4.0 Là par contre, je retrouve le Tavernier qui me gonfle, celui de Que la fête commence. Tout est hystérique, surécrit, surjoué. Alors ok il y a une certaine ambition que l’on ne retrouve dans aucune fresque française populaire/intéressante mais ce n’est pas ce qui convient à ce cinéaste, à mon sens. Je n’ai vu que 1h15 car je me suis endormi – ce n’était pas dû qu’à la fatigue. J’ai vu la suite le lendemain, avec guère plus de conviction.
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Archives pour février 2015
Capitaine Conan – Bertrand Tavernier – 1996
Publié 4 février 2015 dans Bertrand Tavernier 4 CommentairesL’horloger de Saint-Paul – Bertrand Tavernier – 1974
Publié 4 février 2015 dans Bertrand Tavernier 0 Commentaires7.0 Merci Arte, qui diffusait deux soirs de suite, deux Tavernier que je ne connaissais pas. J’ai adoré celui-ci, l’un de ses plus beaux films à mes yeux, dense, mystérieux, qui démarre comme l’esquisse d’un polar pour finir en manifeste résistant. Noiret est immense. Et la relation que son personnage entretient avec son fils, bouleversante. Et Lyon y est sublimée, comme dans un autre des plus beaux films de Tavernier, Une semaine de vacances. A croire que la ville des Lumières (qui est aussi la sienne) lui réussit à merveille.
Vivre sa vie : Film en sept tableaux.
8.0 C’est l’un des premiers films de Lars Von Trier que j’ai vu si ce n’est le premier. A moins que ce ne soit Dancer in the dark, je ne sais plus très bien. A l’époque, je me souviens avoir enchaîné avec L’hôpital et ses fantômes, série de huit épisodes, assez géniale, ainsi qu’avec sa trilogie hermétique Europe (Element of crime, Europa, Epidemic), qui fut une véritable épreuve je dois bien l’avouer. Je réessaierai un jour, promis.
Je suis content de me pencher à nouveau sur sa filmographie car j’aime de plus en plus tout ce que je vois de lui, même si je continue de penser que sa meilleure période c’est en ce moment que ça se passe. Breaking the waves est un film puissant, un mélo hors des normes, qui a vingt ans mais qui pourrait tout aussi bien en avoir quarante ou cinq. C’est un film qui vieillit et continuera de vieillir très bien. Bref, c’est beau, terrible, fort. Dreyer n’est pas loin.
De nombreuses choses/idées/séquences pourraient me déranger là-dedans et bien entendu le syndrome Dancer in the Dark (post Dogme, début de sa période dite Coeur d’or) commence déjà à faire son apparition, tant le réalisateur danois fait progresser son récit de manière emphatique peu commune. A tel point qu’on pourrait lui adjuger comme marque de fabrique. En tout cas si on s’en tient là le film peut très vite devenir insupportable.
Mais j’ai envie de l’aimer de tout mon coeur ce film et je ne sais pas tout à fait pourquoi. Enfin si, peut-être que cette mise en scène violente, qui cueille chaque sentiment intensément, qui dépareille d’ailleurs de ses travaux précédents (sa trilogie européenne) me touche davantage. Peut-être aussi qu’Emily Watson me renverse totalement. Et peut-être que cette envie de briser les conventions cinématographiques passe selon moi au-dessus d’un traitement misérabiliste que beaucoup ont rejeté. Je n’ai jamais trop su quoi en penser. Parfois je l’aime soudainement et inexplicablement moins. Puis je le revois et me reprend une claque. Il y a vraiment quelque chose qui saisit les tripes là-dedans.
Le diable au corps.
4.5 A l’image de ces cornes ridicules ou de son attirail final ô combien grandiloquent, le cinéma d’Aja ne jaillit pas d’un terreau de finesse. Cette générosité démesurée fonctionnait bien dans son remake du film de Craven, La colline a des yeux, dans lequel il lâchait les chevaux, toute boucherie horrifique gros calibre qu’elle était, balisée d’apparence mais transgressive en son sein. Un geste qui fonctionnait moins mais toujours malgré tout, dans sa relecture d’un film terrifiant et ultra sombre de Joe Dante, qu’il s’appropria en le transformant en véritable récréation gore. Signe qu’Aja n’a jamais été un cinéaste à idées mais un honnête artisan de la métamorphose de films de genre, faiseur accompli. Au-delà de la roublardise de son fameux twist, Haute tension, il y a dix ans, était pourtant une incursion violente, cruelle, diabolique dans un genre qu’il pervertissait à la française – Maïwenn et Cécile de France au casting. Un survival bien gras qui dépotait sévère.
Horns vient confirmer un peu tout cela, craintes et espérances. Cette adaptation d’un roman du fils de Stephen King (Lol) est un divertissement de bonne facture, à l’instar du chouette et mésestimé Mirrors, qui oublie d’inventer mais continue de parfois surprendre, au détour d’une ambiance bien crassouillarde ou d’éléments d’un récit pas comme les autres. Ici, par exemple, Daniel « Harry Potter » Radcliffe (Après Elijah Wood chez Khalfoun, faut croire que certain essaient de se racheter une image) se retrouve accusé d’avoir tué l’amour de sa vie, puis se réveille avec des cornes, lesquelles lui permettent au contact de nombreux personnages, de les entendre dire ce qu’ils pensent et rêvent secrètement. Et forcément lui permettre de retrouver le vrai tueur, mais ce n’est pas si important. Il y a quelque chose à la Teeth là-dedans, à la Jennifer’s body aussi. Tableau d’une Amérique perverse, violente, justicière. Et si le film s’enferme dans un gloubi boulga final forcé et attendu, ce qu’il délivre méticuleusement via des flash-back, tout au long du récit, de cette histoire d’amour crucifiée est suffisamment touchant pour combler l’attention et éviter le nanar.
How I met your mother – Saison 9 – CBS – 2014
Publié 2 février 2015 dans How I met your mother et Séries 0 Commentaires6.5 Kids… Damn, it’s over ! Après dix ans de bons et loyaux services. Dix ans, bordel. A l’époque je savais à peine ce qu’était une série. En guise de dépucelage, je découvrais Lost, Desperate Housewives et How I met your mother. Point barre. Depuis, on peut dire que j’ai fait de grandes et belles rencontres, reléguant le plaisir annuel d’un HIMYM au rang de sympathique récréation, défouloir post journée de merde, d’autant plus anodine qu’elle s’est, il faut bien le reconnaître de plus en plus empantouflardée. Mais ne boudons pas entièrement non plus, j’ai toujours pris un grand plaisir à retrouver ma bande de potes délurés – Remarque qui doit valoir aussi pour son ancêtre Friends, mais je n’ai jamais suivi assidument, mea culpa, encore un truc à rattraper, vaste programme – même s’ils vieillissaient souvent aussi mal que leurs gags. Jusqu’à cette ultime saison. Qui plus est avec cette ultime saison, qui sonne comme un adieu définitif, à une série que j’ai suivi, à une partie de mes 20 ans, en somme. HIMYM m’aura bien fait marrer, ennuyé aussi, parfois, déçu, beaucoup, mais j’ai l’impression qu’elle pouvait me faire avaler toutes ses immenses faiblesses, que je la suivrais jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. C’était ma récré à moi.
Une saison 9 qui n’échappe pas à la règle. Aussi lourde que jubilatoire. Flemmarde qu’astucieuse. Un premier tiers de saison volontiers excentrique et exécrable gommé d’un trait par un épisode 9, Platonish, absolument remarquable. Aussitôt suivi d’une accalmie coutumière (d’où l’on extirpera un ingénieux épisode tout en rimes) soulevée par le dynamisme et la drôlerie de deux épisodes punchy, que sont Bass Player Wanted et Slapsgiving 3: Slappointment in Slapmarra (Le second relançant l’attendue et désormais fameuse baffe qui fait office de fil rouge particulièrement délicieux, durant plusieurs saisons). Ensuite on pourrait évoquer un très bel épisode 16 qui permet de saisir comment La mère a finalement rencontré Ted, en suivant tout de son point de vue sous la forme d’un spin off, en gros, via de nombreuses références et croisements hilarants avec des épisodes précédents, toutes saisons confondues. On est vraiment entré dans une autre dimension, posée, intime, mélancolique. On prépare nous aussi nos adieux. Passons sur l’épisode Vesuvius, une vraie purge ou l’épisode Gary Blauman, lourdingue. J’aime en revanche l’épisode Daisy qui bien que prévisible prépare lui aussi assez bien le terrain des adieux et une infinie tristesse relayé par l’attendu épisode du mariage, touchant point d’orgue, tout en inquiétudes (Ted est sur le point de s’envoler pour Chicago) et en doutes (Robin repense encore au médaillon et au cor bleu) avant le double épisode final qui je dois bien l’avouer, m’a complètement retourné. Larmichettes inside.
Je ne pensais pas que la série se fermerait sur une note aussi sombre et c’est pourtant avec le recul, entièrement ce qu’elle escomptait depuis son lancement et ce pourquoi la relation entre Robin et Ted a toujours pris plus de place et d’importance que celle entre Ted et Tracy que l’on ne verra jamais. Quelques épisodes avant la fin je me disais justement que j’allais regretter que la série n’ait pas développé davantage le personnage de Tracy tout en admettant que c’était une autre histoire. Pourtant, cet ultime épisode ne se contente pas d’évoquer sa disparition, il ferme le livre selon des événements beaucoup plus proche du réel : Un mariage qui se brise (tandis que toute la saison s’y concentrait), un groupe qui se casse inéluctablement, Barney qui se découvre une passion de père, la mort de l’une, les solitudes des autres. Et puis l’effet miroir en guise de fin, qui est aussi le début, d’une histoire, de la série. Je suis fébrile quand tout se déferle de cette façon-là. Avec une telle lucidité. Un vertige temporel (quinze ans racontés en 20 minutes) terrassant. Forcément donc, cette conclusion m’a achevé. Il va de soi que je trouve la fin alternative complètement à chier.
Bref, je me répète mais c’est fini. 208 épisodes à suivre les histoires de Lily, Robin, Barney, Marshall et Ted. Neuf saisons, ce n’est pas rien. Neuf saisons à s’intéresser de loin à comment Ted a rencontré la mère de ses enfants, mais de près à ses relations avec ses amis et toutes les petites choses aussi anodines soient-elles qui l’ont peuplés, qui l’ont conduit jusqu’à cet événement et notamment à cet amour impossible, pleine de rendez-vous manqués, avec Robin. L’amour de sa vie. L’autre amour de sa vie, qu’il devait attendre d’avoir de grands enfants et des cheveux grisonnants pour enfin accomplir.
8.0 Je ne l’avais pas revu depuis le ciné. C’est encore mieux que dans mes souvenirs. Mise en scène vraiment aux petits oignons. Chef d’œuvre de fin. C’est un film tout jeunot mais je pense qu’on peut d’ores et déjà dire que c’est un grand classique, non ?
En définitive The ghost writer c’est l’histoire d’un fantôme sur les traces d’un fantôme mort dans sa quête de vérité. Le nègre (terme français) de l’ancien Premier ministre britannique vient d’être retrouvé mort. Afin de mener à terme son ouvrage quelqu’un est amené à le remplacer. Ewan McGregor, dépourvu d’une autre appellation que celle de Ghost writer durant toute la durée du film, est chargé du travail qu’il doit rendre trois semaines plus tard, tout cela en échange d’un très gros cachet. L’écrivain fantôme est en quelques sortes un raté. Il n’a pas l’étoffe d’un écrivain autodidacte alors il devient la plume des hommes célèbres.
On est déjà dans une spirale hitchcockienne. Le pauvre type entraîné dans une machination qui le dépasse, héritage hitchcockien à l’obsession. Et puis en même temps ce genre de récit progressif, parano, plein de fausses pistes c’est totalement Polanski. Il y a d’abord une étape où le personnage ne se doute de rien, il est dans l’appétit du gain, totalement aveugle. La lecture des six cents pages de l’ouvrage ne le réjouit pas mais il n’a pas le choix il faut qu’il s’y lance. Et puis par la suite il y a tout un tas de petits secrets, de découvertes étranges, de comportements qui se démarquent. Le récit est très limpide et en même temps très complexe. On progresse avec le personnage. On ne voit rien d’autre que ce qu’il voit. Ces grands espaces qui l’encerclent deviennent peu à peu menaçants. Il est comme emprisonné. Le fait est, en plus, qu’il doit séjourner chez son hôte qui vit reclus sur une île. Les indices pleuvent dans le film, des indices qui mènent à quelque chose, d’autres qui ne mènent à pas grand chose. Disparition de ceux qui en savent trop. On pense à une gigantesque conspiration politique. Puis disparition du principal suspect. Efforts anéantis. Polanski nous demande de regarder au second plan. C’est ce que l’on voit moins qui pourtant saute aux yeux. A l’image de ce balayeur sur la terrasse – qui fait office de running-gag – qui n’en finit plus de ramasser les feuilles.
Il n’y a pas tant de film de Polanski qui joue autant sur le plan large en fin de compte. Dans The ghost writer si l’on n’est pas en intérieur où le plan se resserre forcément nous sommes dans l’immensité indomptable des plans larges en extérieur. Cette embarcation de ferry la nuit par exemple. Cette maison isolée uniquement encerclée de dunes de sables, puis de l’océan. Cet océan qui ramène des corps à des endroits où il est normalement impossible qu’il les ramène. Il y a une gestion de la lumière incroyable.
Et puis il y a les cinq dernières minutes du film. La vérité éclate, elle emporte tout. Un bout de papier qui circule de mains en mains avant d’arriver jusqu’à sa destinatrice. Un verre levé. Une confidence dans l’oreille. Un homme qui cherche un taxi. On y retrouve ce fameux plan large. Il disparaît hors champ. Une voiture débarque à une vitesse folle, le renverse toujours hors champ. Les feuilles du manuscrit qu’il tenait entre ses mains, et donc la vérité sur cette machination s’envolent dans les rues new-yorkaises. En attendant qu’un ghost balayeur prennent à son tour le relais. On a retrouvé le Polanski de Chinatown.
Il est intéressant de faire un léger comparatif avec le Scorsese sorti la même année dans le sens où ce sont tous deux des films centrés sur un personnage emprisonné. Si Shutter island m’a cueilli, bouleversé, m’a fait terriblement flipper aussi donc a déployé davantage d’émotions immédiates me concernant, je me surprends aujourd’hui à revoir plus aisément le Polanski tant en terme de récit et de mise en scène je le trouve d’une richesse absolument démente. Et il a cette capacité à ne pas se dévoiler d’un seul coup. J’y pense régulièrement depuis que je l’ai vu. Je me remémore des instants que je croyais avoir oubliés. C’est vraiment un grand film.