Le bureau des légendes – Saison 1 – Canal+ – 2015

11407036_10152962216222106_1525682781981198622_nDans l’œil du cyclone.

   7.5   C’est un grand récit d’espionnage, à raison d’agents doubles, de missions secrètes internationales, de recrutement poussé, de test d’intégrité, d’infiltrations, de surveillances en tout genre. C’est d’une telle richesse, d’une telle complexité, ça frise parfois l’hermétisme, avec ces tunnels de dialogues qui succèdent aux longs entretiens en trompe l’œil. Et la construction est étonnante, variant les points de vue, les fonctionnements narratifs, les ellipses. Clairement ce que Rochant a fait de mieux depuis Les patriotes. Au-delà de cette impression positive je n’oublie pas aussi m’être régulièrement désintéressé du récit à de nombreuses reprises, sans doute car format aidant, j’ai la sensation qu’elle se disperse trop ;  c’est assez inégal, surtout au début, il faut réussir à y entrer.  Car paradoxalement je trouve que ça manque de grandes séquences, qui te restent, te collent à la peau. La série joue tellement peu la virtuosité et c’est tout à son honneur, qu’elle en devient parfois monotone. J’ai un peu pensé au Carlos de Assayas, qui lui justement se permettait ce grain de folie, se laissait gagner par l’étirement et l’énergie de sa mise en scène. Ça se regardait aisément d’une traite, Le bureau des légendes, moins, déjà. Mais je reste impressionné globalement par la densité de la chose, autant dans la caractérisation des personnages que dans l’écriture narrative. Tu sens le travail de fourmi en amont. Mais surtout, je trouve la série assez touchante, je pense que c’est là-dessus qu’elle est venue me cueillir. Moins par sa truculence et sa multiplicité donc que dans l’intimité qu’elle parvient à saisir de certains personnages, notamment Malotru (Mathieu Kassovitz) amoureux d’une libanaise (qui a est aussi pleine de secrets) sous son identité de légende, qu’il va revoir à Paris ce qui est formellement interdit dès que la mission est achevée. La série creuse aussi minutieusement ses rapports distants avec sa fille qu’il n’avait pas vue depuis six ans, pendant qu’il était en mission à Damas. Cette manière de tout resserrer sur l’intimité du personnage crée une identification forte. Il y a aussi Marina Loiseau (Sara Giraudeau) une jeune sortante de polytechnique, que l’on forme violement (à toute forme de résistance) avant de l’envoyer sur le terrain en Iran. Immense personnage. Et l’actrice est formidable, elle réussit merveilleusement à jouer la maîtrise et la candeur sans que l’on y décèle fausseté ou performance. C’est finalement cette part formatrice de la peinture de la DGSE qui me fascine vraiment dans Le bureau des légendes, moins ce qui tourne autour de Cyclone, un de leurs agents enlevé en Syrie. La fin est mortelle, surtout qu’elle annonce clairement le début d’autre chose ; La fin de l’affaire Cyclone, mais l’ouverture sur une infinité de possibles. Hâte de retrouver cette petite équipe secrète (Malotru, Pépé, Mémé, Moule à gaufres, Rim, Marie-Jeanne…) dans une prochaine saison.

4 commentaires à “Le bureau des légendes – Saison 1 – Canal+ – 2015”


  1. 0 ANNE 12 nov 2018 à 15:19

    et les patriotes ? pas de commentaires ? j’ai trouvé ça ennuyeux et violent

    Bureau des légendes , passionnant , j’ai terminé la saison 4 , pas une seconde d’ennui , tous les acteurs sont fabuleux , mention particulière pour Marie jeanne

  2. 1 silencio 13 nov 2018 à 16:20

    Je m’attaque à la saison 4 du Bureau d’ici peu ! Avec une confiance aveugle : Pour moi, rien ne lui arrive à la cheville ces dernières années. Bon j’exagère, mais je trouve ça au-dessus du lot on va dire.

    Les patriotes, je n’ai pas fait de commentaires. Mon visionnage est trop lointain. Mais j’envisage de le revoir. Grand souvenir, pour ma part.

  3. 2 ANNE 13 nov 2018 à 18:46

    vous allez vous régaler !

    une question : vous avez escamoté certains grands cinéastes comme Fellini , vous ne pouvez pas ne pas avoir vu son Casanova qui m’a laissé une très forte impression , très aidée par le bonus du DVD pour en comprendre tous les mystères .c’est bien dommage que actuellement les bonus soient si déficients

  4. 3 silencio 14 nov 2018 à 14:06

    « Escamoter » est un terme fort mais c’est vrai que je n’ai jamais parlé de Fellini, sans doute car je n’ai jamais réussi / pris le temps d’essayer de parler de ses films que j’aime beaucoup : La dolce vita, Et vogue le navire, Roma. Mais aussi et vous m’avez démasqué, parce que j’en ai vu relativement peu, bizarrement. Quelque part son cinéma ne doit pas m’attirer tant que ça j’imagine. Donc je n’ai jamais vu Casanova, en effet. Ni Satyricon, ni Huit et demi, ni Juliette des esprits. C’est un peu la honte. Je pense que ça se joue sur un détail important : Les deux derniers Fellini que j’ai découvert c’était il y a déjà quelques années, c’était Intervista et Amarcord. Et j’avais été très déçu. Voilà, vous savez tout. Maintenant, je rêve d’une totale réconciliation, cela va de soi, il faut simplement se jeter à l’eau.

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