Code inconnu.
7.5 C’est un film formidable sur la famille disloquée, cabossée par le temps et les fêlures qu’il a engendrées : Un divorce provoque l’absence d’un père ; Une violente dispute jadis a créé des grands parents inconnus. C’est le point d’ancrage du film sans l’être, au sens où il se dilate et s’étoffe à mesure dans le récit. L’action prend donc place dans ce quotidien trivial, familier où des enfants rendent visite à papy mamy en pleine cambrousse pendant que maman coule quelques jours paisibles au soleil.
Le procédé giga hype du found foutage pourrait briser cet élan mélodramatique, il vient au contraire l’endurcir dans sa dimension documentaire tout en l’élargissant sur deux genres se complétant à merveille : le comique et l’horreur. Données qui ont souvent agies de pair dans le cinéma de Shyamalan, mais rarement avec autant d’acuité et de liberté. Ainsi, quand l’aînée incarne, avec sa manie de tout filmer, une sorte de Raymond Depardon 2.0, son petit frère se rêve en Tyler the Creator bis. Quand la nuit, Mamy vire somnambule en se frottant sur les murs à oilpé, papy disparait dans la grange pour y déposer ses couches sales.
J’avais un peu laissé Shyamalan de côté depuis deux films qui pour tout dire ne m’attiraient pas du tout. Mais là je retrouve à la fois celui de Sixième sens et de La jeune fille de l’eau. Film d’horreur et conte, masqué et dépouillé à la fois. Et tout fonctionne. Sa construction, son crescendo, ses bizarreries. Quant au filmage il s’avère en tout point passionnant – Avec un épilogue à lui seul merveilleux. Plus qu’un énième produit horrifique comme il s’en produit à la pelle, Shyamalan préfère construire de l’inconnu et de la peur en élaborant une toile domestique, ici une complicité entre un frère et une sœur ou la fragilité familiale dans ses enchevêtrements générationnels. Passionnant.