Le diable au corps.
4.5 A l’image de ces cornes ridicules ou de son attirail final ô combien grandiloquent, le cinéma d’Aja ne jaillit pas d’un terreau de finesse. Cette générosité démesurée fonctionnait bien dans son remake du film de Craven, La colline a des yeux, dans lequel il lâchait les chevaux, toute boucherie horrifique gros calibre qu’elle était, balisée d’apparence mais transgressive en son sein. Un geste qui fonctionnait moins mais toujours malgré tout, dans sa relecture d’un film terrifiant et ultra sombre de Joe Dante, qu’il s’appropria en le transformant en véritable récréation gore. Signe qu’Aja n’a jamais été un cinéaste à idées mais un honnête artisan de la métamorphose de films de genre, faiseur accompli. Au-delà de la roublardise de son fameux twist, Haute tension, il y a dix ans, était pourtant une incursion violente, cruelle, diabolique dans un genre qu’il pervertissait à la française – Maïwenn et Cécile de France au casting. Un survival bien gras qui dépotait sévère.
Horns vient confirmer un peu tout cela, craintes et espérances. Cette adaptation d’un roman du fils de Stephen King (Lol) est un divertissement de bonne facture, à l’instar du chouette et mésestimé Mirrors, qui oublie d’inventer mais continue de parfois surprendre, au détour d’une ambiance bien crassouillarde ou d’éléments d’un récit pas comme les autres. Ici, par exemple, Daniel « Harry Potter » Radcliffe (Après Elijah Wood chez Khalfoun, faut croire que certain essaient de se racheter une image) se retrouve accusé d’avoir tué l’amour de sa vie, puis se réveille avec des cornes, lesquelles lui permettent au contact de nombreux personnages, de les entendre dire ce qu’ils pensent et rêvent secrètement. Et forcément lui permettre de retrouver le vrai tueur, mais ce n’est pas si important. Il y a quelque chose à la Teeth là-dedans, à la Jennifer’s body aussi. Tableau d’une Amérique perverse, violente, justicière. Et si le film s’enferme dans un gloubi boulga final forcé et attendu, ce qu’il délivre méticuleusement via des flash-back, tout au long du récit, de cette histoire d’amour crucifiée est suffisamment touchant pour combler l’attention et éviter le nanar.
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