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Archives pour 13 novembre, 2014

Métamorphoses du paysage – Eric Rohmer – 1964

51970878Excursion industrielle.

   7.5   Durant les années 1960, Eric Rohmer alors en pleine transition, entre les Cahiers du Cinéma et la réalisation cinématographique, effectue une aventure télévisuelle via nombreux documentaires, dont celui-ci constitue le premier opus, sur l’industrialisation du paysage français. Constructions industrielles filmées en noir et blanc, sur lesquelles se pose sa voix en off déjà plus dans la poésie que dans le didactisme.

Citons les mots du cinéaste lui-même :

     « Cette beauté est difficile. Difficile à découvrir, à admettre. Elle est paradoxale. Car il y a paradoxe à rechercher la beauté dans un monde qui lui tourne délibérément le dos. Un monde voué au chaos, à l’informe, au perpétuel changement, à l’inachevé. Un monde qui porte la marque, contrairement au monde champêtre ou urbain, moins de la joie créatrice de l’homme que de sa sueur et de sa peine ».

     « Un autre paysage, une autre machine. L’espèce de fascination qu’elle exerce, la rêverie qu’elle suscite, la beauté propre qu’elle possède, sa poésie même pourrions-nous dire sont-elles si différentes de celles dont nous parrons notre vieux moulin de toiles et de planches ? Monstrueuse. Inhumaine. Et humaine en même temps puisqu’elle est faite par l’homme et un tout petit peu à son image ».

     « Quittons ces campagnes sans grâce et sans grandeur. La tristesse qu’elles exhalent est désormais trop mesquine pour alimenter notre rêverie poétique. La poésie, une poésie à la mesure de notre temps, ce n’est plus dans la paix des champs et des prairies que l’homme du XXe siècle peut espérer la trouver. Mais dans la fumée des hautes cheminées d’usine, au cœur de cette zone industrielle, qui depuis plus de cent ans s’est installé au pied des villes, les sèment, les enserrent, les étouffent, en même temps qu’elle les fait vivre et grandir. Ce n’est plus des hauteurs du Père Lachaise qu’il convient comme Rastignac de contempler le spectacle du Paris laborieux mais prenons un large recul, des collines d’Argenteuil ».

     « Ici, la main de l’homme et le hasard conjugués, composent une ordonnance stricte, des lignes s’affirment, verticales, horizontales, courbes, obliques, suscitent entre elles des contrastes, des relations, des rites, des rimes, des parallélismes ».

     C’est probablement le plus beau documentaire pédagogique de Rohmer à mes yeux. Super texte. Supers images. C’est la poésie de l’industrie, la fascination pour cette transformation. Un laid d’apparence qui devient sublime. J’adore.

La sonate à Kreutzer – Eric Rohmer – 1956

8393074_orig-1024x750Excursion horrifique.

   6.0   Je trouve ça très bien. J’aime l’idée d’un film sans parole, musical avec une voix off (celle du cinéaste). Néanmoins je ne retrouve rien ou presque de Rohmer là-dedans. Il ne devait pas aller très bien à cette époque car c’est un film de vrai désespéré. Ça n’appartient même pas au registre mélodramatique, c’est de l’horreur pure. Je n’ai pas lu la nouvelle de Tolstoï dont ce moyen métrage est l’adaptation mais Rohmer en a sorti quelque chose d’incroyablement dépressif, c’est plutôt troublant. Pour contrebalancer cette froideur, durant plusieurs séquences, on retrouve Rohmer et toute la clique des Cahiers, c’est amusant.

     L’originalité est de démarrer le film par la fin sur les mots du mari (joué par Rohmer lui-même) qui sera aussi le narrateur et celui qui poignardera sa femme : « Non ce n’est pas la jalousie, c’est plus horrible que cela, c’est une haine à laquelle les événements n’ont pas eu de place. Je l’ai tuée parce que son existence était le démenti flagrant de tout ce que j’estimais, de tout ce qui comptait au monde pour moi. Elle était mon vibrant désaveu, la dénonciation constante de mon moindre désir, de ma plus anodine pensée. Pourquoi nous sommes nous connus ? Pourquoi n’avons-nous pas tout de suite détournés nos regards l’un de l’autre ? Dans cette cave où je la vis la première fois, j’eu bien le sentiment qu’elle me fut à jamais inaccessible ».

     Le film est donc une sorte de long flashback où il raconte leur rencontre dans une cave de jazz, sa réussite professionnelle dans l’architecture, leur mariage un peu rapide, au détriment de leurs véritables sentiments, les disputes bientôt qui sont les seules choses qui les extirpent de l’ennui conjugal puis la rencontre avec cet ami critique qui sera le détonateur d’une fin tragique. 


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