Ashes to ashes.
6.0 Voilà un film d’action diablement efficace. Sous couvert d’une banale histoire de vengeance, John Wick est un défilé savamment orchestré de gunfights, combats à mains nues et exécutions en tout genre, assez réjouissant pour la simple et bonne raison qu’il ne sort jamais de son statut de série B et surtout parce que l’action est tout à fait lisible, ne se complait jamais dans une surenchère d’effets. On pense à Johnnie To. L’originalité dans l’écriture, c’est la source même de vengeance : Ailleurs, Wick aurait vengé le meurtre de sa femme, point. Ici c’est plus complexe. Quand le film s’ouvre, elle décède semble t-il d’une longue maladie. C’est de sa perte qu’il voudrait matérialiser sa vengeance. Au départ, son défouloir c’est de faire des run avec sa Ford Mustang 69, sa lueur d’espoir un beagle que sa femme lui a offert en guise de cadeau d’adieu.
Le jour où des voyous entrent chez lui par effraction, lui volent sa voiture et tuent son chien, Wick a enfin son mobile pour se venger. Mais il se trouve que l’un des voyous en question, joué par l’insupportable Théon de Game of Thrones, toujours aussi insupportable ici, est le fils du gros caïd de la pègre de New York. Bref, t’as pigé le truc. Gros carnage à venir. D’autant que Wick, c’est à préciser, est un ancien de la maison, rangé, retraité, il était jadis le nettoyeur le plus efficace. Le film alors aligne les morceaux d’anthologie au moins dans cette boite de nuit, cet hôtel à truands ou la propre maison de Wick, en intro au massacre en marche – Même si je dois bien avouer avoir, comme souvent, du mal avec cette propension à laisser des types en vie, mais bon. Trois premières séquences, trois boucheries et les bases sont posées. Difficile de mémoriser le nombre de cadavres que Wick laisse derrière lui. Le film continue sur sa lancée sans jamais se poser. Je regardais deux épisodes de Banshee la veille, ça ne m’a pas trop dépaysé.
Outre sa minutie dans la violence, le film est aussi très drôle, notamment dans cet hôtel, no man’s land improbable ou encore lorsque la société de nettoyage se pointe chez Wick après qu’il ait commandé une table et douze couverts. Et dans sa kyrielle d’acteurs/personnages géniaux qu’on a déjà croisé ailleurs : Al Swearengen de Deadwood, fascinant de froideur implacable, les charismatiques Inspecteur Freamon et Lieutenant Daniels de The wire, l’incontournable Willem Dafoe, l’acteur principal du Millenium suédois, bref que du beau monde que l’on jubile à retrouver et qui épaulent à merveille cet improbable come-back de Keanu Reeves. C’est bourrin, certes, mais bordel ce que ça fait plaisir.