Chelsea / Paris (Ldc 2015)

0a8f1e8b8e9331cd6761ea9114535On est chez nous.

     C’était l’un des chants scandés par le public parisien, hier soir, en fin de rencontre, à Stamford bridge. Le fait est en soi déjà insolite. Mais le plus insolite, finalement, c’est qu’on les entendait plus à Londres hier qu’au Parc tous les quinze jours. Enfin, ça n’a rien d’insolite puisque ne se déplacent que les vrais, mais c’était étonnant. On a soudainement retrouvé les Ultras de la bonne époque.

     J’avoue avoir été très sceptique en début de saison face à l’association de cette charnière centrale brésilienne. L’un des deux seulement jouait lors de la déroute face à la Mannschaft cet été, mais quand même. En prendre sept en demi d’un mondial, tu te demandes comment ils ne vont pas mettre des années à s’en remettre. A leurs côtés il y a aujourd’hui quasi systématiquement Maxwell et Marquinhos, deux métronomes, giga classe. Bref ça donne la défense du Brésil. Gageons que si le premier est en fin de carrière, le second est en passe de s’en ouvrir une idéale. Je ne vais pas en rajouter sur leur performance exemplaire globale d’hier mais il faut signaler que c’était du très grand. Ça devient monnaie courante.

     Paris nous l’a joué épique. Paris n’a ni tenu bon, ni fait de la survie, ils ont fait le jeu, à Stamford bridge, à 10 contre 11, pendant une heure et demie. En effet, après une première demi-heure énorme techniquement, tout en intensité et jeu égal, mais il faut le dire aussi assez stérile d’un côté comme de l’autre, un vrai retour de huitième après nul à l’aller en somme, un fait de jeu improbable vient bouleverser tout ça : Sur une faute inutile et laide, plus maladroite que dangereuse, Ibra écope d’un rouge direct. Les débuts d’une semi déroute arbitrale, on en reparlera. Quoiqu’il en soit, le geste est là et s’il n’a nullement vocation de faire mal (on sent le suédois surpris lui-même et vite défait plus qu’énervé après la biscotte) il n’est pas beau. A cet instant j’en veux plus au joueur qu’à l’arbitre.

     Aller faire un résultat à Chelsea relevait du J’espèresanstropycroire alors à 10 à la demi-heure c’était comment dire, bouclé, sauf miracle. Ne restait plus qu’à mettre ses tripes sur la table. Et même en le faisant, les parisiens ayant été braves jusqu’au bout, ça pouvait ne jamais sourire, à l’image de la grosse occas’ du match (57’) pour Cavani, qui se jouant d’un Courtois des grands soirs (euphémisme) allait trouver un poteau carré dans l’angle fermé. Autant dire que ça puait. Et ce d’autant plus (même si comptablement ça changeait peu, puisqu’il fallait toujours en marquer un pour espérer) quand Cahill sur un corner, passait après la reprise dégueulasse du non moins dégueulasse Diego Costa, pour propulser une praline dans les filets de Sirigu. 81e minute. Ça sentait le sapin.

     Mourinho allait donc nous sortir son 8.1.1 improvisé de derrière les fagots, sans surprise. Mais hier, Paris avait du cœur. Et cinq minutes après cette ouverture du score tardive et cruelle, c’est Lavezzi, fraichement rentré à la place d’un Matuidi sur les rotules (c’est dire si le match était intense) qui allait déposé un coup de pied de coin absolument parfait sur le crane de David Luiz qui faisait d’une pierre quatre coups, à savoir faire trembler la barre, faire de même avec la lucarne d’un Courtois immobile, relancer Paris et briser, enfin, ce fucking verrou londonien. Un coup de tête surréaliste, d’une puissance de feu.

      J’étais comme un gosse. Le match ultime par phases et qui en gardait sous la semelle. Le truc impensable en début de match, improbable à la demi-heure de jeu, impossible à dix minutes du terme : Paris a poussé Chelsea aux prolongations. Paris qui, allons-y, fait le match de sa vie. A 10 contre 11. Et meilleurs à 10 qu’à 11. Sans Zlatan, ce boulet. L’euphorie retombe pourtant. Déjà parce que l’équipe semble lessivée, à l’image d’un Pastore (immense, comme d’habitude) dans la réserve, mais surtout car pour clore cette non réussite générale bien cruelle, l’arbitre, encore lui, allait siffler un pénalty archi sévère contre un effleurage de la main (au ralenti ce n’est même pas flagrant) de Silva. L’enfer. Le purgatoire. Hazard ne se fait évidemment pas prier pour redonner l’avantage aux blues. Sauf que là non plus, en somme, ça ne changeait rien. Enfin ça nous évitait une éventuelle séance de tirs au but avec la crotte au fondement, c’est tout. Cool en fait.

     Pour le reste il fallait toujours marquer pour espérer, mieux maintenant, il fallait marquer pour gagner – Joie de la règle du but à l’extérieur. Mais les miracles, il faut les bousculer. Et lorsque Courtois sort une parade absolument dantesque face à la tête de Silva sur un joli corner de Lavezzi, encore, là, tu rends un peu les armes, quand même. Avec fierté, certes, mais un arrêt comme celui-ci met KO. Oui mais voilà. Le corner dans la foulée, provoqué par cette parade, allait nous emmener au septième ciel. Motta cette fois-ci, puisque de l’autre côté, au départ du ballon. Et Silva, again, à l’arrivée, qui lobe, j’ai bien dit lobe de la tête Thibault Courtois.

     Pendant notre raclette (il fallait briser une éventuelle malédiction : voir mon article de l’an dernier) à la mi-temps, on se disait justement que pour lober Courtois il fallait avoir des supers pouvoirs. Bref, Stamford bridge médusé, sauf dans le virage visiteurs. L’antre des miracles. J’ai donné de la voix. En y repensant, ce qui sort Paris l’an passé ce sont ses deux buts d’avance. Ce qui les fait passer hier, ce sont les deux buts de Chelsea. Sans celui de Cahill, Paris aurait fait un vieux 0.0 des familles : l’horreur. Sans Hazard, Paris aurait probablement perdu aux tirs au but. C’est vraiment bizarre le foot. Et c’est pour ce genre de match, monstrueux, puissant que ça fait partie de moi, à tout jamais.

     Et Paris qui n’avait jamais marqué en Angleterre en champions league et Chelsea qui n’encaisse jamais de but sur coup de pied arrêté. On pourrait allonger la liste. Statistiques explosées. Après iront-ils plus loin, au bout ? Qu’importe. Ce match là restera dans les mémoires, le reste n’a pas vraiment d’importance. J’espère qu’ils prendront Le réal ou Le Bayern et qu’ils y mettront à nouveau leurs tripes, c’est tout. Et si Monaco passe dans une semaine et on peut dire que ça sent relativement bon, ça sera parfait.

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