Un couple déménage.
7.5 C’est un beau film. Je pense sincèrement que c’est même un peu plus que ça. Mais j’attendais tellement Ira Sachs au tournant depuis le mémorable Keep the lights on que je suis un peu déçu de le voir abandonner quelques fulgurances et glissements magnifiques dont il avait le secret. Love is strange est un beau mélo en douceur, une superbe histoire d’amour où les personnages centraux sont rarement dans le même cadre. Les deux hommes, récemment mariés, sont obligés de déménager et en attendant de retrouver un appartement, d’être hébergés chez des amis, séparément, puisque aucun ne peut accueillir les deux. Du coup c’est aussi hyper ancré en 2014, mariage homo, crise du logement, mais sans en faire un pamphlet sur-écrit non plus. C’est surtout un beau film de transmission, sur l’exemple que l’on donne aux enfants. C’est à la fois banal dans le récit, mais pas tant que ça dans la mise en scène. Je n’ai jamais vu une histoire si banale traitée avec autant d’élégance, de justesse, de transparence. Ou alors si, chez Hong Sang-soo. J’ai lu partout que l’on comparait ça à Ozu. Je n’ai jamais rien vu d’Ozu mais comme c’est le cinéma que j’ai le plus envie de découvrir, je vais faire en sorte de m’y jeter au plus vite. En tout cas, j’adore comment sont filmés les appartements dans Love is strange. Et c’était déjà ce qui m’avait marqué dans le précédent. Après je crois que le film s’embarrasse de certaines séquences (le toit, par exemple) et qu’il n’en développe pas suffisamment d’autre. Mais bon, il y a tellement de belles choses à côté. Et rarement je n’aurais vu la musique de Chopin si bien utilisée, depuis Sonate d’automne. Et reçu une ellipse dans un mélo de manière si frontale, puissante. C’est un film d’une élégance incroyable. Avec New York et Marisa Tomei, magnifiées.
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