La forme Sabots.
5.0 Iñarritu c’est un peu particulier pour moi. Un temps où sans doute les formes morcelées – entendre puzzle narratif – m’exaltaient, 21 grams et Amores perros avaient été des claques. Surtout le premier. Comme d’autres ont Requiem for a dream, j’imagine. Puis Babel m’avait un peu déçu, je n’en ai d’ailleurs pas gardé grand-chose. Puis il y eut la purge, Biutiful. Je ne sais pas ce que ça me ferait de revoir les premiers Iñarritu aujourd’hui. Je n’en ai pas l’envie d’ailleurs. Il y a dix ans, la sortie d’un film tourné en un seul plan séquence aurait suffi à m’enthousiasmé mais ça m’est passé. Me retrouver aujourd’hui face à ce genre de performance ne m’inspire que de la crainte. Ce qui ne m’empêche pas d’adorer L’arche russe et Irréversible, mais moins pour leur évidente prouesse (Un plan séquence unique, un montage renversé) que pour ce qu’ils me racontent de la Russie ou d’un couple. J’allais voir Birdman avec la plus grande méfiance et je reconnais que le film m’a plu sur certains aspects, soulé sur d’autres. Je trouve que le film veut trop en mettre, qu’il est à la fois dans la continuité des meilleurs Aronosky (le come-back de The wrestler, la parano maladive de Black swan) et qu’il voudrait aussi être un remake de Opening night. Je considère le Cassavetes comme l’un des plus grands films du monde, donc pas touche. A ce niveau là je trouve ça d’une pauvreté hallucinante. Tout y est appuyé, balourd, exagéré, hystérique. Et mal fichu dans sa construction. En revanche, techniquement, là où je craignais plus le film, sa prouesse de faux plan-séquence unique, je trouve que le cinéaste n’en fait pas trop, qu’il n’est pas dans le martellement ni l’ostentatoire, qu’on oublie finalement assez vite la prouesse et ça me plait. Si Birdman me mitige c’est pourtant cette prouesse qui me fait tenir, autrement j’aurais détesté. Mais du coup je ne vois pas trop l’intérêt de ce procédé, ni ce qu’il justifie. Il y a bien entendu l’idée que la vie c’est la scène et que la scène c’est la vie, qu’il n’y a pas de frontière, que tout fusionne. Sur ce point le film me parait assez réussi, d’autant qu’il ne cherche aucunement à l’ancrer dans une temporalité identique, sclérosée, naturaliste disons. Le plan fait deux heures mais le récit se déroule sur trois jours. Ces trois jours qui précèdent la représentation de la première. Le film aurait néanmoins gagné à investir les lieux plutôt que de faire semblant de les parcourir. Les plus belles scènes sont celles où apparaît Norton, notamment sur le toit, avec Emma Stone, mais elles sont hors sujet, si on replace la technique comme une représentation mentale du personnage joué par Keaton. Quoiqu’il en soit et même si le film ne devrait pas trop me marquer, j’ai trouvé ça infiniment meilleur que sa merde d’avant et ça me fait plaisir de retrouver un peu l’inspiration d’un cinéaste qui m’avait conquis voire chaviré à ses débuts.
Publié 17 mai 2015
dans Rithy Panh
Raconter.
6.0 C’est bien, très louable, très évocateur et fort, même si je trouve le procédé un peu facile, limite pédago avec cette voix qui se greffe et commente toutes les images. Dommage que le film soit en effet si bavard. Je trouve qu’il réussit mieux quand il passe par l’image, par les différents régimes d’images qu’il utilise. Quoiqu’il en soit c’est à voir. Comme souvent avec Rithy Panh.
Publié 17 mai 2015
dans Rafi Pitts
6.0 Je ne sais pas ce qu’il m’en restera mais j’ai trouvé ça vraiment fort. Et la photo est littéralement à tomber. C’est une sorte de croisement entre Haneke et Kiarostami, entre 71 fragments d’une chronologie du hasard et Le goût de la cerise. Curieux de voir ce que le jeune cinéaste iranien peut nous offrir par la suite.
Publié 17 mai 2015
dans Nicole Garcia
3.0 J’ai trouvé ça absolument chiant comme la pluie. Très Mamie Nicole Garcia croit faire du grand cinéma. Comme j’en attendais pas mal c’est une déception immense. De Garcia, j’aime pourtant beaucoup L’adversaire (mais beaucoup moins que L’emploi du temps, de Laurent Cantet) mais là ça ne marche pas du tout à mes yeux. Plutôt que Deville ou Assayas auquel on l’a rapproché, j’ai vraiment l’impression d’être dans un Téchiné relou style Ma saison préférée. Non à la limite je préfère Un balcon sur la mer qui me semblait plus modeste dans son entreprise d’hommage hénaurme à Vertigo.
This is 40.
7.0 C’est la nouvelle création des frères Duplass à qui l’on doit notamment l’excellent Cyrus, avec Jonah Hill. Togetherness est une minisérie de huit épisodes au format 22 minutes qui s’intéresse à quatre personnages, à l’instar du You’re the worst – produit formellement similaire – sorti l’an passé. Un couple de quadras, Michelle et Brett (Mark Duplass himself, j’adore cet acteur), parents de deux enfants, qui s’aiment mais ne baisent plus, auxquels se joint Tina, la sœur de la première et Alex, le meilleur ami du second, sont plus ou moins tous dans une impasse affective et/ou professionnelle. Si la série campe clairement dans l’univers et le ton des deux frangins, il faut souligner la qualité de l’écriture et l’amplitude que le récit parvient à s’octroyer, tout en subtilité, de ses situations les plus attendues à d’autres plus surprenantes, pour ne pas dire absurdes (Le mari, preneur de son, parti enregistrer le cri du coyote dans les hauteurs de LA, croisant sur son chemin une hippie délurée dont le passetemps est de s’enterrer). Ces doubles relations, conjugales (Michelle/Brett) et amicales (Tina/Alex) s’étoffent à mesure, jusqu’à converger vers une fin absolument déchirante, je n’en dis pas plus. Entre temps, la série aura alterné les moments les plus drôles (tentative de baise SM avortée), touchants et délirants. Après Hacker, ravi de revoir John Ortiz, l’énorme Jose Yero de Miami Vice, d’autant que son personnage, comme tous les autres (ce que ne parvenait jamais à réussir You’re the worst) apparait quand il faut, est très bien écrit, très beau. A part ça j’ai vraiment hâte de retrouver, en espérant vraiment la retrouver, Togetherness pour un deuxième opus.
Publié 15 mai 2015
dans Richard Linklater
6.0 J’aime beaucoup le style Linklater de manière générale. Les séquences sont étirées comme il faut, l’écriture est fine et sa considération de l’acteur est tellement à l’opposé de l’Entertainment hollywoodien que ça fait du bien, les apparitions de Bruce Willis voire Avril Lavigne se fondent merveilleusement dans le moule par exemple. Je ne trouve pas ça inoubliable, loin des claques Boyhood et Dazed and Confused, mais je continue de découvrir le cinéma de Linklater avec beaucoup de plaisir.
Publié 15 mai 2015
dans Peter Berg
1.2 C’est une sorte de bataille navale géante, un gros film pop-corn pour neuneu, avec les mêmes vannes que dans les bouses de Michael Bay. Je ne comprends pas trop comment Peter Berg, l’auteur du Royaume (que je n’aime pas spécialement mais qui me semble nettement plus intéressant) a pu faire ce machin.
Publié 15 mai 2015
dans Nicholas Jarecki
3.0 A vouloir donner dans le thriller politique, le film d’entreprise, la liaison fatale et le drame conjugal, le film ne fait qu’effleurer tous les genres, et bâcle à peu près tout ce qu »il entreprend. Bon ce n’est pas atroce non plus, ça se regarde, il y a deux/trois subtilités intéressantes, mais c’est tellement fait sans imagination, sans idée, c’est so has been et puis cent fois mieux chez Chabrol. Et puis Gere en fait des caisses le pauvre, j’avais de la peine pour lui. Aussitôt vu, aussitôt oublié.
Publié 15 mai 2015
dans Jim Mickle
1.5 C’est en voyant ce genre de truc, lourd et insignifiant, que je me rends compte à quel point The walking dead, la série télé, a réussi son objectif sur bien des points. Pas que je fasse de nivellement par le bas, non, simplement, il faut reconnaître que ce qui foire volontiers ici et pas qu’un peu, est très bien contourné dans l’adaptation télé des comics de Kirkman et Adlard. Cet énième ersatz de films de zombies et/ou vampires fait tout mal : Musique omniprésente à grands renforts de violons mélancoliques, voix off accompagnatrice exténuante, rebondissements prévisibles et évincés à la truelle, effets de mise en scène ridicule de surlignage. La liste est affreusement longue. On ne retient que sa cruauté, mais on a tellement vu aussi cruel et mieux ailleurs qu’on ne retient finalement rien.
Publié 15 mai 2015
dans Séries et Urgences
What life ?
8.0 Très belle deuxième saison, dans la lignée de la précédente. Je n’ai pas grand-chose à en dire, en même temps j’ai déjà fini la suivante, sur laquelle je reviendrai davantage, tant elle me parait absolument sublime, démente, la plus belle des trois jusqu’ici. Je voulais juste rebondir sur un épisode, pas forcément le meilleur, mais qui représente assez bien ce que j’aime dans la série. Il s’agit de celui où Clooney sauve un petit garçon coincé dans un canal. On a souffert avec lui. Bon, moi on peut me la faire à l’envers cent fois quand y a des gosses. Mais surtout, pour revenir un peu dessus c’est marrant de voir combien c’est du pur Urgences dans sa finalité. Car on sait rapidement que le petit va s’en sortir, puisqu’il est le prétexte pour permettre à Doug de rester aux Urgences (il venait de se faire virer). L’épisode pourrait donc se contenter de ça et nous faire un happy end super niais. Mais en parallèle une petite fille s’est fait renverser par une voiture. On pense qu’elle va s’en tirer mais c’est en fait elle qui succombe, après clampage d’aorte et tout le toutim. C’est cet équilibre cruel là que j’aime beaucoup. C’est un tout. Il y a des choses très dures mais on ne prend pas le temps de s’appesantir trop dessus ni de s’en servir comme déclencheur purement mélodramatique.