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Archives pour 12 février, 2015

Gasherbrum, la montagne lumineuse (Gasherbrum, Der leuchtende Berg) – Werner Herzog – 1985

10474457_10152681316477106_781288059713053281_nSing for song drives away the wolves.

   9.0   Il existe dans la chaine de l’Himalaya des sommets plus hauts que les autres, convoités par les plus téméraires alpinistes. Ces pics que ces chevronnées habitués escaladent (sans camp fixe ni radio ni oxygène) avec peu de chance de parvenir à en redescendre. Les Gasherbrum sont de ceux-là mais ils ont la particularité chère à nos deux compères fous, d’être au nombre de deux sur le même flanc de montagne. Deux sommets d’affilée, deux 8000m en une seule ascension, cela devient leur ultime but, l’enjeu d’une vie. Herzog va les accompagner avec son caméraman jusqu’à mi-chemin. Là où les premières épaisses glaces ne sont encore que des marqueurs, libérant parfois de folles trouées d’eau turquoise ici ou cascades boueuses là.

     Ces eaux déchainées et ces hommes en marche rappellent inévitablement Aguirre et ses longues séquences à longer le fleuve et les forêts. Ce sont les plus beaux moments du film, où l’infiniment minuscule et éphémère côtoie, par la caméra d’Herzog, l’infiniment grand et permanent selon un silence terrifiant ou un vacarme assourdissant. Et puis quand on ne l’attend pas le film offre des brèches merveilleuses. Ici un massage palestinien on ne peut plus dynamique, quasi tribal, qui ne brise pourtant jamais le discours tout à fait censé du grimpeur en pleine préparation physique et mentale.

     Et puis il y a aussi ces instants où le cinéaste scrute leur intimité et leurs douleurs, écoutant le récit de l’un d’eux, Reinhold Messner, qui se confie à propos de la perte de son frère survenue durant l’une de leurs excursions suicidaires. Il finit par en pleurer. Par craquer totalement. Et Herzog a l’élégance de filmer ces larmes jusqu’au bout. Les larmes c’est quelque chose qui se filme en entier ou pas du tout. Ce qui est beau dans ce sanglot à peine retenu, c’est qu’on ne sait pas très bien s’il prend sa source dans la douleur du souvenir ou dans la peur et l’exaltation du présent, étant donné qu’il attaque la fin de son ascension le lendemain. Ce qui est beau c’est aussi de voir cet homme, passionné et fou allié, encore attaché aux hommes, à l’émotion de la perte, à sa famille, il parle aussi de sa mère.

     C’est un homme – son acolyte, Hans Kammerlander sera plus discret, plus pudique devant la caméra du cinéaste allemand – sur deux dimensions, qui rêve de ne plus grimper tant il a conscience du danger que cela représente, pour lui et ceux qui l’accompagnent. Bien que la mort ait imprégné nombreuses de ses excursions (des groupes parfois décimés) il dit ne pas avoir envie de mourir. Il dit juste qu’il n’a pas trouvé l’équivalent qui lui permettrait d’accomplir à ce point sa motivation quotidienne et vitale consistant à suivre un chemin jusqu’à ce qu’il disparaisse. Marcher jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de marcher. Jusqu’au bout du monde. Toute une vie contenue dans une excursion. Infinie. Un artiste fondu dans son art. Herzog dit se reconnaître beaucoup en lui.

     Et que dire de ce morceau de Popol Vuh, Sing for song drives away the wolves, utilisé lors d’une séquence complètement libre, échappée, détachée, probablement l’une des plus belles pièces du compositeur couplée à l’une des plus belles séquences de tout le cinéma de Werner Herzog.

La soufrière (La Soufrière, Warten auf eine unausweichliche Katastrophe) – Werner Herzog – 1977

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Le rebelle.

   8.0   1976. Alors que l’on avait évacué la quasi-totalité des habitants de Basse-Terre, en Guadeloupe, Herzog s’est pris de fascination pour cette ville soudainement abandonnée, menacée par l’éruption éminente du volcan qui la surplombe, La soufrière, crachant d’épaisses masses de fumées et faisant régulièrement trembler la terre. La catastrophe annoncée par les sismographes allait être équivalente à celle de cinq bombes atomiques. Herzog voulu filmer ces lieux dans lesquels ne régnait plus qu’un lourd silence ou les cris des animaux qui n’étaient pas encore mort de faim. Il tenta même de grimper plus haut accompagné de son cameraman mais fut freiné par des chemins sinistrés et des nuages de fumées charbonneuses. Il en profita alors pour approcher un homme qui avait refusé de partir, préférant à une fuite sans but, une mort apaisée sur ses terres, s’en remettant à dieu.

     En plein centre de son métrage, Herzog insère des images d’archives en évoquant une catastrophe similaire survenue au début du siècle en Martinique. Celle que provoqua l’éruption de la Montagne Pelée. Le danger à l’époque mal discerné, l’évacuation tarda et la catastrophe fit trente mille morts, détruisant intégralement la ville de Saint-Pierre. Mais au-delà de l’évocation de la tragédie, Herzog s’intéresse au seul homme qui avait survécu sur les lieux, au milieu d’une marée de corps calcinés et de bâtiments rasés. C’était un prisonnier, le plus dangereux de tous. Celui que l’on avait enfermé dans un si profond cachot que ça lui sauva la vie.

     C’est toute l’absurdité et la folie des Hommes auxquels s’est toujours intéressé le cinéaste qui est résumé dans ce fait improbable et cruel. Et toute cette dimension qui le fascine et le fascinera toujours, traduite dans ses futurs fictions et autres documentaires, sur la puissance inconnue et imprévisible de la Nature, quelle que sa forme soit. Une fascination inconsciente qui le pousse lui aussi à réaliser cet exploit invraisemblable de faire ce film sur une catastrophe inévitable qui n’eut finalement jamais lieu. D’être à son tour le dernier des hommes. Dommage qu’il encombre ses images (d’une puissance sans égale) de sa voix (en off, comme il sera coutumier) un peu trop présente. Hormis ce détail c’est un film extraordinaire. C’est tout le cinéma du cinéaste allemand qui est déjà là.

Passe ton bac d’abord – Maurice Pialat – 1979

10341977_10152163919872106_7185381336830961109_n Sous la grisaille des dieux.  

   8.5   Superbe. J’avais oublié que c’était si beau. Probablement l’un des plus beaux documents qui soit sur la jeunesse (de vingt ans) fin des années 70 dans le Nord de la France. Sorte de Nous ne vieillirons pas ensemble où le couple aurait été transposé au groupe. Et puis c’est très émouvant de voir Philippe Marlaud deux ans avant La femme de l’aviateur. Le pauvre, ce seront ses deux seuls rôles (Pialat et Rohmer) puisqu’il disparut en 1981 à l’âge de 22 ans dans des circonstances épouvantables…

Hunger games – Gary Ross – 2012

10302159_10152185424372106_1768797226720311138_n Laideur royale.

   1.5   J’ai tenu une heure sans dormir. En détestant. Puis je me suis assoupi donc ça passait mieux, forcément. Je trouve ça un peu fasho sur les bords, très chiant et excessivement laid. Mieux vaut revoir Battle royale, qui n’était cependant déjà pas terrible mais qui avait ce mérite de proposer quelque chose formellement et de ne pas tomber dans le pur film d’ado en roue libre. Reste que ce film semble assez bien représenter un pan de la jeunesse d’aujourd’hui, mais pour faire ça, bon, voilà quoi. Je passe mon tour concernant le second volet.

Hitman – Xavier Gens – 2007

1504086_10151846495372106_213303736_n     1.0   Je m’attendais à un truc super nul et… c’est super nul. Ça m’a rappelé le truc de Mozinor sur les productions Besson : « C’est l’histoire d’un tueur qui protège une pute et qui roule en Audi et après il pète la gueule à un mec de l’est… »  Reste Olga, très belle.

Quelques jours avec moi – Claude Sautet – 1988

16316_10152350273337106_4368018241820470037_nL’amour par-terre.

   5.5   C’est un Sautet moyen dans l’ensemble. La première demi-heure est superbe, du pur Sautet, fascinant et magnifiquement écrit puis ça retombe et s’embourbe dans un truc chic et trop foutraque pour lui.

Black Mirror – Saisons 1 & 2 – Channel 4 – 2011 & 2013

45.-black-mirror-saison-1-1024x575The man-machine.

   6.0   Concernant la Saison 1 : Très marqué par l’épisode de lancement, son intensité, sa dureté, sa sécheresse. Moins par le second que je trouve plus calculateur même si très fort sur bien des points. J’avoue que le troisième (sur le couple) m’a mis une belle claque. Série anthologique plus qu’intéressante.

     Concernant la saison suivante : C’est du même niveau que la première saison, toujours passionnant, actuel, visionnaire, fulgurant et inégal. Les épisodes de l’une répondent d’ailleurs à ceux de l’autre, de façon inversée. Le premier étudiant la cellule conjugale sous l’angle de la perte, le dernier centré sur l’impact politique et médiatique. L’épisode central, malin ici encore, joue cette fois d’un caractère survival en pointant du doigt une société justicière. Il va de soi que tout cela est on ne peut plus pessimiste.

     Et puis la chaîne nous a offert il y a peu un épisode spécial Christmas, reprenant nombreuses trames échafaudées durant certains anciens épisodes de la série, en les nouant dans un récit à l’ampleur phénoménale, vertigineuse pouvant faire pâlir certains films de SF avisés. Jon Hamm, au casting, est prodigieux. Et la première demi-heure (l’épisode est relativement long pour du Black Mirror) est haut la main ce que la série a offert de mieux à ce jour. Enfin, tout l’épisode est fabuleux, la fin notamment – juste un léger bémol sur la partie centrale.

     Au-delà des récits, j’avoue ne pas être subjugué plus que cela par ce type de programme, sorte de succession de moyens métrages, en somme. L’anthologie dans l’anthologie, un procédé qui a ses limites. Mais bon, ça reste largement dans le haut du panier.

L’emprise – Claude-Michel Rome – 2015

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L’un contre l’autre.

   3.5   Mon principal problème c’est qu’en tant que fait divers (Niveau Confessions Intimes) c’est typiquement le genre de truc auquel j’ai du mal à croire (Comment peut-on à ce point ne pas se respecter soi-même, se laisser avilir par quelqu’un, sans parler des conséquences sur les enfants ? Car ce n’est même plus qu’une question de violence, ce type était un véritable connard au quotidien. Bref ça me dépasse) alors transposé en fiction cela relève pour moi de la pure invraisemblance. Ensuite, je trouve que le film fonctionne un peu trop souvent à la saynète utile où ses personnages ne sont que des pantins au service d’un scénario bien ordonnancé. Chaque scène a son utilité, son instant important inside. On s’en remet alors à l’interprétation et il faut bien reconnaître que c’est du haut de gamme, tant mieux puisque la fiction compte beaucoup sur chacune de ses performances – Vuillemin et Testot assurent. Et il y a le montage parallèle qui me semble plutôt astucieux, parvenant à créer une dynamique intéressante. Pour le reste on stagne niveau téléfilm et on a déjà vu ça cent fois mieux (au cinéma) ailleurs (L’un contre l’autre, de Jan Bonny ; L’étrangère, de Feo Aladag ; Les nuits avec mon ennemi, de Joseph Ruben ; Sans parler de ce qui peut parfois apparaître chez Ray, Sirk, Scorsese ou Coppola). Mais c’est sûr dès que ça se plaque sur un bouquin, ça se bouscule au portillon. Et puis parlons de la forme, puisque c’est tout ce qui m’intéresse. Que l’on traite de la maltraitance conjugale ou que l’on filme un arbre, ce qui m’intéresse c’est comment on parvient à raconter une histoire. Là je trouve le film assez peu généreux, très pauvre narrativement et bâclé ontologiquement, on ne comprend pas vraiment ses enchainements et puis je ne m’intéresse à aucun de ces personnages. Concernant la musique Gladiator style c’est juste pas possible. Et ça l’est encore moins avec ces apartés musicaux chantés façon Nouvelle star sous forme de clips respiratoires, pour que tu chiales ta race voyons – Le sound of silence, qui n’est d’ailleurs pas celui de Simon & Garfunkel est à faire pleurer dans les chaumières. C’est vraiment un truc fait pour faire déculpabiliser la société de ne rien faire (la mise en scène du retournement final, on a vraiment l’impression que ça fait plaidoyer pour les avocats généraux) ainsi que moi, spectateur ignorant. Bon, ce n’est qu’un téléfilm mais après tout, Martha de Fassbinder et La maison des bois, de Pialat aussi à la base (Oui, j’aime régulièrement la sortir celle-là).

L’amour sorcier (El amor brujo) – Carlos Saura – 1986

33. L'amour sorcier - El amor brujo - Carlos Saura - 1986     6.5   J’ai littéralement été emporté par le souffle de ce mélo sous flamenco flamboyant, superbement mis en scène dans un décor qui rappelle certains films de Kurosawa.

Noces de sang (Bodas de sangre) – Carlos Saura – 1981

29. Noces de sang - Bodas de sangre - Carlos Saura - 1981     6.0   Beau film sur le corps en mouvement avec cette caméra qui apprivoise cette troupe dans ses préparatifs puis dans ses exercices d’entraînement avant de finir sur la représentation, le tout dans la continuité du réel.


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