Banshee – Saison 2 – Cinemax – 2014

12079663_10153216400732106_3662062016467893645_nBullets and tears.

   7.5   Comme je le redoutais, la magie s’est un peu envolée. J’aime toujours beaucoup mais si je retrouve toujours ce grain de folie inhérent à chaque épisode, je n’ai plus la surprise de ce grain de folie. Autrement dit, la saison d’ouverture avait mis la barre si haute qu’on a cette impression que la série s’est dorénavant installée dans une routine, certes de luxe, mais qui provoque moins la sidération. Il me semble, par exemple, ne plus avoir d’épisode sans logique narrative, uniquement rythmé par le goût du sang et du sexe. C’est peut-être le cas avant, je ne suis plus très sur, toujours est-il que je ressens davantage la fabrication, l’aiguillage que prendra l’épisode suivant sitôt le précédent terminé.

     La série se lâche aussi probablement trop au niveau formel. Ses tics plastiques ont toujours fait partie du show, depuis le pilote, mais ils me semblaient toujours sur la corde, toujours à jouer sur deux séquences qui chaque fois s’annulaient pour éviter la surcharge. Entendons nous bien, cette esthétique grasse fait partie de Banshee, j’aurais même tendance à dire qu’elle est sa signature, donc en soi je ne lui reproche rien, simplement je me sens moins plongé dans un pur état d’extase. Je me rends compte d’une chose : Une autre série avait produit sur moi un effet similaire, c’était Trueblood, l’autre création d’Alan Ball – que j’avais stoppé, agacé, en cours de saison trois, tandis que j’adorais littéralement le début. Certes il est encore tôt pour s’inquiéter car je le répète, Banshee me comble toujours très largement, mais les premières craintes apparaissent c’est un fait. Affaire à suivre, donc.

     Au-delà de ces maigres griefs – relativement engloutis par un épisode final colossal – j’en profite pour signaler des partis pris que je trouve absolument dantesque. Il y a d’une part un épisode parenthèse magnifique (2.05) à la fois simple dans son déroulé autant qu’il peut être un monstre de montage sur trois niveaux. Ce qui se joue continuellement entre Anastasia et Hood restera pour moi le gros point fort de la série, sans doute parce que c’est une histoire maudite, une relation sacrifiée par le temps. C’est peut-être la plus belle réussite de la série que d’avoir créé quelque chose d’aussi terrible au sein d’un tel foutoir. L’épisode dix, beaucoup plus démesuré (Un carnage d’une heure, purement et simplement) accentue une nouvelle fois son tragique sous-jacent : Les préparatifs, la fusillade dans l’église, le retour à Banshee. Le passé et le présent se chevauchent. L’un est brisé, l’autre est en marche. C’est de la survie et rien d’autre.

     A cela s’ajoutent ces merveilles de personnages secondaires que sont Job et Kaï Proctor. L’humour extravagant de l’un face à la violence contenue de l’autre. Je ne m’en lasse pas. Et tant d’autres : La cool-attitude de Sugar, l’extrême noirceur de Rabbit, le mystérieux Alex Longshadow, l’homme de main super froid de Proctor, le trop docile Emmett, Jason qui fait pschitt sans parler de ceux que l’on voit peu : Chayton semble bien prometteur. Des gueules et de la classe. Tarantino doit aimer ça. Et puis Banshee ne serait définitivement pas grand chose sans ses personnages féminins : Siobhan, Rebecca, Nola. Avec Anastasia, on tient là, aisément, les quatre nanas les plus badass toute série confondue.

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