamais pourtant le récit n’est en quête de quelconque ambivalence ou vérité historique, ni à relater son exhaustivité ni à devenir à la Spielberg ce film que l’on érige en emblème d’un genre alors qu’il n’est que resucée de références et pale initiation héroïque. Malick crée une bulle dans le monde, une bulle de rêve au milieu de l’horreur, une bulle qui s’apprête à éclater. Le film contourne tout ce que l’on pouvait craindre. C’est une lente agonie en forme de méditation. Je crois n’avoir jamais vu une telle représentation de l’hébétude au cinéma.
Hébétude méditative (voix off prépondérante) qui prend acte en Witt, jeune soldat béat, d’abord évadé sur une île paradisiaque, où il tente de se fondre ou de voguer librement dans la culture locale, se dissoudre au sein de cette sensation de pureté absolue. Une méditation relayée rapidement à une somme d’individualités, en dialogue extatique avec le divin. D’un colonel mégalo et gueulard au bord du gouffre à un petit sergent n’assumant plus ses directives. Il n’y a plus de personnages bons, de personnages mauvais, seulement des personnages face à leur peur, leur excitation, s’en remettant inévitablement à dieu puisqu’il n’existe guère d’autre échappatoire. Ce n’est donc plus un récit dans sa linéarité dont on se souvient, ni celui d’une bataille qui marque mais une somme d’instants, un regard, un plan. C’est Guadalcanal mais ça aurait tout aussi bien pu être ailleurs.
Ou c’est une simple situation, parce qu’elle sort des schémas. Comme celle-ci et ce lieutenant refusant l’ordre de son colonel lui sommant de lancer l’assaut de front. Il dit craindre l’opération suicide et ne veut pas envoyer les hommes (qu’il a appris à connaître) vers une mort certaine et prématurée. Ce n’est pas tant qu’il tente de résister qui soit beau mais bien qu’il y parvienne. Et cela bien qu’il le paie d’un avertissement et davantage. Il n’y a rien d’héroïque, c’est simplement un instant au milieu d’autres. Mais l’amplitude narrative est telle que le film ne s’apitoie jamais sur ses maigres prouesses.
Le film est construit en blocs. Au travers d’échappées naturelles où le cinéaste fait se marier les éléments dans leur beauté et leur cruauté. C’est ici un immense arbre étreint par des racines dévoreuses, suspectes. Là un oisillon pour ainsi dire mort-né titubant dans un chaos qui n’est pas le sien. Ici un cadavre recouvert de boue. Des êtres bientôt égaux ailleurs, futures poussières.
Le fétichisme qui habite The tree of life (je n’ai pas vu son dernier) et ce même si j’adore le film pour l’inventivité de sa construction, sa démesure et son ambivalence, n’apparaissent pas encore dans La ligne rouge. Alors bien sûr l’imagerie est déjà là, mais elle n’est pas perçue en tant que marque déposée. Et puis cette imagerie est provoquée par la multiplicité du dialogue avec le divin qui l’habite, qui habite chaque personnage contaminé par l’hébétude de Witt, le personnage qui s’offre en sacrifice. The tree of life me séduit encore pour sa quête de grandeur et sa candeur. La ligne rouge pour son homogénéité. J’avais peur de ne pas revoir le film qui m’avait marqué par sa distance poétique mais en fait j’ai bien revu le même film, ce climat que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Tout ce qu’il trace et charrie dans chaque plan et parole n’a pas fini de me fasciner ni de me hanter.
Un papillon sur l’épaule – Jacques Deray – 1978
Publié 6 juin 2014 dans Jacques Deray 0 Commentaires8.0 Je n’aime pas beaucoup Lino Ventura. Disons que c’est selon moi le stéréotype du cabotin. Mais là il est fabuleux. Son plus beau rôle, à des années-lumière des autres films où j’ai pu le voir – Excepté dans Les aventuriers, de Robert Enrico, où il excelle. Le côté Cary Grant dans North by Northwest lui sied à merveille. A part ça, la mise en scène est magnifique, faisant un portrait unique de Barcelone, un Barcelone de cinéma comme on l’avait jamais vu. Un Barcelone de cinéma comme Roeg avait fait son Venise dans Don’t look now. J’ai pensé aussi à Profession reporter. A Mr Klein. A Blow Up. A Conversation secrète. Que des chefs d’œuvre, quoi. Je trouve ça dingue que Deray ait pondu un truc pareil. Qui n’explique jamais rien, n’appuie sur rien, se contente de suivre ce personnage prisonnier de cette machine infernale, alors que Deray est coutumier de films plus mainstream et bancals généralement. Le dernier plan m’a achevé.