Pères et filles.
7.5 C’est un film de son époque, post Valseuses, pré Max Pécas. Je grossis. Lanoux et Marielle, la quarantaine passée, jouent deux potes de toujours, en vacances sur la côte d’Azur avec leur fille respective, deux adolescentes de dix-sept ans. Il faut déjà dire comment Berri filme Saint-Tropez, parvenant à saisir sa vulgarité et son désoeuvrement sans jamais tomber dans la facilité paillettes et carte postale. Du coup c’est plus intérieur, intime. Ce n’est pas non plus La collectionneuse ni La piscine mais dans la respiration, quelque chose s’en approche. C’est d’abord une ambiance nichons à l’air, crème solaire entre potes, gitanes, chemises blanches et câlins pères/filles. On dort, on nage, on sieste, on danse. Mais c’est un drôle de moment, trop tôt et tard à la fois, où les deux potes n’ont pas conscience des bouleversements, parce que l’un est séparé depuis longtemps et que l’autre est en ménage libre (chacun part en vacances de son côté) qui bat de l’aile (coups de téléphone virulents). C’est léger même si les hommes ruminent leur solitude. C’est aérien même si les découcheries à répétition des filles les cloîtrent dans leurs angoisses. Et puis hop, dans un élan d’excitation confuse, l’un d’eux couche avec la fille de l’autre, laquelle tombe amoureuse de lui. Beau bordel. Lanoux et Marielle sont prodigieux. Déjà parce qu’ils parviennent sans mal à traduire à l’écran les années d’amitié partagées. Ensuite car occupant sans cesse le plan ils pourraient être tenté d’en exagérer mais non, ils tiennent la barque avec beaucoup de retenue et de tendresse et suffisamment intelligemment pour ne pas noyer les deux jeunes rôles féminins. Reste donc un récit bien casse-gueule, parfois gênant, sur l’évolution des moeurs, les maturités soudaines et la libération sexuelle mais traité avec une infinie subtilité.