8.5 Je suis à la fois hyper enthousiaste et mesuré. D’une part je trouve que la scission de la fin de l’épisode central casse quelque peu la dynamique car franchement, la première partie de saison est haut la main ce que la série aura fait de mieux, c’est ahurissant de maîtrise, de suspense, de densité, de zones d’ombre, de filatures. Franchement, c’est du niveau The Wire, sans forcer. C’est éblouissant dans la construction, vertigineux dans le tempo et ça ne redescend jamais. Mais le final du 6, c’est une tarte, une vraie. Réaliste, absurde et brutal à la fois. Avec le recul on peut se dire qu’on l’attendait tant tout ne tenait plus qu’à un fil et tant le climat n’avait jamais été si électrique à l’image de l’altercation entre Gilou et Tintin ou de ces étranges saignements de nez de Roban.
La suite est très bien malgré tout, essentiellement le dernier épisode qui m’a fichu dans un état de stress sans précédent. Mais c’est un peu plus du Engrenages comme on l’attend, comme on la connaît. Il y a deux trucs forts : d’une part l’exploitation pleine du season final dernier, on a vraiment la sensation de ressentir son impact dans chacune des situations. Sami n’est plus, Brémont est éclipsé, Herville sur la sellette, Laure dans un deuil violent, Tintin s’en veut de ne pas avoir été là quand Gilou, curieusement se retrouve à composer avec tout ça et à recoller les morceaux – Un comble lorsque l’on se remémore les saisons précédentes, même s’il ne sera pas vraiment épargné plus tard non plus.
Puis il y a La thématique globale, subtile et surlignée à la fois : l’idée que ce soit la saison des enfants. Pas pour les enfants, loin de là, mais sur les enfants et la tourmente des parents ou futurs parents. Ce n’est que ça. Au départ, une fillette est retrouvée morte dans les bras de sa mère, noyée elle aussi, dans un canal. Au départ toujours, on apprend que Laure Berthaud est enceinte. Au départ encore, le principal suspect de ce double meurtre n’est autre que le père, en fuite avec son petit garçon. Au départ, continuons, Tintin ne rentre plus chez lui, insupporté par ses gosses tyrans. On ne peut pas faire plus clair. Plus tard, c’est une bande de filles que l’on recherche, que l’on suspecte, au détour d’autres recherches et suspections, comme Engrenages sait très bien nous en concocter, au beau milieu d’une histoire de vol de sac, de la mort d’un policier en fonction, de braqueurs de Dab ou de recèle organisé.
De nombreuses storyline qui se croisent ou non, comme d’habitude, mais avec une fluidité encore plus déconcertante ici. J’aime beaucoup quand la série parvient à me donner le vertige de la sorte. A la fin je commence davantage à tout sentir venir même si, soyons honnêtes, tout fonctionne admirablement. C’est juste que cet entonnoir inévitable commun entre le destin de l’enfant de la capitaine, cette nouvelle petite fille enlevée, cette autre agressée par des chiens et celle bourreau que sa mère a toujours rejeté, crée une légère sensation de trop plein. Sans compter la mise en scène d’un final complètement ratée.
Quoiqu’il en soit, c’est l’une des plus belles choses que j’ai vu cette année en matière de série, du niveau des quatre dernières saisons d’Engrenages (Série ô combien indispensable je le répète) qui fait d’ailleurs la part belle aux filoches (pour reprendre les mots d’usage) bref le bonheur. J’aurais pu tout mater d’une traite tellement j’étais à fond. Je suis juste déçu de ne pas pouvoir crier que c’est la meilleure saison du show et la seule série avec Breaking Bad où chaque saison est nettement meilleure que celle qui précède tant dans ses six premiers brillants épisodes il n’y avait à mes yeux absolument pas photo.
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