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Archives pour janvier 2015



Dans la cour – Pierre Salvadori – 2014

dans-la-cour-23-04-2014-3-g   5.5   J’aime bien Les apprentis de Pierre Salvadori. C’est pour ce film que je suis allé voir Dans la cour et j’ai bien fait. C’est très bien. C’est l’un des films français les plus dépressifs que j’ai pu voir récemment. Et en même temps je n’avais pas autant ri depuis longtemps. C’est excellemment écrit, c’est élégant, inventif qu’on lui pardonne aisément les fautes de goût qui le parcourent, surtout vers la fin. J’étais aussi ravi de revoir Feodor Atkine – qui plus est en pleine rétro Rohmer.

Hitchcock – Sacha Gervasi – 2013

7761360135575   3.5   Absolument aucun intérêt mais j’ai de l’indulgence car c’est un biopic non pas sur la vie de Hitchcock mais sur Hitchcock faisant Psychose et sa relation avec sa femme. C’est le seul truc à retenir et c’est déjà pas si mal.

Grizzly man – Werner Herzog – 2005

10926460_10152632109332106_3220947517965163914_nInto the labyrinth.

   8.5   Qu’il s’engage dans la fiction ou s’investisse dans le documentaire, la démesure est le leitmotiv premier de Werner Herzog. Son œuvre entière est une représentation complexe de l’aliénation des hommes. C’est une période, depuis le début des années 90, durant laquelle il rend considérablement grâce au réel, qu’il filme des condamnés à mort, une base antarctique ou la grotte Chauvet. Un réel qu’il souhaite systématiquement bouleverser, en agrandir les contours, en allant y débusquer la folie dont seules les plus grands fictions avaient osées s’emparer. En ce sens Grizzly man est une œuvre majeure, maîtresse, un film apothéose qui dessine pourtant tout ce qui va suivre. Mais Herzog n’a jamais rien fait comme personne, donc, entre deux documentaires fous, il réalise Rescue dawn, film de guerre ou Bad lieutenant, polar halluciné qui ne ressemblent pourtant à rien sinon à du Herzog, électron libre et cinéaste total. Il me fait penser à Kubrick mais semble bien plus libre que ne l’était le réalisateur de Barry Lyndon.

     Avec un titre comme celui-ci on s’attend à voir des ours. Et on en voit. Mais Grizzly man n’a pourtant rien à voir avec le documentaire animalier. C’est même carrément un film sur l’Homme. Un objet de cinéma sans pareil, fascinant et visionnaire. Herzog s’est pris d’un vif intérêt pour l’histoire de cet ermite pas comme les autres, défenseur de la cause animale, qui chaque été, durant treize ans, vivait deux mois parmi les ours et les renards, dans un parc protégé en Alaska. Il les approchait, les observait, leur donnait des noms comme un gosse à ses peluches et se filmait régulièrement racontant ses épopées quotidiennes, entre émotion enfantine de la découverte et colère brûlante envers le monde. De ses cinq dernières expéditions il a rapporté plus de cent heures de rush. Il les aurait sans doute montées un jour, il suffit d’évoquer pour cela le nombre d’allusions que le type – à l’égo surdimensionné – faisait comme promesses de film durant ses diverses prises. Oui mais voilà, ce qui était attendu autant que redouté survint, un matin de Septembre 2003, alors que son expédition touchait ironiquement à son terme, Timothy Treadwell s’est fait dévorer par l’un des ours qu’il considérait comme ses semblables. Dévoré avec sa compagne. On ne retrouva que des restes. Disséminés un peu partout dans les hautes herbes aux alentours de leur dernier campement ainsi que dans le ventre de l’animal, abattu dans la foulée. L’ultime vidéo de Treadwell, sans image (il n’a semble t-il pas eu le temps d’en ôter le cache) nous sera seulement contée, fort heureusement. Herzog lui-même préconise d’ailleurs de la détruire tant elle l’effraie, le paralyse, dans un moment suspendu, au silence terrifiant.

     L’histoire en elle-même, d’une violence et d’une cruauté insoutenable suffisait à être approchée par le cinéma. Mais Herzog ne se satisfait pas de son aspect pour le moins sensationnel. Il construit autour du drame tout un réseau d’interview, de proches, connaissances et spécialistes en tout genre, qu’il insère ci et là, utilise bon nombre des rushs de Treadwell dont il a pu avoir accès et en profite pour s’intéresser à l’empreinte cinématographique que cette puissante histoire laisse derrière elle. Le cinéaste s’intéresse aussi à la curieuse présence de cette femme dont on ne saura rien puisque Timothy Treadwell ne la filmait jamais. Etait-ce elle qui ne le souhaitait pas ou lui qui lui refusait ? Mystère. Toujours est-il qu’elle n’apparaît, sauf bref accident de cadrage, sur aucun des nombreux rushs mais dans le même ours que lui. Herzog a toujours été fasciné par le cinéma et donc par l’invisible. Ici un plan étrange et vide qui dure un peu trop longtemps, là l’entrée inopinée dans le cadre d’un renard curieux. Beauté volée que Treadwell ne prend guère le temps de voir ni d’apprécier, préférant s’extasier devant un combat d’ours mâles se disputant une femelle ou un bourdon mort sur un grain de pollen.

     L’idée de faire un documentaire sur un type faisant un documentaire dans lequel il se met lui-même en scène est déjà proprement fascinante. D’autant que cet homme cintré, bien que l’on puisse effectuer un rapprochement avec le cas Herzog himself, n’a pas grand-chose en commun avec le cinéaste allemand. Ce dernier ne se filme jamais, par exemple ou alors très brièvement. Sa voix est prépondérante mais pas l’image qu’il dégage. Il n’est jamais dans l’obsession de sa propre représentation. Timothy Treadwell aimait les ours mais par-dessus tout aimait se mettre en scène. Il est totalement dingue de constater le nombre de prises qu’il était parfois amené à faire, tout seul, dans sa brousse, en quête du témoignage idéal. Sorte de refoulé d’Hollywood – passé parait-il derrière Woody Harrelson pour le cast de Cheers – rejeté dans le monde animal, qui serait devenu cinéaste amateur après avoir loupé sa vocation d’acteur. Il est tout aussi fou de constater combien il est possible de faire une analogie directe à Klaus Kinski avec qui il semble non seulement partager une ressemblance physique – vraie gueule blonde bigarrée – mais aussi une bipolarité systématique – Souvenons-nous de l’inénarrable confrontation entre l’acteur et le réalisateur sur le tournage de Fitzcarraldo, relatée dans le merveilleux documentaire, Ennemis intimes.

Le voyage en Occident (Xi You) – Tsaï Ming-Liang – 2014

1560445_10152037196222106_259725784_n     6.0   C’était un peu ma vengeance du peu de scènes étirées reçues dans le dernier Wiseman (Les 4h de At Berkeley) que je venais de voir au cinéma. Ce soir-là, je voulais me coucher avec des plans interminables. Je n’ai pas choisi un film de Tsaï Ming-Liang par hasard. Je trouve que le film en sept ou huit plans raconte énormément de Marseille et du questionnement sur la temporalité cinématographique. Je n’ai rien d’autre à en dire mais ça m’a plu dans l’ensemble. Et le photogramme choisi est l’un des plus beaux plans de l’année.

Fear and desire – Stanley Kubrick – 1953

1897801_10151951844482106_1810369776_n Galop d’essai.

   5.0   Tout premier Kubrick, qu’il avait plus ou moins renié si ma mémoire est bonne. C’est le seul de ses films que je n’avais jamais vu. C’est pas mal (la restauration est plutôt réussie d’ailleurs) dans la mesure où les bases et thématiques de son œuvre y sont déjà injectés à petite échelle, mais c’est de loin, à mes yeux son moins bon film.

En quatrième vitesse (Kiss me deadly) – Robert Aldrich – 1955

10417763_10152609198762106_8210210599831745251_n     7.5   Un film noir bien perverti comme il faut et ce depuis son générique initial. C’est noir de chez noir, aux confins du fantastique et la mise en scène est top. La fin est à ce titre un pur sommet cauchemardesque.

Tess – Roman Polanski – 1979

01.-tess-roman-polanski-1979-1024x682   8.5   Chef d’œuvre absolu ! D’une beauté sidérante. Et je découvrais. Et en blu ray. Pfiou… Au début, en le lançant, je restais sceptique. Je me disais, ok c’est vrai que c’est beau, c’est la méga classe, mais le splendide support y est sans doute pour beaucoup, et puis je vais sans doute finir par me faire chier. Et puis le film te saisit par petites touches, des trucs auxquels tu ne t’attends jamais, un découpage hallucinant, une science du cadre, tout y est subtil, nuancé, plein de rebonds, de fulgurances. Au final je n’ai pas vu passer les trois heures. Au générique final, j’étais sur les rotules. Difficile de le comparer à d’autres films de la filmographie de Polanski mais nul doute que c’est le plus beau, ample et triste film que j’ai vu de lui. J’y reviendrai plus longuement la prochaine fois.

L’odyssée de Pi (Life of Pi) – Ang Lee – 2012

l-odyssee-de-pi-1_2412634   7.5   Absolument incroyable ! Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Purée ce que c’est beau. Enfin un film d’aventures pur, époustouflant et d’une lucidité géniale, ne sombrant dans aucune facilité alors qu’on attend à chaque fois le petit échec… Non, c’est beau pendant deux heures, grandiose et surprenant dans chaque plan – L’île perdue peuplée de lémuriens, mon dieu. J’ai peut-être une petite réserve sur le début mais après c’est le pied total, c’est simple le film me surprend à peu près toutes les trente secondes, j’étais en extase en permanence. J’ai regretté de ne pas l’avoir vu en salle mais la qualité dingue du blu ray a quelque peu rattrapé cette erreur.

Grigris – Mahamat Saleh-Haroun – 2013

Grisgris   5.0   C’est pas mal, en effet, incomparable au précédent Saleh Haroun qui était une vraie purge auteuriste vide. Là il y a vraiment la mise en espace d’un corps et c’est très réussi. Après, narrativement, ça ne me passionne pas des masses, malheureusement donc ça ne m’émeut pas non plus car le film est trop embrigadé dans la fiction et sa représentation un poil trop écrite à mon goût. Fusionner le documentaire et la fiction peut s’avérer très beau mais force est de constater que Saleh Haroun est moins à l’aise avec le second.

Coup de cœur (One from the heart) – Francis Ford Coppola – 1982

37.-coup-de-coeur-one-from-the-heart-francis-ford-coppola-1982-1024x808   6.0   J’aime bien la démesure et les couleurs, on sent que c’est du Coppola, on pourrait même dire qu’on sent que c’est du Coppola post Apocalypse now. Mais ça ne me touche pas vraiment, j’ai trop l’impression d’être devant un dispositif, un tour de force un peu calculé plus que devant une histoire, qui a pourtant tout pour être déchirante.

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silencio


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