6.0 Cette saison s’éparpille, en bien. Il n’y a plus vraiment de fil conducteur, de groupe plus imposant qu’un autre et la série creuse (au moyen de flashbacks « Un épisode, un personnage » désormais coutumiers) enfin certains personnages qu’elle avait tendance à délaisser : Norma, Caputo, Big Boo, Chang, Leanne.
J’avais assez mal vécue une partie de la saison précédente, qui ressemblait davantage à une version féminine d’Un prophète, avec comme leader Vee accompagnée de ses officiers dépassés (Taystee) ou dévoués (Suzanne). C’était intéressant sur le papier, mais j’avais beaucoup de mal à y croire. Il fallait aussi faire le deuil d’une Piper mise sur la touche. Là, elle reprend une place plus confortable sans pour autant retrouver sa ligne de conduite « gentille blonde innocente » de début de série. L’épisode Pennsatucky l’a vraiment changé quand on y pense.
So, comment rebondir sur autre chose, surtout avec le retour attendu d’Alex (qui, franchement, sentait la naphtaline) ? Et bien la série craque un peu. Et j’aime bien ce craquage. Je pense que nombreux sont ceux qui ont trouvés les storylines bien pathétiques cette année. Résumons : On a une infestation de punaises, Red qui fait tout pour reprendre les rênes de sa cuisine, Suzanne qui profite d’une célébrité soudaine avec ses écrits pornos et Piper qui se met à la tête d’un trafic de petites culottes portées. Oui, c’est à peu près n’importe quoi.
Mais dans le même temps, toutes ces intrigues superficielles alimentent avec énergie ce que la saison aura trouvé comme point de convergence : La reprise de la prison par une richissime compagnie, qui n’a que faire des multiples demandes (prisonniers comme geôliers) tant que la gérance lui permet de se mettre des millions dans la poche. Tout ce qui tourne alors autour de Caputo est passionnant je trouve. C’est vraiment un super personnage, le looser ultime, génial, qui ne voudrait faire que le bien mais se heurte sans cesse à sa hiérarchie ainsi qu’à ceux qu’ils dominent. L’épisode qui lui est dédié est probablement le plus beau de la saison, l’épisode Norma Rae, en gros.
Et puis il y a ce dernier épisode, à la fois dans la continuité schizophrène de la saison autant qu’il brise l’équilibre sur le fil qu’il avait jusqu’ici installé. D’une part car longueur de 90 minutes aidant, il était prévisible de le voir multiplier les flashbacks à plusieurs personnages comme il l’avait fait dans le premier épisode de la saison, sauf qu’ils n’en font cette fois strictement rien, tous sont extrêmement courts, quasi sans intérêt, aussi bien pour Boo, Flaca, Healy que les autres. D’autre part car cet épisode vire presque au ridicule et laisse toutes les storylines en stand-by.
C’est une série que j’aime bien pour plusieurs raisons mais force est de constater que son potentiel est souvent gâché. Tout y passe : Piper est en plein crise Corleonienne, Cindy se convertit au judaïsme, Soso manque son suicide quand Morello se marie et que les matons font grève, occasionnant un WTF final absolu. Je regarderai la saison 4 avec plaisir mais ce virage invraisemblablement spectaculaire, dorénavant bien installé, n’augure rien de bon.