Planète interdite.
6.5 Je n’en gardais pas un super souvenir, probablement parce que l’ayant découvert à l’époque du remake, excellent d’Alexandre Aja, il m’avait semblé, dans la foulée, moche et fauché, forcément bien pale en comparaison. En fait, c’est un très bon film, sale, poussiéreux, vilain, qui s’inscrit parfaitement dans la continuité de La dernière maison sur la gauche. Un film passionné par son décor et ses immenses collines rocheuses, étriquées et dentées, s’érigeant vers un ciel lugubre, où passent des avions de chasse le jour (tout le film se déroule dans un désert d’entraînement militaire) et où la nuit est guettée par une pleine lune terrifiante. Point de loup garou ici bien que les deux chiens (Beauty & The beast) et Jupiter, le père des sauvages, semblent en être des dérivés tout tracés.
Pendant une heure, le film fonctionne à merveille, sait installer son poisseux climat, distiller sa tension aveugle (le danger est là mais régulièrement invisible). Le point de bascule, à savoir cette fameuse séquence du massacre dans la caravane, emprunte clairement au Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hopper (réalisé trois ans auparavant) pour sa cruauté et sa sécheresse. On croit un peu moins au retour du jour, quand la violence change de camp, plus bâclé même si Craven parvient malgré tout à y insuffler beaucoup de rythme. Disons que c’est plus cousu de fil blanc dans la mesure où la défaite des autochtones parait vite aussi inéluctable qu’invraisemblable.
La grande idée de ce deuxième long métrage restera je crois la mise en espace de cet immense lieu paumé, tant le cinéaste s’amuse à quadriller sa caravane sans en offrir un seul point de fuite, un seul espoir extérieur, dans lequel la famille freaks porte chacun un nom de planète, renforçant la sensation d’évoluer dans un contexte spatial inconnu, où ne réside plus que l’instinct primal et le néant. Moins audacieux que La dernière maison sur la gauche, certes, mais diablement efficace dans son genre.