What a feeling.
3.5 L’ouverture est très chouette. Entre l’humour slapstick et la construction à la Girls en gros. Une rencontre désopilante entre Alba (Rohrwacher) et Adam (Driver) coincés dans les toilettes d’un restaurant. Lui vient de, croit-il discrètement, couler un bronze qui a la particularité d’être le plus infecte de sa vie, pendant qu’elle ne peut cacher son malaise en forçant l’odeur à ne pas lui fusiller le nez. « C’est une arme de destruction massive » lâche t’elle quand lui se confond en excuses. Ce qui est drôle et vertigineux après coup c’est de constater combien la scène illustre déjà tout ce qui suivra : C’est elle qui le fout dans la merde en claquant trop violement la porte et c’est lui qui encaisse sa supposée souffrance nasale. Intéressant. Oui mais voilà, cette séquence dure cinq minutes, à peine. Et le reste est d’une torpeur mortelle. D’une part en terme de mise en scène puisque le film est souvent constitué de plans faussement volés parfois filmés à la GoPro et d’une complaisance dans ce qu’on pourrait vulgairement nommer l’étirement Cassavetesien. Le film est meilleur dès qu’il s’essaie à l’épouvante et on le sait, le côté fauché va bien au genre et Costanzo avait plus ou moins fait ses gammes dans le très beau et électrique La solitude des nombres premiers. Il lui manque cet aspect électrique à Hungry hearts, jamais volumineux, jamais embrasé, d’emblée mort-né à l’image de ce bébé mis continuellement en danger par sa malnutrition. Et puis les personnages cinglés ont leur limite. Je veux dire par là qu’il très délicat de les rendre crédibles. Polanski fait cela très bien dans Rosemary’s baby, auquel on pense énormément ici. Mia Farrow excellait. Je suis désolé et ça me coute de l’admettre, Alba m’agace prodigieusement dans son mélange de calme impassible, yeux plissés faussement amorphe et de parano compulsive égrenés à toute épreuve. Rarement un personnage ne m’aura mis autant hors de moi. Et Adam dans le même sac, tant ce masochisme improbable et sa capacité à tout vouloir tenir sur ses frêles épaules (nourrir son gosse clandestinement trois fois par jour dans une église, sérieux ?) n’ont eu de cesse de me sortir du film. Moi qui y allais surtout pour eux deux, la douche froide n’en est que plus froide. Tant pis pour moi. Quoiqu’il en soit ils n’y sont pour rien, je maintiens que c’est principalement un problème de mise en scène. Ce que ça peut être moche, bon sang.
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