Modern love.
6.5 C’est le deuxième film de Leos Carax, dans la continuité de Boy meets girl, mais en couleur, cette fois. Carax en déjà grand romantique, punk poète, brise absolument tout ce qu’il peut briser, autant dans l’attente d’un autre ovni aussi bien que dans celle que l’on peut espérer d’un auteur eighties. Il n’y aura pas deux auteurs comme Carax. Il n’y aura pas non plus deux films comme Mauvais sang. Ce récit éclaté où la bifurcation surgit de toute part, où le moindre élément de scénario est mis en chantier autrement que par le scénario lui-même. C’est un pur film de mise en scène, de jeune fougueux quasi épileptique, qui tente, détruit et tente à nouveau. C’est un film impossible à raconter, à résumer, à conseiller. Autant qu’il est difficile d’approcher Passion ou Sauve qui peut (la vie). On pourrait seulement d’ailleurs le rapprocher de cette veine godardienne 80’s, c’est pourquoi je pense que c’est le Carax qui me touche le moins, tant il me perd dans ses éclats, non dans son émotion. En gros, je trouve que sa forme indéchiffrable domine outrageusement son romantisme échevelé. Carax trouvera l’équilibre parfait dans le film suivant, dans lequel il ne se cache plus derrière ce flux incessant, mixture formelle éreintante, mais où il s’abandonne littéralement à son récit, à ses deux personnages, aussi fous encore soient-ils. Mauvais sang est un manifeste de romantique moderne, un beau geste qui me sidère autant qu’il finit par me laisser sur la touche.
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