Publié 21 janvier 2015
dans Jane Campion
Visages noyés.
6.0 Fresque en trois parties, la première centrée sur la jeunesse douloureuse de Janet, exclue physiquement, exclue mentalement, la suivante principalement sur ce qui la mène à son internement après l’adolescence, puis une dernière partie très douce, contant sa collision avec le monde adulte et l’écriture qui la fait tenir, survivre dont le livre en question (de la vraie Janet Frame) raconte grosso modo ce que l’on voit. C’est un beau film qui manque néanmoins d’épure narrative et formelle pour me surprendre, me suspendre et m’émouvoir. Il y a de gros problèmes de montage, aussi bien dans la linéarité, la dynamique que la durée. Rien ne dure suffisamment mais du coup tout est long, dispaché, épileptique, empesé. Et puis j’ai un souci avec l’esthétique générale, sorte de mélange foiré entre Malick et Von Trier. Mais objectivement je pense que c’est tout de même assez bien fait car on évite les pièges béants du biopic sans toutefois échapper à une dimension in fine hyper classique. C’est tout de même bien mieux que ce que j’ai vu de Campion jusqu’à présent – A l’exception du très beau Top of the lake, je ne vois d’ailleurs pas comment elle pourrait faire mieux que ça.
Publié 21 janvier 2015
dans James Gunn
Service minimum.
1.0 A chaque fois que je me pose devant une production Marvel j’espère trouver un truc qui le différenciera du reste, un truc qui ne sera pas l’éternel maillon supplémentaire d’une chaîne d’un ennui cinématographique abyssal, un truc pop corn un peu distordu quoi, on peut rêver. Ce nouveau produit tout beau tout neuf est absolument consternant d’auto complaisance. Dopé à l’hystérie habituelle, avec ces quelques petites pointes d’humour calculées et petites émotions en cascade, Les gardiens de la galaxie arrive en best of. Mix parfait de Avengers, Iron man et Les 4 fantastiques. Bref, AUCUN intérêt. Je me rends compte que c’est un genre de plus en plus navrant. Et vraiment ça me réjouit tant je n’en ai strictement rien à battre.
8.5 Les bras m’en tombent. Et les larmes ont coulées… Je trouve ce film d’une audace incroyable, sur la vie d’une mère et de sa fille, avec une première partie sur trente ans avec des ellipses de dingues et une seconde à l’opposé, figée, encore plus belle. On dirait du Sirk. Brooks a fait son Mirage de la vie. Et les comédiens c’est simple, je n’avais peut-être pas vu autant de justesse et de subtilité émotionnelle depuis Kramer vs Kramer. Bref c’est sublimissime. J’attends de le revoir pour en écrire davantage…
Publié 20 janvier 2015
dans Alekseï Fedortchenko
Miroir, miroir.
5.0 J’aime bien autant que je n’aime pas, disons que c’est le prototype parfait du bébé russe à la Tarkovski, mais ça ne va pas bien loin, ça ne déborde jamais. Alors c’est joli, parfois même fort, par moment assez radical mais c’est froid, trop précis, trop scolaire pour faire naître autre chose que de l’indifférence.
Publié 20 janvier 2015
dans Naomi Kawase
Le cycle éternel.
7.0 Sans doute à mes yeux (de ce que j’ai vu) le plus beau film de Naomi Kawase depuis Shara, où l’on retrouve d’ailleurs ses mêmes thèmes de prédilection et ce cycle naissance/vieillissement passés cette fois uniquement par le prisme du documentaire. Très beau film.
Publié 20 janvier 2015
dans Robert Zemeckis
7.5 Grand film sur la dépendance et l’acceptation de cette dépendance. Je ne savais pas Zemeckis encore capable de réaliser un si beau film donc je suis ravi. C’est un film moraliste mais pas moralisateur du tout. C’est vraiment un pauvre type face à un dilemme moral. On dirait presque du Capra.
Publié 20 janvier 2015
dans Wolfgang Petersen
Ecrit sur du vent.
5.5 Mon attachement à ce film est purement enfantin. L’impression que le plaisir qu’il me procurait n’existe plus que dans ma mémoire et via diverses scènes clés qui jadis me touchaient. J’étais brièvement retombé dessus l’an dernier et c’est déjà cette sensation que quelques unes de ses séquences m’avaient laissée : Un truc pour gosse 80′s qui aurait douloureusement traversé le temps. J’ai donc décidé de le revoir en son entier dans les meilleurs conditions soit au moyen d’un support blu ray tout à fait honorable en croisant les doigts pour que le film me happe à nouveau comme il avait su le faire par le passé.
Mais rien n’y fait. Je suis ému de le revoir mais j’y reste complètement en dehors. Ravi de réentendre la bande originale de Moroder, de retrouver Atreyu et Falkor, de revivre l’une des séquences de cinéma les plus déchirantes de mon enfance (Celle avec Artax, of course). Mais je trouve le film aujourd’hui incroyablement poussif, dénué de rythme, sans grande trouvaille, un film pour enfant, rien de plus. A part ça je ne me souvenais plus que l’intégralité de la lecture de Bastien se déroulait dans son école, dans cette curieuse pièce délabrée, entre grenier à bazar et théâtre abandonné, seule grande idée du film.
Publié 20 janvier 2015
dans George A. Romero
4.5 Le début du film est prometteur. Quelque part situé entre le Hitchcock de Birds et le Cronenberg de Chromosome 3 voguant habilement entre le macabre et la série B. Mais dès l’entrée dans le champ de George Stark, personnage de roman crée par l’écrivain Thad Beaumont, alter ego violent lui permettant de se libérer de toutes ses sombres pulsions, cette adaptation du roman éponyme de Stephen King devient alors hyper mécanique, sans mystères et sombre littéralement dans une torpeur considérable jusqu’à un final sans intérêt puisque très attendu. On a connu Romero, ne serait-ce que d’un strict point de vue mise en scénique, nettement plus inspiré.
Publié 19 janvier 2015
dans Pier Paolo Pasolini
8.0 C’est superbe. Et complètement délirant de se dire que c’est son premier film. Sinon, c’est le dixième film de Pasolini que je voie, je ne dirais pas que j’ai vécu dix tremblements de terre mais presque.
Pour l’occasion je tente un top,
Bien que tout soit fabuleux…
01. L’évangile selon saint Matthieu
02. Salò ou les 120 Journées de Sodome
03. Oedipe roi
04. Accattone
05. Théorème
06. Mamma Roma
07. Enquête sur la sexualité
08. La Ricotta
09. Les mille et une nuits
10. Carnet de notes pour une Orestie Africaine
Et oui, il m’en manque un sacré paquet à découvrir.
Un ami me disait récemment que pour lui aussi, L’évangile selon Matthieu était son Pasolini préféré. Mais qu’il était intimement convaincu qu’Accattone était son plus beau puisque son premier. L’apanage des poètes. Il va de soi que je le rejoins.
Publié 19 janvier 2015
dans Abel Ferrara
Ostia.
6.5 L’un des projets les plus casse-gueule de l’année et donc excitant mais flippant. Comment Abel Ferrara – l’un des cinéastes les plus intéressants du moment, oui je m’enflamme – allait-il la même année passer de Dsk à Pasolini ? Purée, l’un des plus grands artistes de la terre, quoi ! Réponse : En faisant du Ferrara, c’est à dire avec beaucoup d’humilité, entre fougue et incompréhension. Le film se cale très bien sur la personnalité du bonhomme sans parodier ou reprendre les traits de son cinéma. C’est à la fois donc très touchant mais aussi tout petit, car on voudrait que ça s’embrase ce que Ferrara n’a apparemment pas osé faire. C’est son Last days à lui. Il lui manque juste la même folie. Il y a de belles idées qui semblent coincées au stade de l’embryon. Mais en tant que biopic, ça n’a absolument rien à voir avec ce qu’on connaît ce qui en soi est déjà une chouette nouvelle. Une cure de PPP devrait me prendre ces prochains jours…