Mes stars et moi.
7.5 J’étais relativement confiant mais je n’imaginais pas que ça puisse me plaire tant. En l’état je trouve cette série parfaite dans son genre. Qui plus est lorsqu’on sait Klapisch un peu aux manettes. Dix pour cent brosse le portrait d’un monde d’agents de comédiens, ces assistants dans l’ombre qui font leur sale boulot, qui sont à la fois leur bras droit, leur psy, leur confident afin d’assouvir tous leurs désirs, réparer leurs ratés et les conduire jusqu’au rôle convoité en échange de… 10% de leurs cachets. La série n’aurait pu être qu’une succession de mini histoires s’appuyant sur la présence de la star en question, mais il y a une vraie continuité assez passionnante, ce qui la rend réussie sur deux tableaux : Le quotidien de l’agence de stars, dans laquelle la majorité de l’action s’y déroule et l’intimité de ses personnages centraux, les actionnaires de la boite. Surtout, elle parvient à relier les deux avec soin, sans trop tomber dans la caricature, sans trop charger la mule, sans trop surfer sur des sentiers battus. C’est le compromis parfait entre le poussif mais charmant Platane et la merveille de série policière qu’est Engrenages. D’une car elle traite tous ses sujets – Chacun des six épisodes sa star en gros, qui incarne son propre personnage, schéma similaire à Platane – sérieusement et amplement. Merci Fanny Herrero, l’écriture y est souvent magistrale, qui plus est en jonglant ainsi, comme le font nos quatre imprésarios épaulés de leurs assistants, entre art et business, vie privée et vie professionnelle. De deux parce qu’elle réussit à se révéler aussi drôle que touchante dans sa façon d’aborder chacune des interactions, notamment père/fille entre Camille et Mathias mais aussi collègue/pote entre Andréa et Gabriel. En cela je retrouve beaucoup de Engrenages : Cette petite famille que l’on ne veut pas quitter, ces collègues toujours sous tension, ces relations intimes incontrôlables, ces morceaux de vies personnelles pas vraiment reluisantes. C’est une peinture féroce et jubilatoire d’un monde sur la corde – l’agence est en situation de rachat après la mort subite de son fondateur, épisode 1 – tout en trompe l’œil et mensonges, qui affronte les stars capricieuses, les jalousies internes et les redressements judiciaires. Et la série, encore heureux, est accompagnée de très bons comédiens (et pas les supers stars que l’on connait) : Camille Cottin, absolument génialissime au point qu’elle m’a donné envie de découvrir sa période Connasse. Thibault de Montalembert, sosie vieux de Benjamin Biolay, que l’on n’avait pas vu depuis les premiers Desplechin, est parfait. Grégory Montel qui pourrait être vu comme un nouveau Gilou. Et il y a ceux qu’on est ravi de revoir comme Laure Calamy et Nicolas Maury. Bref, le récit choral est savamment travaillé, les dialogues sont souvent percutants et le monde du spectacle semble être saisi dans une vérité du milieu qui tient d’anecdotes puisées dans l’expérience de Dominique Besnéard et de situations improbables, aussi féroces que savoureuses. Très bonne surprise !