Publié 12 novembre 2015
dans M. Night Shyamalan
Code inconnu.
7.5 C’est un film formidable sur la famille disloquée, cabossée par le temps et les fêlures qu’il a engendrées : Un divorce provoque l’absence d’un père ; Une violente dispute jadis a créé des grands parents inconnus. C’est le point d’ancrage du film sans l’être, au sens où il se dilate et s’étoffe à mesure dans le récit. L’action prend donc place dans ce quotidien trivial, familier où des enfants rendent visite à papy mamy en pleine cambrousse pendant que maman coule quelques jours paisibles au soleil.
Le procédé giga hype du found foutage pourrait briser cet élan mélodramatique, il vient au contraire l’endurcir dans sa dimension documentaire tout en l’élargissant sur deux genres se complétant à merveille : le comique et l’horreur. Données qui ont souvent agies de pair dans le cinéma de Shyamalan, mais rarement avec autant d’acuité et de liberté. Ainsi, quand l’aînée incarne, avec sa manie de tout filmer, une sorte de Raymond Depardon 2.0, son petit frère se rêve en Tyler the Creator bis. Quand la nuit, Mamy vire somnambule en se frottant sur les murs à oilpé, papy disparait dans la grange pour y déposer ses couches sales.
J’avais un peu laissé Shyamalan de côté depuis deux films qui pour tout dire ne m’attiraient pas du tout. Mais là je retrouve à la fois celui de Sixième sens et de La jeune fille de l’eau. Film d’horreur et conte, masqué et dépouillé à la fois. Et tout fonctionne. Sa construction, son crescendo, ses bizarreries. Quant au filmage il s’avère en tout point passionnant – Avec un épilogue à lui seul merveilleux. Plus qu’un énième produit horrifique comme il s’en produit à la pelle, Shyamalan préfère construire de l’inconnu et de la peur en élaborant une toile domestique, ici une complicité entre un frère et une sœur ou la fragilité familiale dans ses enchevêtrements générationnels. Passionnant.
Publié 12 novembre 2015
dans Levan Gabriadze
La mort en direct.
6.0 J’ai trouvé ça passionnant. J’avais peur de l’ennui, j’ai au contraire été pris dans le tempo, de bout en bout. En gros, c’est un film d’horreur aux apparences classiques (Survival et histoire de fantôme) mais raconté en un seul (faux) plan séquence qui est celui d’un écran d’ordinateur sur lequel s’entremêlent des pages Facebook, Skype, Youtube, Messenger… entre cinq amis, évoquant l’anniversaire du suicide d’une des leurs (victime de cyber-shaming) mais bientôt rejoins par un sixième larron inconnu et flippant, qui officie aussi en fantôme de l’étudiante décédée. L’expérience pourrait s’avérer limitée mais elle est éprouvante, aussi parce qu’elle utilise à merveille la multiplication des sources d’images se chevauchant sur l’écran et qu’elle parvient à surprendre dès qu’elle condamne l’un des personnages du groupe. Oui, survival oblige, c’est un petit carnage. J’ai bien entendu vu ça sur un écran d’ordinateur ce qui ne fait que pousser l’expérience à son paroxysme.
Publié 11 novembre 2015
dans Cédric Kahn
Loin d’elle.
7.0 C’est dans ses extrémités que le dernier film de Cédric Kahn prend toute son ampleur tragique, physique et bouleversante. D’une part, via vingt premières minutes à couper le souffle, d’une sécheresse terrible. Puis quinze dernières en quasi huis clos, d’une charge qui rappelle certaines fins de films Dardenniens – L’enfant, surtout. Ici, les Dardenne produisent. Rien d’étonnant tant Kahn n’avait encore fait à ce point du Dardenne-like quoique le déjà excellent Une vie meilleure avait embrayé ce virage plus social. Il y a trois parties dans Vie sauvage. Et la partie centrale, la plus longue, qui donne son titre au film, raconte les dix ans de fuite d’un père et de ses deux fils. C’est réussi mais moins fort sans doute parce que c’est davantage comme je l’attendais ou me l’était imaginé. Mais Kahn une fois de plus, ne fait que les bons choix, autant dans le développement de ce nouvel univers, la gestion du temps (Une ellipse géante, point ; le reste se fond dans la masse) et les diverses rencontres cévenoles qui peuplent cette croisade utopique loin des normes. Inutile de préciser que Céline Sallette et Mathieu Kassovitz y sont excellents, enfin si car vraiment ils le sont.
Publié 9 novembre 2015
dans Fabrice Gobert, Les revenants et Séries
Les égarés.
3.0 C’est une immense déception. Alors au-delà de l’attente provoquée par une première saison de haute volée et au-delà du break trop imposant qui la sépare de son excitant retour, Les revenants, second acte, ne parvient jamais à susciter autre que du désarroi et de la confusion. Certes, l’ambiance aussi ouatée que pesante plane toujours, certes la mise en scène de Fabrice Gobert maintient ses quelques instants de belle inspiration, certes le mystère et la sidération qu’il provoque s’immisce parfois, il n’empêche que dans sa globalité, le récit est bien trop dilaté, les agencements mal fichus, notamment dans ses enchainements au sein d’un épisode autant que d’un épisode à l’autre. Ce qui fonctionnait à merveille il y a trois ans s’est quasi entièrement évaporé : Les liens entre les personnages sont plus diffus, les ponts scénaristiques, surtout entre les années (de nombreux retours en arrière peu fulgurants) sont soit téléphonés, soit indigestes. Et puis tout bêtement, il n’y a plus grand-chose de stimulant là-dedans, on attend que ça se passe. Tout ce qui tourne autour d’Adèle et Simon piétine, même chose avec Julie et Victor. On retient davantage ce qui se déroule chez les Séguret même si l’on a continuellement la sensation que ça pourrait être cent fois mieux raconté. J’aime beaucoup Laurent Capelluto, mais là ce flic qui met huit épisodes à accepter l’idée que les morts soient revenus, au secours. Les nouveaux venus – et connus – Aurelien Recoing et Laurent Lucas campent des personnages quasi transparents. Je peux continuer, l’inventaire est long. Reste que ça se regarde, que ça tient suffisamment en haleine, que formellement c’est tout de même pas dégueulasse. L’épisode 4 centré sur Virgil est très beau. Le 7 il y a aussi quelque chose. Mais ça ne débouche sur rien de probant, de fort, de stimulant, comme la saison d’ouverture parvenait à le faire. Pour moi, le ratage n’est pas dans True detective mais là.
Publié 9 novembre 2015
dans Séries et Under the dome
Breaking point.
1.0 Dans la rubrique J’ai testé et souffert pour vous jusqu’au bout, ça se pose-là. Je m’étais juré de ne pas y revenir, mais apprenant que la série avaient été annulée après la diffusion (et les audiences décevantes) de cette troisième saison, je me suis dis, en bossant pourquoi pas se laisser embarquer par sa diffusion TV, histoire de voir jusqu’où ils sont capables de s’enfoncer. Et c’est toujours n’importe quoi. Chaque parcelle de scénario est éculée, chaque micro événement prévisible, les personnages n’ont aucune ossature et l’on ne comprend pas les trois-quarts de leurs choix, mais surtout c’est laid, en permanence. Je n’ai rien contre les images studio mais quand même, faites un effort les gars! Niveau récit, c’est la même chose, tout est placardé sans originalité, sans la moindre prise de risque. Et puis cette fin, sérieux. Je regarde par curiosité de voir où ce foutoir va nous emmener et ils ne sont pas capables d’en finir décemment, plantant tous les arcs narratifs en enchaînant les fausses fins et les faux twists. Usant de bout en bout. Allez hop, une série de plus en moins.
Publié 8 novembre 2015
dans Pierre Jolivet
2.0 Ou Olivier Gourmet en agent de sécurité de nuit chez Intermarché, qui rumine, grimace, boit du whisky, pisse dans un champ. Une panoplie complète de l’ennui filmée avec autant d’élégance qu’un mollard et aussi platement qu’un épisode de Vis ma vie. Souvent, Gourmet marche sur le parking. Parfois, il joue avec une voiture téléguidée. Un moment donné, il retire de l’argent au distributeur et craque son futal, il va le recoudre mais s’agace et crie. La tension est à son paroxysme. Plus tôt il avait acheté sous le manteau un radio réveil à son pote éboueur et chouré quelques trucs dans l’entrepôt. Plus tard il se rend à la caisse de retraite. Il y croise Valérie Bonneton, qui galère à sa manière et un collègue avec une cravate rouge, forcément gay. Mais Gourmet a mal au dos, il a une carie et il est perturbé par un gros 4×4 noir qui fait d’étranges allés et venus. 1h15 de film. Tout gris, tout mou, tout scolaire, ça se regarde faire du sous sous Dardenne. Aucun intérêt. Puis un dernier quart d’heure, plus mouvementé mais archi prévisible, évidemment.
Publié 8 novembre 2015
dans Pierre Jolivet
6.5 Quand il s’aventure dans le petit polar social, Jolivet me plait. Ici encore davantage que dans Ma petite entreprise qui tournait un peu la chose en dérision. C’est très court (1h15), sec et nerveux, pile ce que j’imaginais d’un Jolivet en grande pompe. Et Lindon est dans l’un de ses meilleurs rôles.
Publié 8 novembre 2015
dans Pierre Jolivet
2.5 J’aimais assez Ma petite entreprise. Celui-ci est sans intérêt. Jolivet n’a ni la verve d’un Moutout pour cerner le monde de l’entreprise ni la force d’un Schoeller dans le peu qu’il tente de passer de politique. La relation amoureuse en filigrane est sirupeuse, prévisible et puis au bout du compte ce n’est pas l’artiste intelligente et cruelle que l’on plaint mais bien le patron fragile et malchanceux. Un petit beurk donc.
Publié 7 novembre 2015
dans Collectif et Jules
Petits vents de liberté.
4.5 Petite séance de cinéma avec mon fiston. Je l’ai senti ravi, concerné et sage, je pense qu’on pourra très prochainement passer le stade du long-métrage. Les animaux farfelus est un programme de six petites histoires dans lesquelles les animaux sont à l’honneur : Des girafes s’élançant dans un concours de plongeons acrobatiques en pleine piscine olympique, deux poulpes dans un village grec souhaitant rejoindre la mer avant d’être cuisinés, un après-midi bien déviant à Versailles en 1700 où la basse-cour a remplacé la cour ou encore une histoire d’amitié entre un lapin et un cerf voulant contrarier les dimensions… Pour ne retenir que les plus intéressants. Girafes et poulpes sont deux programmes extrêmement courts, hyper rythmés, sans parole, dans la lignée de ce que peuvent offrir les fameux épisodes de Minuscule. Ce sont les deux épisodes préférés de mon fils, je crois. À la française est assez génial dans sa manière de jouer avec un burlesque de situation qui se répète à l’infini, avec ces poulets enchainant bourdes et maladresses, un peu à la manière d’un Tati. Le lapin et le cerf, court-métrage hongrois est le plus beau : Ils sont tous deux amis sur une feuille de dessin. Mais le cerf se fascine soudainement pour le volume (une histoire de rubik’s cub taquin) et parvient à découvrir la formule de la troisième dimension et devenir un animal en bois, laissant, à son grand désarroi, son ami le lapin sur sa feuille à jamais. Voilà, comme tout programme multiple, ça reste inégal (Les chats chantants & L’oiseau rare sont sans intérêt) mais c’était surtout réjouissant de voir ça avec mon petit loup.
Publié 6 novembre 2015
dans Tonie Marshall
0.5 Affligeant de bêtise et de vulgarité. Je me demande si Marceau n’est pas l’actrice française ayant cumulé le plus de daubes au cinéma ? A part ça on y croise Marielle jouant Marielle, Marie Rivière jouant rien, Patrick Braoudé dans un costume de lapin, Sylvie Vartan là pour payer la dernière traite de sa piscine et André Wilms, ridiculisé, rien que ça. Bref, l’horreur absolue.