Archives pour avril 2015



L627 – Bertrand Tavernier – 1992

161868_image_62940-cropPolicier, invariable.

   8.0   On pourrait considérer ce Tavernier comme le pendant chronique du Police abstrait de Pialat et du Neige baroque de Berto & Roger. Un document sur un Paris fantomatique, junky, nocturne (quoique pas si nocturne en fait) qui ne pourrait n’être que succession de catalogue d’affaires de stups mais y débusque une vraie réflexion sur le pouvoir du cinéma en plus d’être un remarquable film de terrain et d’investigation. Que le personnage central vienne du cinéma et soit en quelque sorte un cinéaste raté reconverti dans la police et les films de mariage pour arrondir les fins de mois, crée une proximité troublante, à la fois hyper théorique mais tout autant incarnée, entre lui, le cinéaste et le spectateur. C’est un film qui gagne à être revu parce qu’il est une plongée stimulante, sans frontières, dans les coulisses de la police fauchée, près de 2h30 dans les enfers de Paris qu’on ne voit guère passer, entre planques infinies, bureaux pourris, appartements miteux. Un truc frontal, sans concession, un pur film en mouvement permanent, parfois étiré, parfois détaché, doté d’une galerie de personnages formidables et une tripotée de flics bas du front, pathétiques, brossés dans leur médiocrité sans pour autant ôter un certain attachement, manifesté entre humour et tendresse – Blagues bien grasses, running gag du seau d’eau, entre autre. C’est souvent bien agencé. Seul bémol, L627 est beaucoup trop écrit, c’est ce qui m’avait considérablement gêné la première fois, certains dialogues semblent un peu trop bien organisés, mais c’est fait avec une telle générosité, un tel sens de la mise en scène qui ça rattrape haut la main les quelques trop plein d’écriture, notamment lorsqu’il veut faire rire, être en quête de la bonne vanne, du découpage parfait de l’utilisation de la parole. On a en effet parfois l’impression que c’est elle qui crée le montage, c’est vraiment mon seul reproche  – le Polisse de Maïwenn, que je ne déteste pas par ailleurs, s’est vraiment mal inspiré du Tavernier à ce sujet, seulement dans ses excès en fait. Pour le reste, j’aime que L627 commence, termine, sans réel début, sans réelle fin. Qu’il ne soit que des prolongements, des continuités. Grand film, qui gagne donc à être revu.

Ça commence aujourd’hui – Bertrand Tavernier – 1999

033865_ph3.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxLes combattants.

   8.5   Le film suit Daniel (Torreton) le directeur d’une école de maternelle, passionné, qui se heurte aux problèmes sociaux qui touchent les familles de ses élèves. Regarder un film, se prendre une claque que l’on n’attendait pas, être révolté par le sujet, bouleversé par l’authenticité. En parler plus d’une heure à deux après le générique. C’est aussi pour ce genre de soirée que j’aime le cinéma et tout particulièrement le cinéma engagé. Ce que j’ai vu de meilleur de la part de Tavernier, à l’aise. J’ai terminé en miettes.

Hungry hearts – Saverio Costanzo – 2015

Hungry-HeartsWhat a feeling.

   3.5   L’ouverture est très chouette. Entre l’humour slapstick et la construction à la Girls en gros. Une rencontre désopilante entre Alba (Rohrwacher) et Adam (Driver) coincés dans les toilettes d’un restaurant. Lui vient de, croit-il discrètement, couler un bronze qui a la particularité d’être le plus infecte de sa vie, pendant qu’elle ne peut cacher son malaise en forçant l’odeur à ne pas lui fusiller le nez. « C’est une arme de destruction massive » lâche t’elle quand lui se confond en excuses. Ce qui est drôle et vertigineux après coup c’est de constater combien la scène illustre déjà tout ce qui suivra : C’est elle qui le fout dans la merde en claquant trop violement la porte et c’est lui qui encaisse sa supposée souffrance nasale. Intéressant. Oui mais voilà, cette séquence dure cinq minutes, à peine. Et le reste est d’une torpeur mortelle. D’une part en terme de mise en scène puisque le film est souvent constitué de plans faussement volés parfois filmés à la GoPro et d’une complaisance dans ce qu’on pourrait vulgairement nommer l’étirement Cassavetesien. Le film est meilleur dès qu’il s’essaie à l’épouvante et on le sait, le côté fauché va bien au genre et Costanzo avait plus ou moins fait ses gammes dans le très beau et électrique La solitude des nombres premiers. Il lui manque cet aspect électrique à Hungry hearts, jamais volumineux, jamais embrasé, d’emblée mort-né à l’image de ce bébé mis continuellement en danger par sa malnutrition. Et puis les personnages cinglés ont leur limite. Je veux dire par là qu’il très délicat de les rendre crédibles. Polanski fait cela très bien dans Rosemary’s baby, auquel on pense énormément ici. Mia Farrow excellait. Je suis désolé et ça me coute de l’admettre, Alba m’agace prodigieusement dans son mélange de calme impassible, yeux plissés faussement amorphe et de parano compulsive égrenés à toute épreuve. Rarement un personnage ne m’aura mis autant hors de moi. Et Adam dans le même sac, tant ce masochisme improbable et sa capacité à tout vouloir tenir sur ses frêles épaules (nourrir son gosse clandestinement trois fois par jour dans une église, sérieux ?) n’ont eu de cesse de me sortir du film. Moi qui y allais surtout pour eux deux, la douche froide n’en est que plus froide. Tant pis pour moi. Quoiqu’il en soit ils n’y sont pour rien, je maintiens que c’est principalement un problème de mise en scène. Ce que ça peut être moche, bon sang.

Le blob (The blob) – Chuck Russell – 1989

Le blob (The blob) - Chuck Russell - 1989 dans Chuck Russell The-Blob-1988-movie-7Mystère et boule de gomme.    

   5.5   Si ça c’est pas la classe ? Enchaîner The Blob juste après un film de Bresson ! Bon, c’est pile ce que j’espérais, à savoir une super série B gore qui ne faiblit jamais en rythme, avec des effets spéciaux méga kitch mais tout est dans la manière donc c’est à la fois super drôle autant que ça offre son lot de frayeur. M’enfin de toute façon je suis super client de ce genre de truc. Ah oui et il n’est pas étonnant de retrouver Darabont au scénar tant il reprendra la même trame, mais avec des bêtes dans la brume au lieu d’un gros chewing-gum, dans The mist, vingt ans plus tard. Concenant la parenté The blob/The mist je sais que le second est à la base une nouvelle de Stephen King mais simplement il est drôle de constater à quel point ces thèmes attirent Darabont (Vanité scientifique, présence extraterrestre insondable et violente…) mais bien entendu les deux films s’éloignent dans le traitement, plus intéressant dans The mist, plus cruel aussi. Bref, Bonne pioche.

Les dames du bois de Boulogne – Robert Bresson – 1945

35.14Liaisons dangereuses. 

   5.0   Alors oui, objectivement c’est bien mais j’y suis resté très en retrait dans la mesure où ça me semble loin du style Bressonnien qui émergera magnifiquement quelques années plus tard. Et puis l’enchaîner après Mouchette et Au hasard Balthazar (Sur lesquels il faudra que je revienne un jour) n’aide pas non plus. La scène finale est magnifique, cela dit.

Le majordome (The Butler) – Lee Daniels – 2013

le-majordome-lee-daniels-forest-whitaker-oprah-winfrey-critique-du-film-cuba-gooding-jr   3.0   Je n’ai rien contre ce type de biopic ultra académique, enfin je m’en fiche, ça ne m’énerve pas, je sais seulement très vite que je vais tout regarder avec un vif désintérêt, tant la mise en scène est impersonnelle, le jeu d’acteur exagéré, la musique ronflante, les enchainements programmatiques. Après, historiquement, c’est pas mal pour réviser l’Amérique sous Kennedy (que le film ne fait qu’ériger en génie de lucidité et générosité) jusqu’à l’ère Reagan, en passant par le mouvement des Black Panthers (qui ne savaient donc pas se tenir à table, ok). Un moment, le fiston engagé (le film est binaire et manichéen pour tout, ici un fils rebelle face au jeune premier, là un politique minable précédé d’un homme respectable…) dans le black power mange chez ses parents – le majordome et sa femme. Forest Whitaker et son jeu outré habituel se lance dans une tirade prenant le cinéma comme parabole. Tu sens bien la lourde métaphore venir, sur la réussite, l’intégration, la liberté tout ça. Le film n’est vraiment pas subtil. Les black panthers inspirent le majordome, qui s’en va parler de la dernière séance cinéma qu’il a partagé avec sa femme. J’ai alors cru qu’il allait citer One plus one de Godard. On peut rêver. Ce sera finalement Dans la chaleur de la nuit, avec Sidney Poitier. Et père et fils vont alors se disputer au sujet de la performance de l’acteur noir. J’ai trouvé ça intéressant, pas fin mais intéressant. Moins pour la parabole sur la réussite du noir américain qu’en tant que mise en abyme de la place de Forest Whitaker lui-même. Tu l’auras compris, je cherchais la moindre branche, même fine, morte, qui pouvait me raccrocher à un semblant de quelque chose, pour ne pas m’endormir.

The walking dead – Saisons 1 à 5

twdNotes sur les walkers.

   6.0   Saison 1.

     15/10/13 : Dans l’ensemble j’aime bien. Je ne trouve pas ça fou et je reste quelque peu sur ma faim (probablement dû au petit nombre d’épisodes). L’avant dernier épisode, petit bémol, est pas loin d’être nul malheureusement (surtout après l’excellent quatrième). C’est suffisant pour que je poursuive avec intérêt néanmoins.

Saison 2.

     08/04/14 : Super saison ! Complètement différente de la première, arborant un faux rythme dans la première moitié avant le tournant – la scène de la grange. Quelques fautes de goût, quelques épisodes qui ronronnent, mais dans l’ensemble ça remplit parfaitement son cahier des charges, preuve en est que je fais la trois dans la foulée. Bref, c’est hyper addictif quoi.

Saison 3.

     14/05/14 : Une saison inégale : Excellente première partie et une seconde plus feignante. Néanmoins, j’aime beaucoup dans sa globalité, je trouve qu’au-delà de cette « sagesse » la série offre de belles choses, de belles parenthèses (Morgan), de douloureuses surprises (Monstrueux épisode 4, j’en ai pleuré) et tente parfois de dire quelque chose du désespoir de fin du monde qui règne inéluctablement et de la folie des hommes. Et puis j’ai commencé la Bd en parallèle et je trouve que la série se démarque clairement du matériau original ce qui lui permet d’éviter la comparaison.

Saison 4.

      18/06/14 : Meilleure saison des 4. Je n’irai pas jusqu’à dire haut la main car il y a encore ci et là des choses qui me dérangent mais la saison se démarque clairement, de part sa construction déjà, scindée en deux parties mais aussi parce que les personnages sont mieux dessinés, les interactions mieux écrites. Et puis j’aime l’idée que la moitié de cette saison se déroule le long d’une voie ferrée, ça confère à la fois un objectif concret autant qu’un désespoir inéluctable. On ressent d’ailleurs enfin cette sensation de fin du monde, de groupe qui ne survit qu’à un fil, au jour le jour, sans lendemain possible. Et puis elle contient le plus bel épisode de la série, le 4.14, superbe, terrassant, parfait. Car au-delà de l’audace narrative (puisque ça vient peut-être des comics je ne sais pas je n’en suis qu’au tome 6) il faut souligner la mise en scène qui souligne peu, reste sobre tout en subtilité. Mais je l’ai senti très vite que ce serait un grand épisode, dès cette introduction, derrière la fenêtre d’une cuisine où l’on observe ce balai dansant ralenti que l’on croit d’abord sorti d’un autre temps, avant de comprendre. Et Carole est le plus beau personnage de la série, de toute façon.

      Et puis je pense que cette saison fera date dans sa construction. J’aime bien le début de cette saison, l’infection (bien que ce ne soit clairement pas ce qu’il y a de mieux orchestré). Je l’aime bien car ils ont fait simple, sans s’attarder. Sur une saison entière ça aurait été horrible, là ça tient sur cinq épisodes. Oui, seulement 5 en fait puisque les 3 suivants (qu’avec le recul je trouve géniaux) sont complètement décentrés du noyau (le gouverneur). Et forcément, le désormais traditionnel épisode 8 est très réussi, je ne sais pas ce qu’il représente par rapport au comic mais je le trouve fort et osé. Alors que dans la saison précédente dans la prison, pour avoir lu le tome en question récemment, c’est vraiment du mode mineur à l’image, service minimum et téléphoné alors que dans le livre c’est absolument ignoble, enfin génial et terrifiant. Et puis la deuxième partie, plus intimiste, on the road, quasi des épisodes centrics est une merveille absolue. Je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais voir dans une série traitant les morts vivants, que c’est ce que j’espérais voir depuis le début. Alors il y a des problèmes de rythmes et de parti pris lié au fait que l’on est chez Amc (qui travaille selon l’idée d’offrir pour une certaine quantité de cerveau disponible, pour paraphraser un pote) mais putain c’est quand même dans le haut du panier et surtout j’ai contrairement à la fin de la saison 3 méga giga envie de voir la suite, les salauds !

(Petit topo personnel en attendant la saison 5 en direct :
Ordre de préférence des saisons : 4,2,3,1.
Meilleur épisode : 4.14
Episode le plus douloureux : Fin du 2.07
Personnages préférés : Carol & Daryl.
Réplique préférée, qui va avec le 4.14 forcément : « Look at the flowers ». J’ai chialé ma race.)

Saison 5.

     13/04/15 : Je profite de l’occasion pour gueuler un peu après ceux qui portent les comics au pinacle et qui chient sans vergogne sur la série. Je ne comprends pas. Il est de bon ton, j’ai l’impression. Franchement, que les personnages soient parfois grossièrement dessinés n’est pas justement sans rappeler le flou incohérent qui émane souvent des livres, avec certains portraits interchangeables. Personnellement je m’en fiche, ça me convient, j’aime sur les deux supports que l’on parvienne à peindre un monde brisé, insensé, confus, absurde donc la psychologie m’importe peu. Mais faudrait pas trop s’emballer pour rien. Bref. Qu’en est-il des dernières heures de TWD ? C’est une saison intéressante. J’aime beaucoup, globalement, l’évolution du show, autant dans sa capacité à nous rapprocher des personnages, les épaissir sans les sacraliser, que dans sa peinture de plus en plus cruel et inexorable d’un monde en sursis. A l’instar de la saison précédente, ce cinquième jet est construit en deux parties, moins distinctes que ne l’était la saison 4 (prison/route) mais l’apparition attendue (grand moment des bouquins) d’Alexandria brise définitivement l’élan errant de notre petit groupe plongé à nouveau au quotidien dans le monde des zombies insufflé durant les huit épisodes de la saison 4 pré terminus et les huit premiers de la saison 5, entre les routes, l’église et l’hôpital, permettant par ailleurs la connaissance d’autres personnages nouveaux et récurrents que sont Noah et le père Gabriel ainsi qu’un développement plus approfondi du groupe d’Eugène et Abraham. Qu’Alexandria soir majoritairement repris des livres crée une proximité avec le lecteur mais je trouve que ça manque de surprise et de chair, c’est dommage. On voudrait voir davantage les lieux, que la mise en scène utilisent au mieux le nouveau mystère qui l’entoure. Il y a matière. On verra ce que la saison suivante aura à nous offrir. Je suis relativement confiant. Pas excité, loin de là (mater la série en même temps qu’Urgences, The wire et Louie ne lui donne pas le meilleur crédit) mais confiant.

21 jump street – Phil Lord & Chris Miller – 2012

channing-tatum-jonah-hill-and-dave-franco-in-21-jump-street-2012-movie-image   5.5   C’est plus gras que graveleux et j’ai beaucoup ri. Et hormis certaines facilités, le film est vraiment très généreux en gags. On peut dire que ça n’arrête pas. N’hésitant du coup pas à garnir le cahier des charges, le film est au final assez jouissif. Jonah Hill et Channing Tatum forment un super duo. Et puis cette inversion des rôles est délicieuse. La fin aussi. Sinon c’est la deuxième fois en peu de temps (après The interview) que je mate un film qui s’ouvre sur Eminem, ou une sorte de sosie. Et je trouve que Jonah Hill lui ressemble beaucoup, voilà. Encore une chose, j’ai passé le film à trouver une ressemblance entre le petit dealer et James Franco. Normal c’est son petit frère. Bref, j’ai aimé. Ce n’est pas fou non plus, ça reste une bromance un peu classique, mais j’ai hâte de voir la suite.

17 filles – Delphine et Muriel Coulin – 2011

17 fillesEn cloque, mode d’emploi.

   6.0   Je le répète mais ne me répèterais jamais assez, j’aime beaucoup le cinéma qui s’évertue à filmer le groupe, je trouve ça extrêmement difficile et quand c’est réussi ça me touche beaucoup. 17 filles n’est pas un grand film marquant mais il fait partie de ceux qui trouvent leur justesse dans la mise en scène de groupe, où les rêves partagés bien qu’illusoires restent des rêves et que rien ne peut s’y mettre en travers. Là-dessus je le trouve tout sauf moralisant et ça fait du bien.

11.6 – Philippe Godeau – 2013

image_5776   4.5   C’est sans surprise mais il y a au moins un truc intéressant : tout le film s’aligne aux motivations du personnage. Il n’y a donc aucune progression dramatique, aucun climax, c’est assez déroutant, parfois un peu ennuyant mais le parti pris n’est pas sans intérêt, quelque part ça me fait penser à Agents secrets de Schoendoerffer, le genre de film que personne n’aime en somme.

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silencio


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