Le policier (Ha-shoter) – Nadav Lapid – 2012

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Israël, état.

   6.0   Malgré sa construction méthodologique, pour ne pas dire mathématique et une antipathie globale soudant chaque partie (1, L’unité d’élite ; 2, Les révolutionnaires ; 3, Les milliardaires) entre elles selon un modèle distancié à l’emphase, je trouve le film fascinant et fort d’un point de vue idéologique, sur ce qu’il raconte de son pays, cet Etat israélien cloisonné dans ses préjugés anti arabes, n’acceptant pas que le danger puisse venir en son sein. Pour tout un chacun, Israël fait Un et la menace vient d’ailleurs. Mais pas ici. C’est cette impureté imaginaire là que choisit de raconter Nadav Lapid, dont c’est le premier long métrage, avec notamment en guise de point d’orgue ce dernier plan terrible, qui apporte le doute et la nuance que le film méritait, après avoir été un peu trop catégorique. Un impensable. Une ombre au tableau des certitudes, une tâche qui pourrait ébranler un système. Ce plan permet cette rupture du stéréotype policier convaincu de sa guerre, qui bien qu’on ne la nomme pas, fait inévitablement référence aux voisins palestiniens. Une répression persuadée de sa force – jusqu’à cette bavure évoquée mais hors-champ, que l’on fait intégralement portée à un collègue atteint d’une tumeur – mais surpris de se retrouver là face à ces enfants révolutionnaires qui veulent abolir les hiérarchies et le gouffre social. Puis il y a le regard de ce policier – face à un visage qu’il n’avait pas imaginé – dans la douleur, qui empêche le film de s’enfermer dans un traçage sans espoir. C’est un film captivant aussi sur ce qu’il dit de la représentation de soi. Les trois parties dévoilent des personnages qui sont systématiquement dans leur propre mise en scène, de manière radicalement différente : le culte du beau et de la virilité chez le policier, l’approche verbale des radicaux et l’image photographiée du bonheur chez les riches. Si le titre suggère le portrait d’un homme, comme c’était le cas dans Policier adjectif de Corneliu Porumboiu, il s’agit ici en fait d’un portrait de groupes qui à eux trois semblent caractériser schématiquement les enjeux de la société israélienne. C’est un film plus complexe qu’il n’y parait. Néanmoins, si je trouve ça intéressant à analyser en tant qu’objet théorique, je reste aussi très loin de cette sécheresse, de ce détachement un peu complaisant.

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