Publié 18 septembre 2014
dans Ettore Scola
Depression cherry.
6.5 Constituant le sommet anachronique d’un âge d’or de la comédie italienne autant qu’il marque de son désenchantement permanent l’épuisement du style, les illusions déchues, La terrasse est occupée d’une multitude de trublions dépressifs, de la chair triste qui semble avoir laissé échapper ses rêves et ses idéaux. Le film dépeint en étoile chaque individualité d’un cercle d’amis travaillant ou non ensemble mais se retrouvant régulièrement sur la terrasse d’une amie, pour une grande soirée-buffet habituelle, dissertant sur la chute gauchiste (on est à l’aube des années Berlusconiennes) et son impact général sur l’art. Le film est construit en cinq chapitres reprenant l’idée des films à sketchs, débutant chacun systématiquement par cette même soirée sur cette terrasse, tout en prenant chaque fois le parti de suivre le personnage qui sera le centre du nouveau chapitre. Trintignant en scénariste en panne d’inspiration (on lui commande du comique mais il ne veut pas faire rire) en fait des caisses, pas aidé par un doublage italien pour le moins excessif. Mastroianni, journaliste en pleine crise conjugale et Reggiani en fonctionnaire de la RAI dépressif obsédé par son poids, tirent leur épingle du jeu en offrant au film ses plus beaux moments, rempli de frustrations et de désillusions. Tognazzi, Producteur de cinéma puis Gassman, député communiste, ferment le film. C’est inégal, comme souvent avec ce procédé mais j’aime la dynamique globale du film. J’aime aussi beaucoup la présence fantomatique de Marie Trintignant, qui n’accompagne aucunement son père mais semble être le symbole du relais de génération, le constat d’un monde mourant car oui c’est surtout un beau film sur le vieillissement et l’échec. Sur l’agonie, conjugale, solitaire et professionnelle.
Publié 18 septembre 2014
dans Leos Carax
When I live my dream.
7.5 Premier film d’un poète, qui ressemble à la fois à rien et à tout (Entre La nouvelle vague, Skolimoswki et Eustache, en gros). Il faut voir la quantité de trouvailles visuelles et sonores qui nourrissent le film, c’est passionnant. Ce sont déjà des histoires d’amour qui se brisent, qui s’esquissent, qui se vivent sans s’accomplir. Quelques objets forts : une paire de ciseau (sublimissime scène finale), un schéma de Paris derrière un tableau à l’intérieur duquel le personnage note géographiquement toutes ses premières fois, une tasse fêlée, des peintures jetées dans la Seine, autant de singularités qui donnent au film son identité fragile, démesurée, temporaire, exaltante.
Publié 18 septembre 2014
dans Luc Besson
3.0 Deuxième volet de ma rétro consacrée aux pires cinéastes vivants, après Luhrmann, j’ai nommé Besson. On est là dans une dynamique contraire puisque le film est plutôt sobre dans sa mise en scène, j’entends par là qu’on sent l’auteur plus intéressé par son récit qu’autre chose. Ne nous y trompons pas, c’est du Besson donc ça ne l’empêche pas de s’adonner régulièrement à des montages parallèles bien fumeux dont il a le secret. Des idées aussi atroces que sur-signifiantes. L’autre problème c’est que tout est archi classique, programmatique, chiant, sirupeux. A quoi m’attendais-je, en même temps ? Le film est loin de m’être sympathique mais il ne me révulse pourtant pas. C’est juste un gros film de bébé une fois de plus. Mais je préfère tout de même quand ce gros bébé barbu s’attaque à un truc sur des bébés qui se tirent la bourre pour un titre de plongée sous-marine. Au moins c’est raccord. Là, toute proportion gardée, ça m’évoque le Schindler de Spielberg. Tu sens vite que ce sont des sujets trop grands pour eux. Un moment, dans The Lady, un militaire exécute la voyante qui venait de recevoir Aung San Suu Kyi. Ça aurait dû être froid, précis mais Besson fait dire au militaire un truc du genre « Tu l’avais pas prévue celle-là ! » Frisson de la honte. C’est fou comme ce type est systématiquement rattrapé par le ridicule de sa médiocrité. Il y a tout ici pour faire un riche document sur les années sombres birmanes et lui te salit tout comme un cochon comme s’il refaisait inlassablement Léon.