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Archives pour 31 mars, 2015

Urgences (ER) – Saison 1

32 (1)The Cook county.

   9.0   J’ai un rapport particulier avec Urgences. Ça rejoint mon hypocondrie en fait. Jeune, j’étais tombé dessus à la télévision, comme tout le monde. J’avais passé un sale quart d’heure. Je n’ai pas de souvenir exact de ce que j’avais vu mais ça m’avait traumatisé au point de rayer l’existence de cette série dans ma conscience. Jusqu’à disons il y a deux ans où en plus d’entendre généralement beaucoup de bien à son sujet j’étais tombé par hasard sur deux épisodes de je ne sais quelle saison rediffusés sur une chaine de la TNT et j’avais trouvé ça absolument génial. Une vraie claque, d’autant plus inexplicable et surprenante que je ne pouvais aucunement rattacher cette fascination à la narration puisque je ne connaissais aucun personnage. C’était juste une affaire de mise en scène. Du mouvement, de la vitesse, un pur tourbillon sans chichi, sans enrobage ostentatoire. Ça m’avait scotché. Il fallait à tout prix que j’en découvre davantage, c’était devenu une priorité. Puis ça m’est passé, inévitablement, tant j’avais conscience de la longueur imposante du show et de tout ce qui m’attendait à côté.

     Voilà, c’est parti. Une saison, 24 épisodes. Et c’est au-delà de mes attentes. C’est immense. Je ne veux voir que ça. Etant donné qu’on la regarde à deux ça limite le nombre d’épisodes journaliers et c’est tant mieux, on savoure. Et dans le même temps j’ai rarement envie d’enchainer plus de deux épisodes à la suite tant ça m’éprouve. J’aime beaucoup l’idée de nous plonger dans un monde. Les premiers épisodes ne sortent pas trop de l’établissement, comme si la série voulait apprivoiser le lieu avant de choisir de se focaliser sur certains personnages, plus que d’autres, d’opter pour des arcs narratifs et de nous y convier progressivement. Et puis l’avantage de ce type de chronique penchée sur un quotidien singulier c’est que c’est inépuisable.

     Mimi Leder (réalisatrice majeure de la saison) et ses acolytes font un sacré boulot. L’établissement est fouillé dans ses moindres recoins, ses couloirs infinis, l’accueil, les salles de trauma, celles de chirurgie, l’espace de pause, la lunch room, le toit pour les arrivées hélico, les ascenseurs. Une vraie mise en espace, fascinante, foisonnante, de laquelle on s’extirpe parfois, rapidement, vers les alentours, notamment le troquet du coin, le métro aérien ou l’arrière-cour et son panier de basket. On voit aussi un peu Chicago, un peu les intérieurs des cinq personnages principaux (Carol, Susan, Doug, Mark et Peter) mais on en revient toujours systématiquement dans l’hôpital. Le jour, la nuit. Il n’y a pas d’arrêt. Sauf lorsque la série se permet des trouées festives (les anniversaires, notamment) et burlesques. A ce titre, les toilettes sont bien employées. On se souvient de Green et sa femme surpris dans une drôle de situation ou encore de cette partie de cache-cache pour récupérer un chariot volé par le service du dessus. J’adore les tensions entre services aussi. La série brasse énormément là-dessus ainsi que dans les réunions, les diverses formations d’internes, les relations avec la hiérarchie. C’est d’une richesse phénoménale.

     Et puis il y a les urgences pures. Ce qui fait tout le sel du show, sa violence, sa démesure. C’est parfois insoutenable. Il faudrait par exemple revenir sur un épisode d’une dureté hallucinante, celui de l’éclampsie (Love Labor Lost). J’en suis sorti vidé, tétanisé. Le fameux J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps s’impose haut la main. Un épisode qui te rappelle que parfois aussi ça ne se passe pas bien du tout. Celui-ci est extrême c’est vrai, disons que si tous les épisodes étaient comme ça je n’aurais pas tenu longtemps. Pourtant, la série contourne admirablement le côté drama que ça convoque en répétant ce qu’elle fait de mieux, à savoir créer du vertige. La mise en scène sur ce point est incroyable. Les plans sont régulièrement très longs, mobiles au point de parfois tournoyer à l’infini. Les ambiances sont lourdes, bruyantes, saturées. Sans parler de ce qui se passe souvent au deuxième, au troisième plan, du mouvement non-stop, des entrées et/ou sorties de champ à n’en plus finir. C’est bluffant. Ce procédé est d’ailleurs utilisé aussi dans les couloirs lors de ces coutumiers travellings arrières. Bref, on ne s’ennuie pas. Pire, ça file parfois le tournis. A déconseiller en mangeant, définitivement.

     Le pilot va un peu vite en besogne avec la tentative de suicide de Carol, on sent qu’il fallait marquer le coup. Son retour est par ailleurs trop rapide, ça pourrait être fort mais c’est un peu tôt. J’avais peur que la série se complaise dans une sorte de sensationnalisme bon teint pour contrer le réel, forcément répétitif. On comprend très vite que ce ne sera pas le cas. Enfin, ça pourrait être le cas jusqu’à cet épisode merveilleux qu’est Blizzard. 45 minutes d’une intensité folle et d’une crédibilité dérangeante, de glissement sublime (les urgences vides d’abord puis le plan catastrophe déclenché à la suite d’un gigantesque carambolage) la veille de noël. Probablement mon épisode préféré de la saison. A part ça j’ai une grosse préférence pour Mark Green pour le moment. Sans doute dû aussi à ce qu’il traverse. Je reviendrai probablement parler des saisons suivantes. Je n’ai pas attendu pour enchainer.

Vincent n’a pas d’écailles – Thomas Salvador – 2015

Vincent-na-pas-décailles-2Le nouveau héros.

   8.0   Je trouve ça absolument génial. Le truc entièrement pour moi, tellement pour moi que ça m’a perturbé. J’aurais adoré écrire et mettre en scène ce film, exactement de cette façon-là. C’est un émerveillement solaire d’une simplicité confondante. Une histoire de supers pouvoirs dans les gorges du Verdon et une rencontre. Le film est extrêmement construit mais semble avancer au gré des instincts comme on écrirait au fil de la plume, un peu à l’image de certains films de Tati, avec lequel Salvador partage aussi le goût pour la mise en scène du corps, son élasticité, sa capacité d’enchantement. Vincent dans son lac m’a quelque part fait penser à Hulot sur son vélo.

     Le film est construit en deux parties de part égale, puisque la scène de la bétonnière – assez géniale – se situe pile poil à la moitié du film. Et dans sa progression dramatique, le film est habilement fait pour que l’on éprouve ce qu’éprouve Vincent, non pas dans la découverte de son pouvoir, mais dans son isolement et son apprivoisement des lieux, son flirt et sa course pour sa liberté. Sa rencontre avec Lucie est très belle, tout en gêne d’abord, forcément, avant la confidence. Toutes les scènes qu’ils ont en commun sont merveilleuses, au sens propre du terme aussi. Vimala Pons et sa caresse la plus longue du monde, mon dieu. Très beau ce que Salvador parvient à faire d’une scène de lit et d’une scène d’arbre. Le cliché parait inévitable mais il le contourne avec subtilité. La partie course-poursuite aurait plombé tout cela mais là encore au-delà de la précision du geste, tout en soubresauts, il réussit à être tout aussi détaché (la rivière) et romantique (l’arbre) et irréel (l’usine). C’est un film dont on sent qu’il tire son inspiration des grands burlesques, cinéma agencé entre le cirque et le voyage, il faut voir comme l’auteur met en scène les lieux, au sein d’une géographie indomptable.

     Au contact de l’eau, le mogwaï se multiplie en bestioles pas super cool, après leur transformation, tandis que Vincent voit sa force se décupler. Les séquences faisant état de son pouvoir sont très chouettes, rappelant les heures du burlesque muet, de Keaton, Chaplin et Bowers. Simplicité de la déformation, humilité de l’exagération. Accompagnées d’infimes parcelles poétiques, entre une vague puissante mais suffisamment discrète pour le rester, ou l’essayage de la combinaison de plongée (le costume de super héros) à la fin. L’eau plus qu’une providence est ici matière à soulagement. Je me souviens de Sonic progressant sous l’eau qui devait débusquer les bulles d’oxygène afin de ne pas se noyer. Il y a quelque chose comme ça ici : Dans la moindre mauvaise posture, qu’il s’agisse d’un flirt gêné, du sauvetage d’un ami dans une bagarre ou la fuite de la police, Vincent reste en quête de point d’eau : une piscine municipale, un seau, un lavoir. Convoquant bientôt la pureté même, le cœur de sa fuite, la providence inégalée : la pluie, lors d’une impressionnante scène d’évasion puis l’océan, lors d’une ultime échappatoire sans fin. Les dernières images, au Canada, sont très belles.

Une journée en enfer (Die hard with a vengeance) – John McTiernan – 1995

39.-une-journee-en-enfer-die-hard-with-a-vengeance-john-mctiernan-1995-1024x768Waltz of the bankers.

   10.0   Je suis retombé dessus par hasard, je pensais regarder une scène, puis cinq minutes mais j’ai finalement tout maté alors que je l’avais revu il y a seulement quelques mois. Et dire qu’il a bercé toute mon adolescence. Vu et revu jusqu’à épuisement, sans jamais que ça m’épuise. Pas même encore aujourd’hui. Je pense pouvoir dire qu’il fait partie de ces films dont je connais chaque réplique (En Vf cela va de soi) et situation par cœur. Des premières notes de The Lovin’ Spoonful (Summer in the city) au Johnny’s coming home de Michael Kamen. Du McClane, migraineux, que l’on sort du lit et qui va arborer un écriteau suicidaire dans les rues de Harlem à celui, toujours migraineux, qui liquide son second Grüber après avoir traversé explosions et attentats en tout genre. Sans parler de l’inénarrable « Simon says » (« Jacques a dit » chez nous). Et sans s’étendre non plus sur l’un des plus beaux duos improbables que le cinéma d’action nous aura offert : Willis / Jackson. Un vrai régal. Le cinéma d’action à son apogée. Sobre, lisible, hilarant, d’un bout à l’autre. Deux heures de pure jubilation. Admettons, peut-être, que la première partie soit un poil meilleure que la seconde, en terme d’idées, de rythme, de répliques, de bifurcation, en gros lorsque Irons est hors champ. Mais la suite est tellement au-dessus du lot, franchement, que je n’arrive même plus à être objectif. Le meilleur Die Hard, haut la main. Juste devant le premier. Enfin disons qu’ils se valent, globalement, c’est juste que l’un trépide quand l’autre est plus down tempo, l’un est en huis clos vertical quand l’autre est à ciel ouvert horizontal, c’est d’ailleurs fou le nombre de plans où apparaissent les Twin towers. En fait je préfère celui-ci pour sa cartographie new yorkaise. Et j’adore l’avancée sous forme de prétexte, les fausses pistes, et le montage lors de la découverte de la supercherie est à tomber par terre. Le montage de manière générale est un agencement d’orfèvre dans ce troisième volet. Et puis j’adore les méchants, comme dans le premier Die Hard d’ailleurs et pour paraphraser Hitchcock : « Un film est réussi quand le méchant est réussi » Et puis les seconds rôles ne sont pas en reste, ils sont tous exceptionnel. Chef d’œuvre du genre. Définitivement.

Les nouveaux sauvages (Relatos salvajes) – Damián Szifron – 2015

ns1Jeu de massacre, mode d’emploi.

   5.0   Jouissif, immédiat et punchy. Pas sûr que ça ne me laisse une trace indélébile mais c’est à voir, ne serait-ce parce que sur une forme casse-gueule, de film à sketchs à l’ancienne (comme il s’en faisait beaucoup en Italie fut un temps) Szifron parvient à créer une homogénéité d’ensemble, ce qui n’est pas vraiment gagné au départ. J’ai mes préférences mais je trouve que les six histoires indépendantes se succèdent et se répondent plutôt bien. Les pétages de plomb ont quelque chose d’inédit dans leur paroxysme. Tous sont abordés différemment. Le premier qui fait office d’intro pré générique, mais qui n’aura comme les suivants aucun rapport avec les autres, a ceci d’original que son « sauvage » restera hors champ, aux commandes d’un avion qui plonge. Le segment sur la route pourrait être une sorte de Duel (Spielberg) revisité à l’excès et l’humour noire, quand son suivant propose une variante de Chute libre (Schumacher). Le film s’achève même dans un mix de Festen et de Guerre des Rose, assez jubilatoire mais inconséquent, il faut bien l’admettre. Le film est vraiment sauvé par son humour. C’est une pure comédie de destruction aussi immédiate que sa visée est récréative. A ce titre, le générique d’ouverture, post premier court segment, voyant se succéder les noms des acteurs majeurs devant des captures d’animaux de la savane est assez chouette. Le film a la décence de raconter d’emblée son programme.


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