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Archives pour septembre 2015



La dernière maison sur la gauche (The Last House on the Left) – Wes Craven – 1972

dernieremaison_pic4Les bourreaux meurent aussi.

   7.5   Hormis les teenage horrific movie léchés que sont les Scream, Wes Craven aura fait des films sales – Et celui-ci est sans nul doute l’un de ses plus sales. Sa mort me pousse à revenir sinon creuser davantage sa filmographie (dans mon souvenir régulièrement parsemée de nanars pas vraiment affriolants) pour voir si ce que j’avance tient toujours. Il y a en tout cas quelque chose de bien craspec là-dedans, cela même si c’est continuellement détourné par la musique, la contemplation, l’humour absurde et la frénésie de la construction.

     C’est d’abord un montage parallèle qui surprend ici où l’on suit les futures victimes d’un côté, les meurtriers de l’autre – vers un climax d’abomination rarement atteint. Puis le film choisit, vers ses trois quarts, de ne s’intéresser qu’aux bourreaux, les deux victimes ayant trépassées, un peu à la manière du Psychose d’Hitchcock. Son gros délire (un peu à côté de la plaque mais finalement assez représentatif de ce que le film traduit) c’est le parallèle concernant les recherches de police, avec ces deux policiers crétins.

     Ce parti pris (ou cet anti parti pris) est déjà le marqueur d’un cinéma qui abandonnera son radicalisme du film d’horreur primaire qu’il semble pourtant suivre dans les débuts de La dernière maison sur la gauche et poursuivre un peu maladroitement dans La colline a des yeux pour s’orienter vers un cinéma plus mainstream et séducteur. L’absence héroïque et la faculté à brouiller les pistes fait déjà partie de son cinéma – qu’il détournera de la manière la plus jubilatoire qui soit dans sa fameuse saga. En fait, c’est Massacre à la tronçonneuse qui rencontre Laurel & Hardy.

     Ce que j’aime chez Craven c’est qu’à chaque fois il évoque l’Amérique, c’est politiquement sous-jacent, comme Roméro. Chez ce dernier tout se joue dans les rapports de dominations sociétales. Quand l’extérieur s’embrase c’est l’intérieur qui se disloque. Chez Craven, quelque soit sa source, la violence est extrême, insoutenable, amorale. Roméro est un moraliste (non moralisateur) et ces histoires de zombies des paraboles de la société contemporaine. Craven serait celui qui s’en nourrit mais ne s’en servirait qu’à des fins ludiques, grand-guignolesques. Un cinéma cancre.

     La mise en scène, assez informe ici, épouse toute variation d’angles de vues, entre plans d’ensemble et inserts, accueillantes ou horrifiques, longues plages de silence sur un étang, macros sur les feuilles d’un érable avant que ne surgissent les blessures provoquées par la lame d’un couteau, un corps que l’on dénude avant de s’en servir en tant que jouets ou la course effrénée d’une victime qui n’a aucun pouvoir face à cette forêt de la peur – idée magistralement reprise par James Watkins dans Eden Lake.

     Outre son extrême violence (d’un côté comme bientôt de l’autre) et son hallucinante plage sonore, faite de musiques volontiers inadéquates et de stridences en tout genre le film est aussi le portrait d’une jeunesse inconsciente, qui vit à sa manière la guerre du Vietnam sur son sol, où l’information est légion, entre la télévision et la radio, poussant l’attrait pour le crime et les sévices au point de créer un amalgame absurde entre le meurtre et l’héroïsme. Quelque part, oui, c’est un beau film sur la guerre du Vietnam.

Orange is the new black – Saison 2 – Netflix – 2014

11800044_10153058839012106_351754608782205867_nA Whole Other Hole.

   6.0   Je suis un chouia moins enthousiaste que pour la première saison que j’avais quasi regardé d’une traite. Là je reconnais avoir un peu décroché par instants, j’avais l’impression d’un truc un peu plus mécanique et attendu (J’ai vraiment tout vu venir). Peut-être que je suis déçu d’avoir un peu perdu la Piper des débuts. Là d’une part elle passe derrière (tout ce qui tourne autour de Vee & Taystee) et d’autre part elle traverse vraiment une période super violente. Cette saison est d’ailleurs nettement plus dark et du coup moins séductrice – à l’image de cet épisode d’entrée en matière très déstabilisant et ce d’autant plus qu’il fait apparaître la Tyler (Lori Petty) de Point Break, 20 ans de plus au compteur, grosse douleur en ce qui me concerne. Néanmoins j’adore les flash-back, je les trouve vraiment plus beaux que lors de la première saison. Ainsi que tout ce qui se trame plus haut, entre Caputo et Figueroa, avec les détournements d’argent, tout ça. La tempête tropicale vers la fin, vécue de l’intérieur, c’est vraiment très chouette. Et puis faut quand même reconnaître que ça se regarde pépère, aisément en binge-watch.

Bates motel – Saison 3 – A&E – 2015

11696028_10153058838887106_1940898933344143458_nLes rames.

   4.0   J’ai ramé pour finir. Mais voilà je suis donc à jour. Et c’est toujours aussi médiocre. Alors bien entendu quelques instants sortent du lot mais globalement c’est archi poussif et puis c’est dingue comme il se passe toujours plein de trucs et qu’en fin de compte il ne se passe rien. La série n’a pour ainsi dire pas évolué (au niveau du questionnement sur la pathologie de Norman) depuis la saison 1. C’est inquiétant. Un léger mieux pour l’ensemble sur la toute fin, néanmoins.

Gemma Bovery – Anne Fontaine – 2014

gemma_bovery_14-1170x780-3Imitation of life.

   5.0   J’ai cru que c’était un film de Bonitzer. Longtemps. Mais un chouette Bonitzer, quoi. Un film de papa mais pas de vieux con non plus. Bonitzer c’est parfois génial parfois quelconque (en restant poli) et bancal et tout ça au cœur d’un même film. Bon, je me plantais. En même temps ça ne ressemble pas vraiment à du Anne Fontaine, je trouve. Bref. J’ai lu Madame Bovary au collège. J’étais un petit con, j’en ai rien gardé. Bonitzer, euh Fontaine me donne envie de m’y remettre. C’est déjà pas mal. Je me suis programmé une relecture avant la fin de l’année, je suis super excité. Que dire ici si ce n’est que Luchini est excellent. C’est étrange Luchini, ça dépend. Comme Bonitzer, enfin Fontaine ou les deux, merde, bref. Ça dépend vraiment de qui tient la barre. Klapisch c’est non, Rohmer c’est oui, en gros. Mais le vrai point fort c’est l’écriture : Pour un film qui cite Flaubert tant mieux non ? C’est vraiment brillamment écrit, très drôle, très riche. C’est une histoire tout ce qu’il y a de plus basique, d’un petit boulanger amoureux d’une jeune anglaise qui vient d’emménager tout prêt de chez lui, en Normandie, là où Flaubert a écrit Madame Bovary. L’histoire de la jeune femme, le lieu, le nom le fascine au point de voir en elle la réincarnation d’Emma Bovary, une Bovary d’aujourd’hui qui s’apprête à revivre le même destin. C’est un hommage modeste à l’écrivain français du XIXe siècle, une petite comédie inoffensive, mais élégante et c’est très chouette comme ça.

Summer (Sangaïlé) – Alanté Kavaïté – 2015

45La ronde de l’aube.

   6.5   Je n’avais rien lu dessus ni vu de teaser, mais sur la seule affiche et le fait d’apprendre qu’une moitié de Air s’occupait de la bande originale, j’avais entrepris que ce serait un croisement entre Un amour de jeunesse et A swedish love story. More or less. C’est finalement moins le récit d’une rencontre amoureuse entre deux adolescentes que la concrétisation d’un rêve, nourri d’un mélange un peu refoulé de fascination orgiaque et de peur pure. Une passion qui se nomme la voltige aérienne. Sangaïlé, dix-sept ans en est folle. Jusqu’au vertige. Et c’est en se surprenant à faire une expérience parallèle qui ne lui ressemble pas, que Sangaïlé replongera alors dans le rêve originel. C’est un très beau film. Qui sait faire éclore de merveilleux instants d’envol, libérer la timidité de Sangaïlé, ainsi que son mal-être (jalousie de la réussite parentale, scarifications…) et évoluer entre le fantastique et la chronique, tout en choisissant de glisser au moment où il lui faut ce glissement. Nous faire croire qu’il est ce qu’il est avant de nous faire voyager autre part, légitimant du même coup cette longue et belle introduction. JB Dunckel (Air) accompagne ce décollage absolu avec l’élégance infinie qu’on lui connait. Dommage que le côté un peu rêche et schématique, offrant ses belles mini saynètes avec un poil trop de concision (la touche lituanienne, probablement) enferme parfois le film dans une démonstration indé huppé car il y a régulièrement de purs instants de grâce assez inouïs : La voltige d’intro, plus loin celle de Sangaïlé, les séquences d’envol en drone, le lac, les mensurations, la scène de sexe dans le champ (graphique à l’excès, mais sublime) ou le vertige vaincu (ces immenses grues et pylônes). Tout n’est pas réussi mais il y a une singularité assez forte et touchante là-dedans.

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