Passager clandestin.
7.0 Panahi n’a plus le droit de quitter son pays et n’a plus le droit d’y tourner non plus. Il a fait de la prison pour avoir fait des films. Comment contourner cela ? Il avait d’abord répondu par un film concept, co réalisé avec Motjaba Mirtahmasb, qui en somme le filmait, dans le très beau Ceci n’est pas un film, dans lequel on découvrait le cinéaste iranien dans son appartement qui parvenait à en sortir au moyen d’une pirouette géniale, drôle autant que puissante, qui représentait à elle seule finalement toute son œuvre. Hors-jeu, son chef d’œuvre, suffit à l’illustrer.
Taxi Teheran prolonge ce combat. Panahi place deux caméras au-devant de son véhicule et filme quelques personnages qui vont y entrer. Il ne ment pas. Ce sont tous des acteurs pourtant tous sont pris dans le tourbillon du jeu du réel tel qu’on oublie parfois que le cinéaste n’est pas chauffeur de taxi dans la vie. Pour autant, la mise en abyme est constamment évoquée, à des fins politiques essentiellement. Le garçon qui vend des films à la sauvette c’est génial. La petite nièce qui doit tourner un petit film pour l’école, aussi. Sans parler de la fin, pied de nez magnifique à la fragile situation du cinéaste.
Panahi arrive néanmoins à contourner son objet théorique, il insuffle de la vie, de l’humour dans chacune de ses séquences, tandis qu’elles sont toutes hyper construites et écrites. Et il cite sa filmographie en permanence, comme pour rappeler d’une part qu’il se situe dans un état transitoire, d’autre part qu’il fait toujours le même film et qu’il ne cèdera devant aucune oppression. Même s’il doit y laisser plus de plumes que de raison pour perpétrer son art.