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Un village français – Saison 5 – France3 – 2013

01.-un-village-francais-saison-5-1024x681Villeneuve leur appartient.

   7.5   Après une saison 4 scindée en deux parties, celle-ci invente encore et prend le parti de plus ou moins tout concentrer autour d’une date, celle du 11 novembre 1943. Les 25 ans de l’armistice de la grande guerre de leurs ainés appréhendés différemment suivant les uns et les autres, en s’inspirant librement du fameux défilé à Oyonnax. Inévitablement, le récit s’articule majoritairement autour de la résistance, mise en marche et construction de ses réseaux, des plus secrets indics aux collabos politiques, qui en profitent pour se racheter un avenir en vue d’une éventuelle défaite allemande, mais aussi les résistants purs et les jeunes maquisards. C’est donc à la fois la suite de la fin de saison précédente et son pendant élargit. Ce cinquième opus prend le temps de se mettre en place, trop, probablement. Les personnages charismatiques habituels sont résolument statiques ou retranchés hors  du récit, exception faite de certaines entités – Les frères Larché, Raymond Schwartz, Marie Germain – qui outre leur infime présence, prennent une importance secondaire inattendue.

     C’est la résistance qui importe ici, dans ses gestes, ses déplacements, son quotidien, son attente – Déjà la saison précédente m’avait quelque peu rappelé Lucie Aubrac de Berri mais ici c’est flagrant – et sur ce point c’est assez formidable tant d’une part il faut oser prendre un tel virage (axer le récit sur trois personnages centraux que l’on ne connaissait pas ou presque : Antoine et Claude, deux jeunes maquisards aux méthodes opposées et Philippe Chassagne, le nouveau maire, ordure en chef) mais aussi d’un point de vue purement théorique, sur la représentation du corps, l’image de soi à travers la guerre, autour d’une pièce créée par l’un d’entre eux (la faisant passer pour un chef d’œuvre maudit) leur permettant de combler cette lourde attente. Pièce répétée quasi chaque jour pendant une longue période, apparaissant à de nombreuses reprises durant six épisodes, minimum. C’est sans doute trop, puisque on s’intéresse forcément moins aux autres entités. Mais ça devient presque du Rivette dans ce que ça projette de jeu avec le réel, de personnages interchangeables, de métaphore de la résistance, tout en ouvrant le récit sur quelque chose de plus intime, l’obsession d’un garçon pour la direction de groupe et l’autre pour la direction d’acteur, qui se rapprochent inéluctablement laissant un semblant d’attirance/admiration troublantes en suspens. Le déchirement final ne convoite pas autre chose – larmes d’un côté, cri de l’autre, séparés par une paroi rocheuse.

     Une autre relation éclot aussi en parallèle dans une école. Pas super bien écrite, elle finit par se révéler plutôt touchante. Relation destructrice (Rappeler combien Lucienne peut être empoté pour tout) qui se nourrit de la peur et de l’inconnu quand celle du maquis naît de l’attente et de l’ennui. Je trouve que c’est une saison qui a des couilles que l’on aime ou non ses partis pris. Une saison construite pour cet épisode crucial du 11 novembre. Episode 10 extraordinaire, probablement ce que la série a offert de plus intense, exaltant et sidérant depuis son lancement (défilé, sabotage radio, l’image de Muller incognito au milieu d’une foule chantante, un maire infect roué de coups, Marcel au trou dialoguant avec un cafard, bref une journée aux allures de libération qui aura rapidement son revers de médaille). La saison met du temps à y arriver et aurait pu ne pas s’en relever (lors de ses deux derniers épisodes) pourtant elle ouvre et ferme brièvement quelques brèches fortes. A l’image de cette séquence à la fois comique et déchirante qui voit ces deux hommes clés du récit que tout oppose, subir la même exécution après avoir fumé ensemble une dernière cigarette turque et rit à gorge déployée sur l’inutilité de la présence d’un prêtre. La série a toujours travaillé son ironie et ses nuances mais rarement jusqu’à ce point de rupture. Encore une très belle saison, d’autant plus forte qu’elle respire une fois de plus différemment de la précédente, sur un faux rythme, un peu anodin, un peu répétitif, tout en continuant à travailler, c’est son point fort, et dessiner avec intelligence et malice ses trois plus grandes pourritures que sont et resteront le préfet, Chassagne et Heinrich Müller, évidemment.

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