Paradis perdu.
7.0 Je l’avais découvert en salle lors de sa ressortie il y a 7 ans. J’avais surtout été marqué par ce ton désenchanté, cette peinture désoeuvrée que le film faisait d’un New York beaucoup moins triomphant (pour ne pas dire infiniment plus sordide) que le rêve qu’il laissait planer, symbolisé par la venue de ce looser texan, qui pensait trouver là, stetson et santiags à l’appui, les clés d’une réussite inévitable mais se fait rondement engloutir par la ville et toute la flétrissure qui l’accompagne.
C’est Dustin Hoffman qui m’avait marqué, aussi. Impressionnant en minable arnaqueur, boiteux et tubard, il est à lui seul l’incarnation d’une Amérique rejetée. Le voyage final vers Miami, quasi mutique, se révèle bouleversant dans ce qu’il dresse d’une amitié sincère et démunie. Car c’est aussi l’âge d’or qui se brise via la présence de ce cowboy naïf qui trouve en Rico un compagnon d’infortune et miroir de son incompréhension du monde.
J’avais en revanche gardé un souvenir plus diffus de la réalisation, relativement inspirée dans son montage épileptique, variant les tonalités, partagées de souvenirs, de cauchemars, de variations de couleurs (parfois jusqu’au noir et blanc) jusque dans cette fête underground où la drogue convoque un éclatement absolu, dans une scène miroir de celle d’Easy rider, sorti la même année. Il y a quelque chose de continuellement terrifiant là-dedans, que l’on se place dans le présent comme dans le trauma.
Quoiqu’il en soit, Midnight cowboy fait très underground pour un film à oscars (rappelons qu’il reste le seul film classé X à avoir remporté la statuette suprême) mais hyper classique – avec le recul – pour un film se situant dans la veine expérimental d’un Paul Morrissey, qui fait par ailleurs une courte apparition pendant la fête hippie. En un sens il brise l’identité d’un courant pour s’immiscer dans un autre. Pas sur que ça l’érige en objet indispensable mais ça fait toujours son petit effet.
0 commentaire à “Macadam cowboy (Midnight cowboy) – John Schlesinger – 1969”