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Archives pour septembre 2014

Sils Maria – Olivier Assayas – 2014

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A travers le miroir.

   7.5   On pourrait reprocher au film son schématisme et sa distance de représentation. Tout est empesé, parfois lourdingue, notamment dans la propension à faire clignoter les histoires, les temporalités, les personnages pour tout dédoubler. Ailleurs j’aurais sans nul doute trouvé cela rebutant. Mais Assayas choisit de construire un dispositif étonnant. La première partie du film est ainsi constituée de longues séquences retranscrivant le quotidien d’une actrice (Maria, jouée par Juliette Binoche) accompagnée de son assistante (Valentine, Kristen Stewart) femme à tout faire, vive, à la pointe, perfectionniste. Si bien que déjà les règles hiérarchiques sont non pas inversées mais bouleversées. Valentine prend plus de place dans l’écran que Maria.

     Elle a vingt ans de moins mais pour le moment, la pièce imposante (qui fit la renommée de Maria et s’apprête à la relancer) ne l’est pas au point de construire un parallèle solide entre réel et fiction, Helena (le personnage mûr de la pièce)  et Maria, Sigrid (la cadette) et Valentine. Ce n’est pas si simpliste. Valentine jouant le rôle en faux qui sera bientôt tenu par la jeune actrice Jo-Ann Ellis (campée par Chloé Grace Moretz, croisée dans Kick-ass entre autres, bref casting lumineux) le cinéaste ne s’est pas contenté de décalquer l’évidence de son jeu de miroir, il l’étoffe. C’est dans sa capacité de glissement que le film se révèle fascinant, après l’avoir été dans sa méticulosité de retranscription quotidienne. Ça devient dorénavant une histoire de fantômes. On les évoque souvent : Wilhelm, le célèbre metteur en scène de la pièce dont on apprend la mort durant l’ouverture, dans le train qui conduisait Maria à une soirée de gala en son honneur ; L’ancienne actrice ayant jadis campée Helena, qui se serait vraiment – c’est aussi le cas dans la pièce, Sigrid poussant Helena au suicide – suicidée post représentation alimentant la culpabilité de Maria qui jouait en ce temps Sigrid ; Puis bien plus loin, la mort de la femme de l’amant de la future nouvelle Sigrid. Vous me suivez ? Un double récit sur la peur est en train de naître. Celle de Maria qui accepte mal cette inversion de rôles. Et celle de Valentine qui s’improvisant Sigrid pour le besoin des répétitions se rapproche de Maria, autrement que dans une dimension uniquement professionnelle. Tout restera hyper ambigu, bien entendu. Et la technologie clignote dans chaque plan (Pages Google, Skype, Youtube, Iphone, Ipad…) pour marquer violemment l’écoulement de ce temps dont est témoin et victime Maria. Le serpent de Maloja, son image sublime, en est la représentation ultime de cette propagation, à la fois poétique et monstrueuse.

     C’est Hitchcock, c’est Bergman, c’est Cassavetes. Vertigo, Persona et Opening night. Ça fait peut être beaucoup, pourrait-on dire. Ou alors, on peut aussi apprécier le culot. Et Assayas, s’il n’atteint pas (la capacité de sidération de) ses maîtres, en se perdant à de nombreuses reprises, sait se relever quasi instantanément. Et le fait qu’Assayas soit aux commandes me touche aussi. Car c’est cet Assayas que j’aime. Celui d’Après Mai. Je continue de penser que c’est un cinéaste passionnant quand il est obnubilé par ses propres vingt ans, où chaque fois il s’en va convoquer un passé quel qu’il soit : Problème de succession patrimoniale, portrait d’u terroriste sur deux décennies, ou sorte d’auto remake de L’eau froide – L’obsession de l’âge d’or soixante-huitard – vingt ans après, ça ne s’invente pas. Sils Maria pousse l’idée plus loin encore. Film concept, théorisant, jusqu’à saturation. C’est son Copie conforme à lui.

     Sils Maria n’est en effet pas le plus subtil des jeux de miroirs mais il n’est pas le moins stimulant non plus – Il l’est infiniment plus que le dernier Cronenberg, par exemple – tant il trace des lignes qui se croisent, fait s’entrechasser les personnages. Et il faut reconnaître que le choix du lieu – les Alpes suisses – est considérable tant il accentue cet état de perdition, paysage invulnérable, véritable Goliath de roches que la légende du serpent de Maloja vient accentuer. C’est en les laissant murir que les films d’Olivier Assayas prennent une autre dimension. So, wait and see. Par ailleurs, je trouve qu’Assayas sait magnifiquement mettre en scène ses choix musicaux. Kevin Ayers ou Soft Machine dans Après mai, Pachelbel ou Primal Scream ici, chaque fois il nous offre des séquences qui envoient du bois.

Les combattants – Thomas Cailley – 2014

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La fin du monde, c’est mieux à deux.  

   6.5   C’est l’histoire d’une rencontre. Entre une fille et un garçon pas si opposés qu’ils en ont l’air à priori, tous deux dans le rejet du monde, explicite pour elle (obsédée par l’idée de survie dans un monde qu’elle juge proche de l’extinction) et attentiste pour lui (cloisonné dans un quotidien familial déjà écrit avec lequel il approche la rupture – le bain, le furet). Lui n’espère rien, elle prédit la fin. Lui travaille le bois, elle la macro-économie. Il construit une cabane de jardin pour ses parents à elle tandis qu’elle offre des poussins morts à la sienne pour diversifier la nourriture du furet. C’est une rupture en construction mais de plus en plus omniprésente. C’est un film très drôle mais pas tant que ça un drôle de film. C’est mon grand regret. Car ça pourrait être aussi génial et jubilatoire qu’un film comme Le roi de l’évasion mais c’est trop sage dans ses enchaînements, sans compter que la meilleure partie du film est la plus courte. Après, nul doute que c’est un cinéma qui me parle et me touche, notamment dans son exécution et sa faculté à rester sur la brèche et à ne jamais renoncer à ce qu’il construit. Mais j’aurais adoré que ça aille plus loin encore, que l’on s’enfonce davantage dans le quotidien des paras puis dans la forêt à deux. C’est mon adoration pour le cinéma de Claire Denis (Beau travail) et celui de Guiraudie (Du soleil pour les gueux) qui parle : J’ai besoin de cet espace, de cet absurde et de cette cérémonie minutieuse pour m’investir pleinement dans ce type de voyage libre et total. Alors oui c’est très bien – je pourrais le revoir à l’aise demain – mais ce n’est pas une claque non plus. A signaler aussi : Une excellente Bo.

Aurelia Steiner (Melbourne) – Marguerite Duras – 1979

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Saisir les interstices.  

   8.0   C’est ma première vraie incursion dans le cinéma de Duras. J’ai vu Hiroshima mon amour dont elle est scénariste ainsi que diverses adaptations de ses écrits mais jamais jusqu’ici je n’avais vu une de ses réalisations. J’ai beaucoup lu Duras, C’est probablement ce que j’ai lu de plus beau, ce qui m’a le plus inspiré. Aurélia Steiner a 18 ans et vit chez ses parents qui sont professeurs, voilà ce qu’on apprend en toute fin de métrage. Avant, cette femme (la voix de Duras) lit une lettre qu’elle semble avoir écrite pour un homme, pour nous, pour tous. Une lettre dans laquelle les mots se succèdent, comme des pensées, racontent le présent, un fleuve, un jardin, un chat, convoque le passé, les camps de concentration. C’est la lettre d’une fille juive, peut-être une fille de déportés. Une lettre sur la mort. La mort du chat fusionne avec celle des camps. C’est une voix off de lecture un peu à la manière de Chantal Akerman dans News from home. Ce n’est pas New York que l’on voit mais Paris, enfin seulement la Seine, ses ponts et ses berges que l’on observe de cette péniche qui nous guide, nous fait glisser sur le fleuve, langoureusement, entre le clapotis des eaux et le brouhaha des ponts. Un voyage vers un océan. Un océan de mort. C’est la mort dans les mots, la vie dans l’image. Un combat contre la résignation et l’oubli.

Teeth – Mitchell Lichtenstein – 2008

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   5.5   Je ne connaissais rien du film avant de le voir. Pas même son pitch. Surtout pas son pitch. Du coup je l’ai appréhendé bizarrement. Je m’attendais à un film d’horreur. Un truc avec des dents. Mais l’ambiance rapidement teen-movie du truc m’a fait redescendre. Je sentais le gros nanar. C’est quand même l’histoire d’une nana abstinente dotée d’un vagin denté. Mais bien que mal fichu, le film est plutôt osé parfois et très décalé aussi. Du coup c’est drôle et gore mais pas vraiment. C’est entre deux chaises. Mais ça fait quand même du bien. Je ne vois pas trop quoi dire d’autre, ça ressemble vraiment à rien. Dans le bon sens du terme.

La carapate – Gérard Oury – 1978

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   4.5   La bonne idée du film est de situer l’action pendant les évènements de 68. Pour le reste c’est assez moyen. C’est parfois drôle souvent n’importe quoi. C’est un film que je connais assez bien maintenant à force de tomber dessus et je me rends compte qu’il symbolise assez bien mon rapport avec le cinéma d’Oury avec lequel je ne me sens aucune affinité sinon celle de les connaître modérément depuis toujours.

Blow out – Brian de Palma – 1982

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Un jeu brutal.  

   9.5   A l’instar de Carrie, Dressed to kill ou Body double, la séquence initiale permet d’évacuer Psychose, de tuer Hitchcock. Introductions qui portent en elles l’humble prise de conscience d’un référent absolu, un peu trop existant, qu’il faut détruire, pour éviter tout fétichisme afin de ne pas tomber dans une proposition impersonnelle.

     Mais Blow out s’inspire de Blow up, aussi, évidemment, le chef d’œuvre de Michelangelo Antonioni. Chez l’italien il fallait agrandir l’image pour en saisir une signification. Chez De Palma il faut remettre en ordre les pièces d’un puzzle qui a explosé. Thomas dans l’un, Jack dans l’autre souhaitent trouver une alternative à leur avenir paresseux, qu’ils soient photographe de mode ou ingé-son de film bis. Dans les deux cas, une opportunité se crée et dans les deux cas, cela mène vers une impasse, errance poétique chez Antonioni (les mimes sur le terrain de tennis), tragique chez De Palma (le retour à la case départ de Jack, dans la salle de mixage du navet où le cri ridicule initial est remplacé par le véritable dernier cri de son amie défunte « It’s a good scream »). Dans les deux cas, le nez est fourré dans quelque chose de trop grand, indomptable et l’art de l’un comme de l’autre est amené à disparaître via un cambriolage radical qui restera inexpliqué.

     La trame est donc similaire entre les deux films, pourtant Blow out m’évoque davantage un autre chef d’œuvre : The conversation, de Francis Ford Coppola, dans lequel Harry Cowl (Gene Hackman) était embringué dans une spirale qu’il ne maîtrisait plus, alors qu’il l’avait lui-même mise en place. Il y est aussi question de micro, élément majeur de Blow out au travers du souvenir puis de la résolution : Scandale de Watergate, Assassinat de JFK et l’accident de Chappaquiddick. Trois événements historiques qui marquent Brian de Palma.

     La première séquence du film (par ailleurs magnifiquement analysée par Jean Douchet, dans l’édition Blu Ray du film) est une mise en abyme du navet pour mieux le transformer, lui donner de la chair. Classique du tueur en subjectif, attiré par l’étalage sexuel, filles dansants, couple baisant, avec la dichotomie joie/rabat-joie via cette étudiante qui vient se plaindre du bruit de ses voisines de chambre. Plus tard, une porte où est écrit Shower. Irrémédiablement attiré, le tueur (substitué au spectateur) devient Perkins, bien que son bref reflet dans le miroir, telle une erreur de cadrage, ne laisse apercevoir une présence masquée quelque peu archaïque. Le déplacement est grossier, la partie de cache-cache improbable et le meurtre sous la douche, ambiance fauchée, assez épouvantable, mais le pire est à venir… Un cri interrompt le processus meurtrier, un cri navrant, entre l’égorgement d’un porcinet et le crissement d’un pneu. L’image s’arrête, se met sur pause et un rire retentit. Le film dans le film s’éteint, le film démarre.

     Jack, l’ingé-son, visionnant les rushs aux côtés du réalisateur, dans la salle de mixage, s’esclaffe devant cette aberration qui relègue le gentil nanar au rang de navet ultime qui ne dupera personne. Le réalisateur, conscient de la médiocrité de son travail, demande à Jack ce qu’il fait là-dedans, lui reconnaît un talent lui permettant d’aspirer à autre chose. Le réalisateur se fiche de la merde qu’il est en train de pondre, sans doute le fait-il pour mettre du beurre dans ses épinards, à ce stade on peut même le considérer pornographe, il s’inquiète davantage pour celui qui travaille sur ce projet navrant. Peut-être trouve-t-il en Jack un fils, alter ego de ce qu’il aurait pu être vingt ans auparavant, s’il n’avait choisi cette voie confortable. Un protecteur du bon choix. Un sage. Mais dans l’immédiat il faut donc à Jack trouver un digne cri, à moins qu’il décide de se prendre sérieusement en main. De palma tient son alter ego à lui, celui qui peut choisir la facilité ou opter pour la grande aventure, plus dangereuse, plus personnelle. Rappelons à toute fin utile que Blow Out fit un four monumental lors de sa sortie en salle, allant jusqu’à couler la boite de production liée au projet. Et c’est pourtant le plus beau film de Brian de Palma, de loin. Le plus fascinant. Le plus expérimental, aussi.

     Jack doit trouver un cri, mais de retour chez lui, tripotant ses bobines qu’il range soigneusement, son esprit semble passer créatif. Les sons d’un film s’assemblent, quelque part, dans le cerveau de Jack. « Tonnerre » sur une bobine. « Corps qui tombe » sur une autre. Un film se dessine. Ne lui manque plus qu’une histoire. Jack lance alors les annonces télévisuelles, à la recherche d’une trame, il se déplace dans la pièce, les idées pleuvent. Le cadre est fermé, la télévision encore minuscule, le visage de Jack, au premier plan, prend parfois tout l’écran, il domine. Mais plus loin, le cadre se dérobe, se met en branle, le plan effectue un panoramique effréné autour de Jack, créant un vertige. Il ne domine alors plus rien, son film a disparu.

     Une ambiance, un sujet, des idées, le voilà lancé, matériel de prise de sons sous le bras, dans une équipée nocturne fascinante. Un pont perdu entre les arbres, Jack y attrape toute source sonore qu’il peut récupérer : le vent secouant les branches, le cri d’un hibou, le déplacement d’un crapaud, l’ambiance est quasi merveilleuse. Dans ce dédale naturel et fantasmatique s’échappent trois sonorités inadéquates. C’est d’abord un étrange bruit de ressort dont on ne peut situer la provenance (on comprendra bien plus tard ce dont il s’agissait). Une conversation intime d’un couple qui s’éclipse aussitôt. Et bien entendu cet accident de voiture.

     Plus que le tournage d’un film dans lequel Jack s’était engagé, il devient alors le héros d’un fait divers. Il y a sans doute beaucoup de plaisir pour lui à être un semblant de metteur en scène dans la mesure où il a sauvé de la noyade une femme présente dans la voiture accidentée. Il déambule nonchalamment dans les couloirs de l’hôpital, il tient simplement à dire au revoir à la victime et peut-être la remercier implicitement parce qu’elle lui a offert son sujet. De metteur en scène il devient acteur quand il découvre que la victime de l’accident n’était autre que le gouverneur et qu’il est donc tenu de garder pour lui le fait qu’il était accompagné, pour protéger son image.

     Je pourrais en parler pendant des heures et des pages. Une autre fois, peut-être. Le vertige Blow Out se poursuit indéfiniment… »That’s a good scream. A good scream. A good scream… »

Préparez vos mouchoirs ! – Bertrand Blier – 1978

preparez-vos-mouchoirs-1978-03-gLe silence et la musique.   

   8.5   Pour lui redonner le sourire, un homme fait don de sa femme à un inconnu. S’ensuit une amitié improbable, des rencontres surréalistes avec un voisin paumé et un garçon de treize ans surdoué, bouc émissaire d’une colo, vouant un culte à la grande musique.

     Comme à son habitude Blier passe pour un misogyne mais la réflexion ici est beaucoup plus aboutie qu’à l’accoutumé. Tout pour la Musique. Dewaere et Depardieu jouent deux personnages incapables d’ouvrir les yeux, qu’il en concerne les envies de la femme du second, la jolie Carole Laure, ou l’oreille musicale, ne connaissant et reconnaissant qu’en tout et pour tout un seul musicien : Mozart.

     Deux adultes qui n’ont pas grandi et qui paradoxalement vont être confrontés à un jeune garçon qui lui a grandi trop vite, lui étant capable de reconnaître la grandeur du virtuose Autrichien, sans toutefois négliger Haendel, Schubert ou Beethoven. Lui seul, c’est évident, pourra redonner le sourire à la jeune femme.

     La mise en scène est sublimée par le génie de Blier qui ne va pas sans celui de ses acteurs, tous épatant. L’ambiance grossière, outrancière mais non moins géniales des Valseuses s’est atténuée pour laisser place à une œuvre plus légère, non dénuée d’étrangeté, qui comme la bande-son se déguste sans fin. Moins dans la réplique qui tape (tout de même on est servi) mais plus dans l’esthétique mélodieuse. Le chef d’œuvre de son auteur, à n’en pas douter.

Brèves entre potes sur les réseaux sociaux (Décembre 2013) :

Moi : Découvert il y a une dizaine d’années, c’était devenu mon Blier préféré d’un coup, comme ça. Jamais revu depuis. Quel plaisir et ce même si je n’aime pas trop la dernière partie du film. Plus ça va moins j’aime le cinéma de Blier d’ailleurs, enfin disons que ça m’est passé. Mais j’adore celui-ci, son tempo bizarre mais son absurde moins trash que d’habitude, et des dialogues génialissimes car pareil plus fou mais moins absurde pour faire genre. Je trouve le film plus homogène que les autres Blier, ça glisse tout seul.

Tom : « On lui aurait r’filé la môme ! »

Moi : « Non mais je sais pas si tu t’imagines le grotesque de la situation : deux imbéciles dans un plumard incapables de tirer un coup, avec le mari qui poireaute au bistrot du coin en attendant que ce soit fini non mais où on va là ? »

Nico : J’adore ! Du grand Blier ! Une tirade de Depardieu me revient : « Dis-donc, le mec à la clarinette c’est pas un manchot ! » Je suis fan.

Tom : « Gervaise de Brumaire ! Cherche pas, c’est l’meilleur ! ».

Moi : « Oui mais moi j’en ai rien à branler de la musique, moi c’est le silence que j’aime! »

Tom : « Toi tu vas taire ta gueule et ouvrir tes oreilles ! »

Moi : « Hein, p’ti père Mozart… Hein, pas dégueulasse! »

Tom : « Il est très bien cet arbre, il tient debout »

Moi : « On a dessiné des arbres de débiles c’est ça ? »

Tom : J’adore les arbres de débiles, c’est dans mon top 100 répliques ultimes.

Moi : Cette scène est à tomber, oui.

Moi : « Y a quand même une question que j’me pose… Est-ce que par hasard, elle serait pas un peu con ? »

Moi : Et alors il aurait deux pères, c’est pas un luxe par les temps qui courent ! »

Tom : Enorme !

Moi : Je l’avais oublié celle-là elle est au début, elle est géniale.

Moi : J’avais oublié leurs pulls en laine aussi. D’abord Gérard. Puis Patrick. Et donc les deux. Et le morceau de Schubert à la fin (« J’sais pas mais c’est pas Mozart »).

Tom : Tu donnes envie de le revoir, chacal !

Moi : Et la réplique du médecin aussi : « Vous savez, les nerfs d’une femme c’est un peu comme la météo, on n’y comprend pas grand-chose ».

Moi : Et Gérard au début : « Bon toi ça va hein t’as ton train à prendre pour Béthune t’as intérêt de te dépêcher tu vas le louper ».

Tom : « Et alors, c’est pas un crime de vendre des légumes ! Qu’est-ce que vous avez contre les légumes ? – On aime bien la viande »

Tibo : « Mozart…il aimait tout, il était pas chiant… »

Tibo : « Tiens Wolfgang! Cadeau d’admirateurs! Il en aurait fait une sonate… »

Moi : Magnifique.

Fargo – Saison 1 – FX – 2014

28.-fargo-saison-1-1024x767Parasite murder.  

   7.0   Qu’allait être ce nouveau show FX produit par les Coen, arborant le titre du chef d’œuvre des frangins ? J’étais fébrile mais plutôt confiant, d’autant que j’en avais entendu beaucoup de bien. Et je savais Fargo capable d’aller plus loin, j’ai toujours trouvé que c’était un film qui en gardait sous la pédale, à bon escient. J’aime sa sécheresse, son caractère elliptique, ses mystères. Mais pourquoi pas. Un peu plus de folie, de cinglés, d’absurde, de neige (il m’en faut peu je me rends compte).  Sur bien des points, la série a comblé mes attentes. Pas haut la main, mais à l’aise, disons, par petites touches. Déjà il faut dire qu’on a là une création de qualité, soignée, post Breaking Bad, en somme. C’est ambiant, subtil et jouissif comme on aime. Avec en chef de file des bonnes idées, un méchant hallucinant, sorte de monstre doux, en roue libre. Tu voudrais soit changer de trottoir en regardant tes pieds ou lui faire un câlin tellement il est génial, c’est selon. Immense Billy Bob Thornton. A lui seul la série tient désormais une place de choix dans les polars dingo. Il y a d’ailleurs lui et les autres, c’est un constat un peu désarmant mais c’est ainsi. On le cherche beaucoup au début. Après, il y a surtout deux séquences marquantes : Une lente poursuite dans un brouillard bien épais et une fusillade hors champ. On peut trouver ça clinquant, moi j’adore. Je trouve que la série, dans ces instants violents et détachés (ajoutons-y la scène de l’ascenseur) s’extirpe parfaitement de la zone de confort que le film lui offre trop volontiers. Il y a aussi une discussion entre Lorne Malvo et le gérant du restaurant, Lou Solverson. L’écriture y est sublimée. Malgré la belle impression qu’elle me laisse, je trouve que la série avec ces éléments mis bout à bout, souffre de la comparaison avec un True Detective, autre anthologie sortie cette année, bien qu’une fois encore je me répète, je trouve ça largement qualitatif. Mais sans doute pas assez radicale à mon goût je pense, trop certain de son impact, manque de prise de risque, trop explicative aussi, cartésienne. True Detective était imprévisible et déceptif, c’était sa force. Fargo est imprévisible, certes, mais reste confortable. Pas suffisamment fou pour susciter la fascination. Je conseille néanmoins à tous d’y jeter un œil. Encore davantage à ceux qui n’adorent pas le film des Coen d’ailleurs.

Un village français – Saison 4 – France3 – 2012

UN VILLAGE FRANCAIS

Il était une fois en France.  

   8.0   La série continue sur sa lancée, proche de l’excellence, bien qu’elle adopte ici une construction tout à fait étonnante. Il y a comme deux saisons en une. Deux parties bien distinctes avec les six premiers épisodes (couvrant la période du 21 au 24 juillet 1942) centrés majoritairement sur l’école de Villeneuve dans laquelle sont placés les juifs en attendant leur déportation. Puis six épisodes suivants (8 au 12 novembre 1942) évoquant surtout les divers actes de résistance entre mouvement gaulliste, communistes et opérateurs radio. Partie absolument fascinante (sans doute ce que la série a réussi de mieux jusqu’ici) construisant un crescendo d’angoisse (mettant en parallèle les réunions résistantes et les tentatives d’interventions policières) jusque dans son épisode final ahurissant.

     Concernant les personnages, il y a beaucoup d’évolution. Entre ceux qui restent, ceux qui s’effacent, les autres qui prennent en consistance et ceux qui disparaissent momentanément. Les trois années sous l’Occupation racontées sous forme d’ellipses, creusent avec brio chaque individualité. Marchetti par exemple, le petit inspecteur à gerber, est devenu un personnage irremplaçable, délogeant même Daniel Larche de son trône. Immense raclure qui commence à être rongé par une culpabilité convoquée par ses sentiments envers une jeune juive qu’il tente de mettre à l’abri. C’est lui qui offre à cette fin de saison une toute dernière séquence absolument déchirante.

     C’est la réussite de cette série que de continuellement faire évoluer ses protagonistes, coincés dans une cage ouverte, pour une durée incertaine, jamais blanc ou noir mais inéluctablement dans la transformation car ce sont des personnages du présent, ils n’ont pas notre conscience des tenants et aboutissants. Rarement autant de nuances n’auront été apportées dans le traitement de chaque entité. Bon, il y a bien d’infâmes pourritures irrattrapables, comme la mère Schwartz et le nouveau maire, que tu voudrais voir crever plusieurs fois si c’était possible, mais ils ne sont pas sur écrits, ils semblent seulement symboliser ce qui devait se faire de pire dans l’arrivisme et la suffisance bien française.

     Mais c’est surtout un beau document sur la France occupée et les groupes de résistances en marge, le plus beau vu jusqu’alors, depuis le Lucie Aubrac de Claude Berri, la distinction c’est que le Village et ses noms sont eux entièrement fictifs. La série continue donc d’écumer l’Histoire en éludant les poncifs. L’idée est de rester dans cette ville, fictivement appelée Villeneuve, d’avoir des nouvelles de la France par la radio, les résistants ou les policiers mais jamais autrement. L’image ne sortira jamais de Villeneuve. Il est donc beaucoup question du pacte germano-soviétique, d’impressions de tracts, les parachutés depuis Londres mais on ne parlera jamais de rafle ou de camp. Tout juste sont évoqués Drancy et Varsovie, mais en acceptant que ces destinations nommées n’aient pas le même écho pour nous que pour les personnages.

     A part ça, je continue d’adorer Richard Sammel. Il a beau souvent joué des rôles de nazis, c’est fou ce qu’il peut être terrifiant avec son parlé très lent, très articulé, très ironique. La séquence où il se trouve au restaurant avec Hortense Larché est un sommet de monologue abject tout en décontraction forcée. Son personnage plus que l’acteur lui-même d’ailleurs, est d’une richesse incroyable. Et que dire des rôles de résistants ? Marie Germain, Marcel Larché, Albert Crémieux… Jamais la série n’aura été si généreuse, si substantielle. Bref, c’est un indispensable. Quatre saisons de très belle tenue. Et dire que j’ai la cinquième sous le coude…

Maison close – Saison 1 – Canal+ – 2010

26. Maison close - Saison 1

Bande de filles.  

   4.0   J’y ai cru le temps d’un épisode pilot réussi. Enfin, réussi, disons plutôt prometteur, qui définit bien les enjeux de la série, une plongée à la fois riche et limpide, en édulcorant ce que je craignais le plus à savoir une mise en scène bien tape à l’œil et des dialogues sur écrits façon Braquo. La patte Canal qui me révulse. Chassez le naturel… Le problème par la suite c’est que la moitié des intrigues sont bâclées, on s’éparpille, on se la joue à l’américaine sans en avoir les épaules. Alors c’est loin d’être honteux, il y a des séquences intéressantes (qui auraient dues être saisissantes) mais tout est noyé dans le flot d’un show bien trop prévisible et sage.

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silencio


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