« I’m your number one fan »
7.0 Ces temps-ci je recherche un peu de proximité, de facilité. Les films qu’on a dévoré longuement enfant font l’affaire. Des madeleines que justement je m’étais promis de revoir. Commençons donc par Misery. J’ai l’impression de l’avoir vu des dizaines de fois celui-là, à tel point que James Caan, pour moi, c’était Paul Sheldon et non Sonny Corleone. C’était avant, cela va de soi. Le problème de Misery version Rob Reiner, c’est qu’on ne peut en parler sans en évoquer le matériau de Stephen King, autre madeleine dans son genre. On ne peut en parler car c’est un décalque sans une once d’ambition formelle. J’exagère puisque le film parvient parfois à être saisissant, joue aussi habilement de son crescendo et Kathy Bates campe une Annie Wilkes qu’on rêvait à peine plus cinglée dans le bouquin. J’exagère puisque Reiner invente d’autres scènes, en sectionne plusieurs et est apparemment moins intéressé par le Novril que l’était King. Néanmoins, l’agencement des séquences fortes est attendu, le film fonctionnant sans doute trop par chapitre, le renvoyant inéluctablement vers le livre. Quand Annie s’emporte, le plan nous le fait comprendre : il cadre en contre pongée pour lui donner une dimension maléfique. Quand Paul tente des minis évasions de sa chambre, le montage insère de nombreux plans parallèles d’Annie (partie en ville lui acheter le papier, par exemple) pour que l’on s’adapte aux montées d’angoisses, pour ne pas nous perdre, aussi. Tout le travail nous est mâché. Le coup du pingouin, par exemple, impossible de rater son utilité tant le plan s’endort sur lui. En plus de s’en tenir à un petit programme bien construit, Reiner n’utilise jamais assez l’espace qui lui est offert : Une petite maison au coeur des montagnes du Colorado, ça devrait être dense, immense, indomptable – Kubrick avait compris, lui et en adaptant King qui plus est. Là ne restent que quelques plans morcelés de l’extérieur et une maison pas suffisamment cauchemardesque pour troubler plus qu’elle ne maintient forcément l’effroi. C’est une peur familière. Un film qui ressemble finalement beaucoup à toute cette vague de thriller d’époque agréables mais programmatiques. Pas étonnant que j’en fasse mon ouverture idéale à cette rétro d’easy watching films.
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