5.5 Je m’attendais à une rechute intégrale. Pas tant que ça finalement. S’il faut accepter l’outrance d’un scénario gratiné et une construction un brin programmatique et prévisible, c’est un film surprenant, un peu raté certes, mais qui ose embrasser tous les genres avec une énergie attachante. En fin de compte, je l’aime bien ce film. On écarquille un peu les yeux au départ mais on finit par le trouver beau. Enfin, disons qu’il est nettement mieux fait que Swamp thing avec lequel on pourrait lui trouver quelques ressemblances.
Il y a quelque chose de disloqué dans les familles présentes dans L’amie mortelle, quelque chose de post Spielberg où si le père n’est pas absent (le héros vit seul avec sa mère) il est violent et alcoolique. C’est le cas pour celui de Samantha, dans un foyer qui lui, ne contient pas de mère. C’est dans ces conditions que les deux ados se rencontrent et tombent amoureux l’un de l’autre – D’autant qu’une voisine cinglée (Freak Anne Ramsey aka Mama Fratelli dans Les Goonies) réduit en miettes le super robot du jeune neuroscientifique.
C’est là-dessus que le film est encore plus terrible que ses situations familiales : Après BB (le nom du fameux robot) c’est Samantha, un soir, qui est « accidentellement » jetée dans les escaliers par son père possédée par la boisson, et qui n’attend plus qu’on la débranche à l’hôpital. Evidemment, les lignes scénaristiques sont énormes, pour lancer ce qui va venir, mais c’est si ignoblement tragique dans le fond que l’on marche dans le désespoir du héros et dans l’espoir attendu qui s’ensuit. Le titre français l’annonce clairement, le titre original moins.
Pour ce qui est du capital scènes gores le film est plutôt généreux, autant dans le réel que dans ses parties rêves, que l’on prend plaisir à retrouver Craven après Craven. Elles font certes ici quelque peu remplissage et/ou passage obligé pour que le film soit labellisé Horreur, mais elles ne sont pas mal faites, inventives (ce corps de père brûlé sous la couette, clin d’oeil à Freddy, évidemment) ou grandguignolesques (Une décapitation au ballon de Basket).
Comme souvent, le film s’achève dans un climat de vrai faux rêve tendance fourre-tout final mais ça ne gâche pourtant pas ce que l’on vient de voir. Je retiendrai surtout l’extrême noirceur de cette tentative de mélo évoquant de loin le Starman de Carpenter, avec cette fille / robot retrouvant finalement, mais trop tardivement, ses facultés humaines (la parole) au moment de se faire zigouiller. L’amie mortelle n’est définitivement pas tendre avec Paul, son héros, qui pourrait être vu comme l’incarnation masculine, dix ans plus tôt de Sidney Prescott.