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Archives pour 7 juillet, 2015

Orange is the new black – Saison 1 – Netflix – 2013

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   7.0   C’est un postulat de départ très enthousiasmant, parce que très simple, efficace autant qu’improbable : Piper entre en prison pour quinze mois. Pour une vieille affaire vieille de dix ans, où elle fit la mule par amour, avec succès. Et aujourd’hui, alors qu’un invité mystère l’a balancé, la voilà en taule aux côtés de son ex, une histoire aussi vieille de dix ans, avec laquelle elle a partagé ce qui l’amène aujourd’hui en prison.

     La série s’intéresse à tous ses personnages, creusant chacun au moyen de flashback, qui s’insèrent avec un bel équilibre entre les séquences du présent, en prison. Chaque épisode suivra d’ailleurs l’une des incarcérées (ayant le plus de rapport avec Piper, évidemment) pour nous montrer le pourquoi de sa présence ici. Quant aux lieux : Douches, réfectoire, cour extérieure, dortoirs, trou… la série cartographie avec aisance et punch chaque recoin de l’établissement.

     Ce qu’il y a de génial c’est de voir comment la prison est le reflet de la société, avec ses clans, ses réseaux, ses jeux de pouvoirs, ses conflits, ses discriminations. C’est bien plus compliqué qu’une simple opposition dichotomique même si c’est ce qui s’en dégage en apparence. Blancs, noirs, hispaniques, vieux, religieux. Les clans se forment de cette manière-là. On y décrète même, après vote, une représentante dans chaque groupe de détenues. La série prend même le temps de travailler les relations hiérarchiques au sein de la prison (j’adore Caputo), ainsi que la vie en dehors pour Larry (Jason Biggs), le fiancé de Piper.

     Orange is the new black brosse le cliché en le détournant au maximum, usant de nuances, d’étoffe dans les relations, qu’elle abreuve, qu’elle détruit. C’est passionnant. D’autant plus que le mélange entre la comédie et le drame est savamment dosé. C’est à la fois hyper violent (humiliations, viol, suicide…) tout en trempant dans un climat de « feel good movie » en permanence.

     Et puis il y a du monde donc de la matière. Aussi bien d’un côté que de l’autre, prisonnières autant que matons. Si l’écriture continue d’être à ce point dense ça peut vraiment devenir top. Sans oublier que c’est addictif à mort. On a dévoré les treize épisodes en trois jours. Bref, je suis archi confiant. Et puis bon, deux acteurs d’American Pie, j’étais déjà en terrain familier. Hâte de retrouver Crazy eyes et les autres.

Bande de filles – Céline Sciamma – 2014

fenty-5447c1c63edce-1024x576Débandade.

   4.0   C’était une séance étrange. Très jeune. Avec tout plein de bandes de filles. Salle archi pleine, il y avait de l’ambiance. La cinéaste devait être là à l’issue de la projection mais pour des raisons assez choquantes et WTF – en gros elle était parait-il épuisée des agressions verbales reçues lors de ses deux précédentes sorties – c’est l’actrice principale qui la remplaça – accompagnée de la productrice. Ce n’était donc pas un grand débat de cinéma mais l’énergie bon enfant qui s’en dégageait était plutôt saisissante. A propos, c’est bien la première fois que je suis dans une salle qui en grande partie chante en choeur en plein film le tube qu’on entend à l’écran – Diamonds de Rihanna – jusqu’aux auto applaudissements derrière. C’était quasi surréaliste. Un peu trop hystérique pour un snob comme moi qui préfère ma petite salle de ciné désertée à une ambiance Disneyland mais je crois que je m’en souviendrais.

     Cela dit, ça en dit beaucoup sur le film, en fin de compte. Parlons-en : Je n’aime pas. Enfin, je l’ai revu récemment depuis et je ne l’aime pas. A l’époque de sa sortie, folklore aidant, je n’étais que mitigé. J’y ai vu des choses très intéressantes (dans la lignée de Naissance des pieuvres et Tomboy) mais il me semble que Céline Sciamma est souvent trop prisonnière de son désir de séduction. Elle veut faire un tableau complet, chargé et quasi systématiquement compensé : Le père absent, le frère macho, le maquereau, la vendeuse raciste, la petite bagarre en miroir, FIFA, tout y passe. Il faut toujours que ce soit ni trop dur ni trop joli. Ce qui en revanche me parait réussi c’est le cheminement du personnage en plusieurs chapitres elliptiques (marqués par de capricieux fondus au noir sous Para One) de manière à saisir sa transformation morcelée, métamorphose sans cesse renouvelée par de longues respirations en guise de brusque virage.

     Si le portrait de l’adolescente est intéressant et surprenant (je ne m’attendais pas à cette dernière partie) le portrait de groupe est lui raté. On pense parfois à Spring Breakers mais la cinéaste est bien trop sage et terre-à-terre pour oser un si grand voyage. Il y a aussi un peu de La vie au ranch mais une fois encore la réalisation n’invente pas grand chose à l’image de La séquence Rihanna, dont on a tant entendu parler, où elle opte pour le clip grossier quand Sophie Letourneur optait pour du Julien Clerc via un glissement fort et diégétique – Sans parler de ce que faisait Korine de Britney Spears. Bon, j’exagère un peu, je crois que cette séquence est intéressante, qu’elle raconte vraiment quelque chose de fort sur le cheminement du personnage – son observation, sa manière d’entrer en scène, d’investir le cadre. Mais je crois que c’est qu’une question de subtilité, comme le reste, ça me semble un peu trop forcé et programmatique.

     Quand le groupe disparaît, la séduction est d’apparence moindre – d’où un virage très déceptif – puisque l’énergie qui s’en dégageait semblait avoir été un peu étouffée (on en voulait davantage, une perte de contrôle, un glissement audacieux) mais l’intérêt s’accentue, tout simplement parce qu’on ne s’attend pas à cette autre forme de glissement. C’est probablement la plus belle idée du film. D’avoir fait de ce groupe l’élément déclencheur d’une affirmation de soi, avant de l’effacer totalement.

     Ce qui rend le film moins beau que les précédents et c’est peu de le dire, c’est dans ce que la cinéaste répercute en son sein : Vouloir faire un portrait d’une de ces filles, qu’elle croise chaque jour aux Halles. Si Sciamma parlait d’elle dans ses deux premiers films – son adolescence puis son enfance – elle ne règle rien ici et son style s’en trouve dispersé. L’impression qu’elle veut faire dans l’exhaustif s’en ressent – Qu’une partie du public s’insurge contre sa représentation de la fille de banlieue en est l’illustration : Elle recherche l’universalité, quelque part. Elle dit ne pas faire le portrait des filles de banlieue parisienne mais le portrait de l’une d’elles. Mais son film ne semble pas faire ce qu’elle espère. C’est intéressant car je me rends compte en voyant ses trois films qu’elle est passé à autre chose avec celui-là, autre chose qui me parait fumeux, dans sa manière d’envisager le romanesque.

     C’est marrant, deux de mes déceptions cette année sont deux films français que j’apprécie un temps soit peu mais que j’aurais aimé adorer, qui ont été un peu trop érigés en phénomènes sociétaux : Les combattants et Bande de filles. Ce sont deux films intéressants mais pas si libres qu’ils en ont l’air, enfin disons qu’on a exagéré leur statut de petites bombes solitaires – trop maîtrisés pour être vivants. A côté de ça, un film comme Hippocrate me semble plus honnête, d’apparence plus classique c’est vrai, il n’empêche qu’il surprend constamment mais jamais en jouant sur le capital séduction. Toujours dans le réel, il ne stylise rien tandis que les deux autres stylisent trop ou pas assez, ça ne va pas au fond de son dispositif comme c’est le cas, je me répète, chez Korine ou Letourneur.

     Je voulais aussi parler du dernier plan. Céline Sciamma soigne toujours ses derniers plans. Je n’aime pourtant pas trop celui-ci – un peu trop écrit et forcé à mon goût – mais je salue l’audace : Ce visage en larmes que la caméra abandonne au hors-champ, se perdant dans une focale parisienne floue avant que ce visage ne repasse dans le champ, sans larme, déterminé. Disons que je garde toujours en tête celui de Naissance des pieuvres que je trouve bien plus flottant, irréel sans compter qu’il m’achève littéralement.

     Pour le reste je trouve qu’il y a de beaux moments de grâce, suspendus (l’ouverture), des séquences super drôles (le mini-golf), étonnantes (la brève rencontre avec l’ancienne quatrième du groupe), physique (la baston) mais ça ne s’étire pas suffisamment pour nous perdre ou provoquer un malaise. De manière générale c’est un film trop tiède et maîtrisé, trop aimable aussi je pense pour m’emporter entièrement. C’est à mille lieux des deux premiers, à mon humble avis. Et c’est le problème avec le cinéma de Céline Sciamma, c’est un grand oui ou un non.  Cette revoyure a été fatale : Je trouve ça totalement faux, amorphe, poseur et sans rythme. C’est incompréhensible de pondre ça après Tomboy.


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