8.0 Jusqu’ou Rectify nous emmènera ? Difficile de l’imaginer. La série est à l’image de sa construction, de son intrigue, de Daniel, impalpable à souhait. Tout devient de plus en plus intense à mesure que le récit se déploie d’épisode en épisode. Une intensité jamais exagérée, toujours avec la bonne distanciation, la durée adéquate. Et avec tellement peu, concrètement parlant. Peu de rebondissements, peu d’accélérations. Tout ce qui se joue est pourtant d’une force inouïe, mais se loge entre les lignes, jamais ostensible mais prêt à exploser. C’est d’une telle force, justesse, patience, retenue, ça frise l’excellence en permanence. Ça l’atteint d’ailleurs le temps d’un dernier épisode sublimissime.
Chaque strate du récit aura donc pris le temps de grandir, de se mettre en place voluptueusement et douloureusement. Pour Daniel et autour de Daniel. Plus que jamais, la série donne à voir ce que cette sortie ambiguë laisse comme traces partout où elle passe, revient, s’installe. Dans un foyer qui se désagrège. Une entreprise qui disparaît littéralement de l’écran, durant cette troisième saison. Une cuisine, que l’on rafistole. Une piscine que l’on repeint. Et puis plus que jamais la série rappelle quelque chose de fondamentale mais de pas forcément évident : Daniel est un corps adulte prisonnier dans une âme d’adolescent, puisqu’il reprend une part de son âge qu’il avait laissé en partant. Parvenir à mettre cela en scène n’était pas gagné d’avance. Rectify y parvient. Haut la main. Et l’image de cette piscine, de cette plage, de ce road trip mère/fils souligne cela à merveille.
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