Double jeu.
6.5 Difficile d’en parler sans en dévoiler son intrigue. Est-ce que ça gagne à la revision, déjà ? Je ne pense pas. Paradoxalement, tout est fait pour donner envie de le revoir. La grande idée c’est de tenter de faire exister le film sur deux niveaux : l’un purement scénaristique (vraisemblance, récit schizophrène, twist) et l’autre entièrement dévoué à la mise en scène. Si par moment ça coince, il est dingue de constater combien c’est un objet stimulant, culotté et creepy qui plus est dans le paysage du cinéma de genre français. Du seul point de vue du survival, le film fonctionne à merveille, avec sa mise en place classique mais bien fichue, efficace et le zéro temps mort insufflé dès le premier coup de tonnerre, bien sale, bien gras. Au point qu’Aja en fait dans ses meilleurs moments un film quasi muet. Entre la maison et la station essence, à vérifier, mais il doit bien y avoir vingt-cinq minutes sans parole. Dans l’intensité, Aja a vraiment quelque chose – On se souvient de cette éprouvante scène de caravane dans La colline a des yeux. Dans le même temps Haute tension souffre de son statut à double personnalité, qui se marie certes avec son récit, mais qui est aussi symptomatique de cette idée de vouloir donner dans le drama à tout prix. Shining et Massacre à la tronçonneuse auxquels Haute tension effectue de nombreux clins d’œil en étaient dépourvu, c’était leur force. Après, il faut reconnaître que malgré la tonne d’indice (c’est flagrant à la revoyure) dissimulés partout, on ne voit rien venir. Ce n’est certes pas aussi maitrisé et cartésien que dans un Sixième sens mais il y a un savoir-faire et une volonté de faire quelque chose que l’on apprécie différemment la première et la seconde fois. C’est intéressant. Néanmoins, étant – qui plus est aujourd’hui – nettement moins fasciné par les tours de force scénaristiques, je regrette de ne pas voir le film investir entièrement le terrain du survival, de bout en bout tant Aja a amplement les moyens de le faire. Autant ce qui a suivi dans la foulée (La colline a des yeux) était top, autant ce qu’il a pondu dernièrement (Mirrors, Piranha, Horns) n’est pas super prometteur. Tant pis.
0 commentaire à “Haute tension – Alexandre Aja – 2003”