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Archives pour 17 janvier, 2015

French connection II – John Frankenheimer – 1975

french-connection-2-1975-01-gL’ennemi public n°1.

   8.0  Je suis ravi de l’avoir revu. Déjà parce que mon souvenir du film était flou et surtout parce qu’il n’était pas bon. Cette suite du film mythique de Friedkin est un très bon polar, classique, nerveux, efficace, qui s’inscrit dans la veine des meilleurs Labro et Deray, parfois même pas si loin d’un Melville. Si je le compare à une certaine frange du cinéma français c’est que French Connection 2 bien que réalisé par un cinéaste américain se déroule entièrement sur le sol de l’hexagone, à Marseille plus exactement. En avril. Il y a donc un contraste éminemment climatique – en plus d’un contraste mise en scénique – entre les deux opus et tant mieux. Frankenheimer ne cherche pas à imiter Friedkin. En revanche il pari complètement sur l’idée de suite, complémentaire.

     L’action semble prendre place quelques mois plus tard. La police new-yorkaise nous envoie le valeureux et imprévisible Popeye (Gene Hackman toujours, heureusement tandis que Roy Scheider aura entièrement disparu du casting) pour clore cette affaire en interceptant définitivement l’anguille Charnier dont on devra se contenter d’accepter qu’il se soit littéralement évaporé dans cette incroyable séquence de hangar désaffecté qui fermait le chef d’œuvre de Friedkin. C’est sa punition : Aller se débarrasser de son obsession sur une terre qu’il ne connait pas. Punition somme toute relative tant on le sait obnubilé par ce trafiquant, Frog one comme il le surnomme.

     Le film accompagne donc Popeye au plus près, d’abord aux côtés de ses collègues français, qu’il méprise gentiment, sur un terrain où il n’est qu’un invité, où il ne peut qu’écouter et observer, ce qui évidemment ne va pas le satisfaire. On connait l’animal. On le suit jusque dans son kidnapping par les hommes de Charnier, qui l’avait débusqué un peu par hasard sur le remblai d’une plage. Oui, Popeye est censé être là incognito mais ça ne l’empêche pas de taquiner le ballon ni de porter des chemises à fleurs. Puis on le suit aussi dans sa désintox – après avoir été séquestré et drogué dans un hôtel miteux – et sa dernière course-poursuite haletante à travers Marseille et le Trolleybus.

     Le film est là aussi traversé de séquences virtuoses, à l’image de l’efficace scène de la cale-sèche. Mais c’est paradoxalement quand il se repli qu’il fascine, qu’il suive Popeye se murger dans un bar (la scène en question est désopilante, le film jouant aussi énormément sur le décalage entre les langues « Whisky avec glace ? – Yes, in a glass ! » Je n’imagine pas une seconde l’intérêt de voir le film dans sa version française, ça doit être ridicule) ou se lâcher dans un monologue génial sur le base-ball ou dans son agonie durant son enfermement. Il faut à ce titre rendre grâce au jeu habité et délirant de Gene Hackman qui est probablement le meilleur cabotin de la planète. Il en fait en effet beaucoup ici mais bordel ce qu’il le fait bien ! Mais c’est aussi la limite du film que de se reposer majoritairement sur lui. Attention je ne dis pas que les acteurs français du film ne sont pas bons, au contraire ils sont excellents (Fresson, Leotard, Castaldi…) mais que Hackman prend beaucoup de place ce qui brise un peu l’unité miraculeuse qui émanait du premier French Connection.

     A part ça j’adore la scène où Charnier découvre (et a donc un temps d’avance) que Popeye est à ses trousses sur ses propres terres. La mise en scène y est très simple, très belle et inventive : Une plage, une partie de volley-ball, un ballon, une femme. La scène parait anodine, détachée, comme si le policier américain était soudainement en vacances et nous avec. Puis la caméra virevolte lentement – abandonnant pour la première fois Popeye – vers un restaurant voisin dans lequel Charnier est en train de manger, parler affaire avec un probable client et découvre par le hasard d’un regard perdu, par le coin d’une fenêtre, le flic immobile au loin sur le remblai. Vraiment très fort.

     Ce n’est donc pas le même film que le précédent mais je le répète c’est tant mieux. Plus écrit, plus aéré, printanier, mais Frankenheimer lui insuffle suffisamment de matière et de punch pour en faire une suite digne, digeste et foisonnante.

French connection – William Friedkin – 1972

French connection - William Friedkin - 1972 dans * 100 1349815057_2Welcome to New York.

   10.0   Plus je le vois plus il me sidère. A tel point que je le considère aujourd’hui après ce nouveau visionnage, dans un blu ray extrêmement granuleux accentuant la saleté qui transpire littéralement tout le film, comme un chef d’œuvre absolu, quasi sans parole, tout en filatures et poursuites. Un sommet du genre. Un polar urbain parfait. J’avais en mémoire surtout quelques scènes d’anthologie (métro, voiture sous les rails, hangar) mais en fait tout le film est sur le même tempo, effréné, anxiogène.

     On est en 1972. French Connection est un film de son époque – Quand Sorcerer semble lui être hors du temps. Deux flics hallucinés – Finis les policiers tous lisses et sages, place à Jimmy « Popeye » Doyle, véritable brute dopé à l’adrénaline, ripou déterminé, violent, abusif et raciste – ont décidés de faire la peau aux trafiquants de Brooklyn dont la dope envahit les rues et remontent petit à petit jusqu’au numéro un mafieux français, Charnier (Fernando Rey) qui permet l’échange entre Marseille et New York. Le film est plus ou moins tiré de faits réels où en 1962 la brigade des stups avait mis la main sur un important trafic avec la France et 50kg de poudre cachée dans les bas de caisse d’une voiture.

     Au moyen d’une mise en scène nerveuse et réaliste (caméra à l’épaule non-stop) Friedkin insuffle à ce polar à priori banal, un rythme qui lui est propre. On n’entrera jamais dans la dimension personnelle des deux poulets, French Connection choisit de montrer les gestes, rien de plus. La filature très souvent en attente, où Gene Hackman semble perdre la sensation de ses orteils dans les rues New-Yorkaises, transis de froid. La filature du trottoir opposé, récurrente ici, dont l’une qui aboutira à une séquence d’anthologie dans le métro. Et en tout début de film une poursuite à pied, effrénée, dans les rues de Harlem qui aboutira à un lynchage total dans un terrain vague par deux flics absolument prêt à tout.

     La fameuse séquence de French Connection c’est celle-ci : Le trafiquant est dans le train, il braque le conducteur pour ne pas qu’il s’arrête à la prochaine station ; Gene Hackman est dans une voiture sous les rails et poursuit sa proie à une vitesse inconsciente, les mimiques sont exagérées illustrant toute sa folie vengeresse, son appétit de violence et d’adrénaline plus que de respect de la justice. L’un des trucs les plus dingues que j’ai pu voir sur un écran. Dix minutes de tension pure aussi limpides qu’aliénées.

     Et une autre séquence formidable encore (James Gray s’en est probablement beaucoup inspiré pour We own the night) après l’échange de la drogue dans un hangar, sous un pont. On est à la toute fin du film, la tension est palpable, le climat a encore gagné en obscurité, c’est pesant. Dans le Gray c’était Joaquin Phoenix, dans le Friedkin c’était Gene Hackman et Roy Scheider. Dans l’un les roseaux, dans l’autre un labyrinthe obscur de ruines, de saletés où les flics là aussi, sont prêt à s’entretuer.

     Friedkin ira jusqu’à engager comme conseillers les flics de la véritable affaire. Un réalisme qui passe inéluctablement par son plus fidèle représentant : la présence de vrais décors. Ainsi le cinéaste tourne tout dehors, entre New York et Marseille et tout en lumière naturelle. C’est l’hiver, c’est brumeux, sale, triste. Il fallait rendre compte de cela. Parti pris renforcé par le choix de filmer majoritairement à l’épaule, où tout sera dynamisé au montage, afin de crée une sorte de réel absolu, proche du docu d’investigation.

     French Connection est un polar incroyable, haletant, idéal, réalisé par un spécialiste du cinéma de genre – partagé entre le fantastique (L’exorciste) et l’action movies. C’est un film tout en ambiguïté et en absurdité. A l’image de l’œuvre entière du cinéaste. La quasi absence musicale accentue ce trouble et cette angoisse qui contamine chaque séquence d’un film construit sur les accalmies et les soubresauts, n’hésitant pas expérimenter leurs extrêmes retranchements, soit varier entre un déroutant statisme et une nervosité de mouvement jamais vu.

Adolphe – Benoît Jacquot – 2002

10. Adolphe - Benoît Jacquot - 2002Les désenchantés.

   4.5   Avant Les adieux à la reine, Jacquot avait déjà donné dans le film costumé. Deux fois : Marianne (que je verrai bientôt) et Adolphe. Malheureusement trop guindée et ronronnante cette adaptation du roman de Benjamin Constant est une muraille d’ennui, qui n’était d’emblée pas pourvue d’une interprétation fait pour me séduire puisque réunissant Adjani, Merhar, Duris et Chattot. Autant dire qu’il valait mieux assurer derrière avec de telles contraintes. Niveau mise en scène Jacquot fait le job, classieux, cadré, quasi Viscontien. Mais il y a si peu de générosité dans sa démarche, de folie dans ses enchaînements que l’objet complet me tient inéluctablement à l’écart. Espérons maintenant que Marianne soit davantage du calibre du très beau Les adieux à la reine

Mea culpa – Fred Cavayé – 2014

17. Mea culpa - Fred Cavayé - 2014Taken 73.

   1.5   C’est très mauvais mais le plus douloureux, je crois, étant de s’en rendre compte dès le premier plan. Là tu le sais, tu le sens, tu t’engages dans un calvaire. Les deux premiers films de Cavayé étaient pourtant tout à fait regardables, modestes polars (que j’ai cependant vite oublié) tout en tension, mouvement et simplicité. Si l’on excepte ici deux séquences d’action correctement fichues (encore qu’il faille passer outre un montage parallèle particulièrement lourdingue) que sont la poursuite post Corrida (Le montage garçon/animal à cet instant c’est du niveau de Lucy) et le TGV, le film est noyé sous un déluge formel absolument ridicule, des dialogues pathétiques, à la manière des pires productions Besson et des pires réalisations de Marchal réunies. Pas facile à faire, j’en conviens.


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silencio


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