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Archives pour janvier 2016



Un homme très recherché (A most wanted man) – Anton Corbijn – 2014

un-homme-tres-recherche-d-anton-corbjin-philip-seymour-hoffman_5051224Falling.

   5.5   A l’instar de J.C.Chandor, Corbijn fait partie de cette nouvelle vague de cinéastes hollywoodiens faussement indépendants, qui proposent sinon un univers personnel reconnaissable entre tous, une sensibilité et une minutie d’orfèvre qui les place forcément dans une veine suffisamment non académique (ce fameux classicisme moderne) pour ne pas tomber dans le gouffre de l’Entertainment sans âme. Certes ils n’ont pas le même CV ni la même nationalité d’origine ni le même âge, mais leur évolution (On pourrait citer Gray dans ce panier aussi) dans le cinéma, est rempli de similitudes. D’autant que son travail de photographe et réalisateur de clips ne transparait plus beaucoup aujourd’hui.

     Faire un biopic sur Joy Division dans un noir et blanc léché tourné à Macclesfield, puis enchainer vite sur un polar au ralenti avec Clooney dans les Abruzzes, d’emblée Corbijn séduisait par cette évolution au moins aussi original que pouvait l’être en son temps un Cimino, par exemple. Le voir plonger dans un projet de film d’espionnage post 9/11 avec en chef de casting (de haute volée) Philip Seymour Hoffman (dont ce sera par ailleurs son dernier film crédité) et une action située entièrement à Hambourg (qui devient un vrai personnage) attisait curiosité, une fois de plus, non sans prolonger cette frustration de voir Corbijn devenir inéluctablement un bon artisan façon Doug Liman.

     Et c’est malheureusement le cas. Alors, malheureusement, oui et non car le film est vraiment fort, prenant, intelligent, limpide, hyper travaillé, ne tombe jamais dans la facilité démonstrative. Après voilà, je ne vois plus rien de Corbijn là-dedans. Certes je préfère le voir faire A most wanted man que de devenir un énième réalisateur de clip reconverti en cinéaste passe-partout, mais c’est un fait : Le film est bien fait comme on dirait que La vie des autres est bien fait, mais il est aussi très froid, programmatique, trop pour me happer pleinement, ne pas tomber dans l’oubli instantané et me faire croire que le Corbijn de Control et The american existe toujours.

A most violent year – J.C. Chandor – 2014

A most violent year - J.C. Chandor - 2014 dans J.C. ChandorInner city blues.

   8.0   Chandor est un cinéaste qui a émergé tellement vite et de façon si impressionnante qu’on en vient à douter d’un tel panache, qui fait le pari de tenir la dragée haute aux grands films classiques autant qu’il se révèle être un client imparable dans la mise en espace et le choix de partis pris vraiment osés. Redford seul sur son bateau à la dérive dans All is lost ne disait pas un mot. Le film n’était qu’une succession de gestes et s’intéressait à la survie d’un personnage, sans nous offrir montage parallèle, background et flash-back en tout genre. Juste un type sur son voilier.

     Un an plus tôt, Chandor nous avait secoués avec Margin Call, son polar en bourse, pur huis clos vertical, passionnant alors qu’il avait tout pour être le truc le plus insipide et prétentieux de l’année. Et Chandor, l’indomptable revient cette fois avec un lieu, un vrai. On a vu dans ces deux premiers films qu’il aimait filmer un espace en particulier et le mettre en perspective, mais ce n’était que des espaces abstraits, infinité perdus dans l’infinité, grand building de verre ou océan sans horizon. Le voilà qu’il investit New York et situe son récit en l’an 1981. Comment prévoir l’avenir cinématographique de ce type, je me le demande.

     Disons le tout de go : A most violent year est une merveille. A chaud, je l’aime autant sinon davantage qu’All is lost. Le film m’a complètement cueilli en continu par son atmosphère, enneigé et crépusculaire, le monde pétrolier qu’il dépeint avec beaucoup de grâce et de simplicité ainsi que son couple central, incarné par Jessica Chastain et Oscar Isaac, qui prend des devants mélodramatiques en sourdine. Entre cet homme qui souhaite garder son intégrité sans compromis de corruption en tout genre et cette femme, fille d’un éminent ponte de la pègre, qui le suit (pour ne pas tomber dans le schéma familial véreux) mais l’entraine à s’endurcir dès qu’une menace plus grande fait son essor. C’est presque du post Coppola en fait. C’est Le parrain qu’on aurait fusionné avec Sidney Lumet.

     L’action se situe à un carrefour historique pour l’économie de fioul, puisque ce sont ses années les plus folles : L’activité étant en totale expansion, les camions citerne se font détourner et/ou braquer continuellement et en parallèle, certains chefs d’accusations sont retenus par le procureur contre les finances suspectes de la société tenue par le personnage campé par Oscar Isaac, monstrueux. Mauvaise passe qui ne tombe pas au bon moment puisqu’Abel est en plein rachat d’un ancien terminal de livraison (idéal niveau implantation) auprès d’investisseurs juifs, qui pourraient remettre en cause la vente si les banques, fort de sa situation procédurière, ne le suivent plus dans son projet.

     Et le film, anxiogène à souhait, multiplie les confrontations douces (puisqu’il s’agit avant tout, dans un milieu aussi prisé, de garder son sang-froid) avec notamment les autres entrepreneurs, où il est bientôt question de dénicher le traitre (puisque la quantité astronomique de camions détournés va bien quelque part, dans un lieu de stockage et de distribution, inéluctablement) mais aussi entre Abel et ses chauffeurs, de plus en plus terrifiés en grimpant dans leur camion chaque matin. C’est l’American Way of Life triturée dans ce qu’elle a de plus réversible, les brèches malhonnêtes qu’elle distribue, la fatalité capitaliste qu’elle engendre, la violence qu’elle fait naître.

     On pourra se plaindre de l’image (Un combo de celle utilisée par Gray dans The immigrant et de celle plantée par les Coen dans Inside Llewyn Davis) ou de la musique et ses nappes conviant au drama (comme c’est le cas souvent chez Gray, dans The yards ou We own the night) comme on pourra taxer le film de n’être qu’un produit classique, bien emballé, intelligemment saupoudré, voire y déceler une surplus dans la teneur symbolique et éthique couvrant quelques séquences (Le cerf, notamment). Mais le film révèle une telle force tragique toujours sous-jacente et un tel pouvoir de fascination autant dans un dialogue que dans une (sublime) course poursuite (qui évoque forcément celle de French Connection) qu’il m’est impossible d’y voir autre chose qu’un futur classique instantané, parfait dans son genre.

Seul sur Mars (The Martian) – Ridley Scott – 2015

Seul sur Mars (The Martian) - Ridley Scott - 2015 dans Ridley Scott The-Martian-Matt-Damon-Hamilton-Watch-5« Mars will come to fear my botany powers »

   6.5   Je pense qu’il faut vraiment prendre ça comme une comédie dans l’espace ; une mission de sauvetage amusante, un peu ringarde, avec bouffées d’héroïsme et charme rétro que cela engendre. A ce niveau l’exercice est vraiment réussi. C’est un défilé de rebondissements où chaque problème s’ouvre sur un autre, chaque solution aussi éphémère qu’illusoire appelle la suivante, jusqu’à trouver la bonne combinaison dans cette infinité de paliers improbables à franchir et terminer le voyage par un happy-end programmé.  

     Comment ne pas mourir de faim en restant seul sur Mars ? On fait pousser des patates dans son propre caca. Comment ne pas abandonner après l’explosion de ses récoltes ? Une bâche fera l’affaire. Comment se faire comprendre avec des captations circulaires insuffisantes pour utiliser l’alphabet ? Système hexadécimal. Comment gagner du temps pour retourner sur Mars ? On utilise la force gravitationnelle. Comment se propulser à la bonne vitesse dans l’espace ? Une explosion de Sas et hop. Comment réduire de trois-quarts le poids d’une navette spatiale ? On remplace son nez par une bâche, encore elle. Ça fait un peu nanar de luxe raconté ainsi mais je le répète, le film n’a pas plus d’ambition que de se faire son propre Il était une fois l’Espace, version pop corn.

     Le film n’est pas ouvertement construit ainsi mais il reprend les codes des films catastrophes de la vieille école. Et il le fait bien. On ne voit pas le temps passé. Il est limpide malgré le magma de jargon scientifique et physique qu’il nous assène – puisqu’il sait le rendre concret – et  malgré le montage parallèle rébarbatif NASA/MARS qu’on doit ingurgiter en permanence. Rien n’est pesant, tout passe tranquille. Il utilise sa matière comique sans trop de lourdeur, autant dans la coolitude affichée de Matt Damon (Le mec est seul sur une autre planète pendant des mois, mais ça va ; il vanne, s’auto-vanne, c’est cool) que dans les interactions diverses entre chaque entités qui permettent de faire avancer le récit. Tout est utile. Chaque scène appelle la suivante.

     C’est propre, c’est beau, c’est du divertissement haut de gamme un peu égocentrique mais pas trop (les chinois, alliés d’occasion, partagent la gloire), qui refuse de se prendre au sérieux en balançant régulièrement de la disco bien grasse qui fait toutefois partie du récit puisqu’il s’agit du seul héritage musical récupéré du commandant Lewis (Jessica Chastain) par Watney (Matt Damon, donc). Climax tordant lors du générique final, je ne révèle rien. Mais je préviens, il faut régulièrement se coltiner du Abba, du Donna Summer. Oui, il faut être solide. Mais ça fait partie du jeu.

     A part ça c’est aussi un défilé de stars sur le retour ou non qu’il faudrait énoncer mais l’envie me manque. Je salue surtout le vent de fraîcheur qui traverse le film. Très peu spectaculaire mais toujours stimulant dans sa robinsonnade en pantoufle. Un cinéaste plus sérieux que Scott en aurait fait un truc brûlant et poussiéreux, lui choisit douceur et volupté. Un cinéma décontracte, utopique, solidaire, avec zéro méchant, toujours positif malgré la pelleté d’obstacles à contourner. Feel good movie à la gratuité requinquante. Futur « film du dimanche soir » idéal, en somme.

Everest – Baltasar Kormákur – 2015

Everest - Baltasar Kormákur - 2015 dans Baltasar Kormákur 1436352476722_0570x0392_1436352499450 Tempête.

   5.0   Le film est divisé en deux parties, une heure chacune, ascension puis catastrophe, ciel dégagé puis tempête. La première partie est si mal branlée dans sa volonté de faire éclore chaque personnalité qu’elle contamine la suivante, où lâchés dans la montagne et la météo hostile, ils ne sont plus que des pantins interchangeables. Et forcément très peu d’émotion se dégage de cette déliquescence groupée progressive même s’il faut reconnaître que certaines séquences sont chouettes. Un film comme L’aventure du Poséidon réussissait lui tellement bien sa partie de présentation qu’il pouvait s’abandonner à la pure mise en espace de la catastrophe dans la seconde et s’avérait bouleversant. Reste la gestion assez inédite de la Star, globalement fondue dans la masse, que je trouve assez intéressante.

Fargo – Saison 2 – FX – 2015

32L’indomptable langage.

   7.5   C’est une excellente saison, addictive, impressionnante. Et parfaite. Trop parfaite sans doute pour s’imposer durablement dans les mémoires et lui offrir un jour un deuxième visionnage. Je veux dire par là qu’il y a dans ce maelstrom de perfection une grande maitrise qui impose forcément une certaine froideur, une distance. Mais c’est un avis à froid, longtemps après avoir vu le très flottant épisode final, anti-spectaculaire au possible, mélancolique, funèbre.

     Avant cela la série aura tout de même provoqué la jubilation et la sidération. C’est une peinture du Minnesota 70’s bien puante, transpirant les règlements de compte imminents entre gangsters et comme c’est souvent le cas chez les Coen, ce sont deux mondes qui entrent en collision, et donc un boucher qui s’invite malgré lui, avec sa femme (incroyable Kirsten Dunst) dans une spirale infernale, violente et Camusienne.

     L’épisode 8 notamment me semble assez parfait en tant qu’apogée de ce à quoi la série tendait jusqu’ici. J’ai vraiment l’impression de voir un truc que les Coen ne feront plus. Quelque chose que certes ils ont déjà fait et souvent en mieux (Fargo, inutile de chercher plus loin) mais qui reprend le flambeau avec une élégance tonitruante. Et puis l’unité de lieu me fascine dans cet épisode parfait, en gros : la maison, le bar, la station-service, le chalet.

     En l’état, je préfère cette saison à la première tant il me semble qu’elle trouve une vraie cohésion dramatique et historique que n’avait pas l’autre, qui s’inscrivait dans le prolongement du film des Coen. Là on se laisse facilement emporter par l’enthousiasme. Alors certes on pourra toujours trouver que la série est parfois un peu trop consciente de sa virtuosité, chose qu’on ne ressentait pas chez les Coen qui jouaient moins sur une sensation de maitrise que de vertige, mais ce serait de refuser que virtuosité peut aussi rimer avec style.

     Là on voit bien que les créateurs se savent libres de ne pas trop en mettre puisque sur le peu qu’ils offrent ils le font à merveille. Mais j’aime bien cette épure. D’autant que ça ne l’est pas trop dans les enchainements, aussi délirants soient-ils comme ces brèves apparitions extra-terrestres, le carnage de l’épisode 9 ou Kirsten Dunst et son couteau de cuisine. Tout le passage où l’on entre, avec elle, dans le (faux?) film avec Reagan, même si l’on sait où ça va nous mener, c’est tellement fort. Ça résume assez bien ce que je pense de cette saison : On connait le chemin mais c’est fou ce qu’on l’aime. Et puis je suis fan de ces nombreuses friandises de bon goût comme ces délicieux et gratuits Split screen.

Friends – Saison 5 – NBC – 1998

1622634_10153362096907106_4266170405291420465_nAttention, drogue dure.

   8.5   Je m’oblige à faire un break ici, au beau milieu de la série, avant de définitivement basculer dans le No life. Si la saison 2 arrivait dans la continuité et confirmait la bonne tenue de la série, c’est avec la saison 3 puis surtout la suivante qu’elle s’élève à nouveau davantage autant niveau rythme et identification aux personnages, que dans sa manière, inexorable, à jouer avec les niveaux de temporalité.

     Prenons le premier couple qui nous vient à l’esprit : On apprend dans la saison introductive que Ross a toujours eu le béguin pour Rachel et que Rachel a toujours considérer Ross comme le frère de Monica, son amie du lycée. Ce qui en a fait des amis, distants ou non, par la force des choses. La saison se fermait dans l’effervescence, sur la promesse d’une liaison puisque Rachel découvrait les sentiments de Ross, en tombait amoureuse et partait le rejoindre à l’aéroport, pour accueillir son retour de Chine.

     Si l’on apprendra à mesure que leur relation est faite de soubresauts (c’est le moins que l’on puisse dire) la saison 2 les voit se trouver, non sans difficultés avec comme point d’orgue un superbe épisode de baiser nocturne dans le Central Perk ; avant que la troisième saison ne les achemine vers une séparation inévitable, trop ambiguë pour ne pas exploser. Et la Saison 4 joue sur une ambivalence bouleversante, où chacun essaie de faire ses propres rencontres, en jalousant l’autre ou non, mais où le fantôme de leur amour plane toujours, en continu. Un épisode assez fort bien que facile va jusqu’à reconstruire leurs instants forts (que l’on a donc vu) chacun de leur côté, au moment où Ross s’apprête à envoyer le faire part de son mariage à Rachel et à l’instant où celle-ci le reçoit. C’est un très beau récit d’amour impossible.

     En série, une saison représente souvent une année, sauf quelques exceptions comme Breaking Bad, pour ne prendre que la meilleure. Et Friends, cinquième du nom et sans doute davantage plus tard, joue énormément avec ce statut. On se remémore parfois des éléments vieux de trois ans. Evidemment, la consommant comme je la consomme je ne peux pas vraiment ressentir le poids du temps, mais il est présent, discret mais là. Un épisode de la saison 3 s’amusait d’ailleurs à revenir en arrière, à faire le préquel rapide de ce que la série nous offre depuis son lancement. C’était l’occasion de voir un peu de la rencontre entre Chandler et Joey, au moment où le premier est en pleine recherche de coloc ; Les retrouvailles de Rachel (qui s’apprête à se marier) et Monica, qui permettent de voir que cette dernière avait d’abord Phoebs comme coloc (on en voit non pas son déménagement mais son éloignement, emportant chaque jour un petit quelque chose, puis une lampe de salon, du pur Phoebe quoi) et la séduction manquée entre Ross et Phoebe, assez savoureuse.

     J’aimerais tant évoquer les nombreux fils rouges qui investissent le show en permanence (Thanksgiving, L’obésité passée de Monica, Looser Gunther, Le porno, Baywatch, les chansons de Phoebe) ainsi que les petites et grandes manies de chacun d’autre eux (Ross et les dinosaures, Rachel et les bijoux, Joey et la bouffe, Chandler et la clope) ou des instants géniaux autant qu’anodins (The One Where No One’s Ready / The One With The Football /The One With Chandler In A Box) et d’autres beaucoup plus doux et mélancoliques (Les triplés de Phoebe) sans parler de ce mémorable double échange d’appartement ou de ces expressions répétées (Joey et son « How ya doin’? » ou Janice et son insupportable « Oh-my-god! »). La série est surtout marquée par un nombre incalculable d’impasses sentimentales que chacun traverse.

     J’aimerais aussi parler du générique. Dire combien je le trouve parfaitement dosé, à la seconde près. C’est assez rare ça. Dire aussi que la chanson de The Rembrandts que je trouvais relou avant, est irrémédiablement associée à Friends maintenant. Donc je l’aime bien. Et dire que j’aime son évolution : Ce parti pris de changer continuellement les séquences choisies, d’y mettre des plus actuelles des épisodes à peine vus voire d’autres qui vont arriver. Sans jamais oublier d’y faire apparaître ces scènes de fontaines, qui n’apparaissent donc jamais mais qui constituaient l’intégralité des génériques des deux premiers épisodes. Comme si l’on tournait un album photos où se trouverait à chaque page un cliché de soi bébé. C’est très beau.

     Je voudrais aussi parler de Phoebe, le personnage le plus insensé, le plus no reason. Si indomptable qu’on en mélange son terreau familial, beaucoup évoqué mais souvent hors champ, entre ceux qui restent et ceux qui sont parti, ceux perdu de vue et les autres qui se sont volatilisé. Phoebe apporte dans l’esprit vaudeville cette petite touche loufoque qui lui fallait. Elle découvre à ce titre tardivement le rapprochement du nom du bar avec celui du parc ou bien elle surnomme Rachel « Phoebs » en imaginant que c’est le petit surnom qu’on donne à tout le monde. Rien d’étonnant en soi de la voir accepter, fin de saison 3, la demande abracadabrante de son frangin (aussi barré qu’elle) de porter sa progéniture, qui deviendra triple, occasionnant des moments aussi fous que savoureux. C’est absurde et beau. Sans doute ce que ces cinq saisons auront apporté de plus délirant et émouvant à la fois. Phoebe est importante pour l’équilibre du groupe et du show. Que des Phoebs ça ne marcherait pas. Mais sans elle, le château de cartes s’effondre.

     Et plus récemment, j’aimerais parler de Monica et Chandler. Forcément. C’est drôle car dès le début et sans avoir été spoilé sur les relations amoureuses de Friends, j’étais persuadé qu’il y aurait un couple Monica/Chandler un jour. Ils sont tellement différents qu’ils sont pareils, je n’arrêtais pas de me dire. Ils se méprisent plus ou moins l’un l’autre, se taquinent plus que les autres, sont en désaccord et/ou s’évitent de la même manière, toujours aidés par leur fausse nonchalance et leur façon d’arborer chacun le masque de l’humour pour préserver les secrets. L’épisode où Chandler embrasse tout le monde, dès qu’on le surprend à embrasser Monica dit beaucoup sur le personnage. La relation prend son envol un peu abruptement (où ils sont tous les deux bourrés) lors de la soirée de mariage de Ross à Londres. Je me suis donc arrêté sur Las Vegas où ils étaient à deux doigts de se marier. La suite, bientôt.

Crazy Amy (Trainwreck) – Judd Apatow – 2015

crazy-amy-3-bonnes-raisons-d-apos-aller-voirShe’s a Mystery to Me.

   6.5   C’est la continuité de ce qu’est devenu Apatow. Loin de se métamorphoser, il a créé un nouvel espace de taille dans ses films en y injectant une dimension éminemment féminine, qu’il produise (On a pu le constater avec le génial Bridesmaids et Girls, la superbe série de Lena Dunham) ou qu’il réalise. This is 40 ouvrait le début de ce prolongement. Ce qui était d’autant plus touchant d’y voir Leslie Mann, sa propre femme, y campé le premier rôle. Crazy Amy parachève ce glissement en offrant un premier rôle central absolu à Amy Schumer, qui est connu aux Etats-Unis pour ses stand-up olé olé. Tandis qu’Apatow a toujours écris ses propres films, il reprend cette fois le scénario d’Amy Schumer, majoritairement autobiographique dans la caractérisation de ce personnage, puisqu’elle se joue à l’écran. Le plus intéressant là-dedans est de voir combien le cinéma d’Apatow n’a pas changé. Il se déplace, mute, se déforme mais ne se fourvoie jamais. Lorsqu’il dérive vers la rom’com plus convenue dans la dernière demi-heure, il reste Apatow, soit celui qui a toujours dérivé vers le plus convenu, sans entrer non plus dans l’ennui puisqu’il garde son univers trash, sa forme étirée, son goût exquis pour les références, cet espèce de faux rythme indolent qui lui est coutumier. J’ai néanmoins sensiblement le même problème qu’avec Funny people à savoir que je trouve le film beaucoup trop long, mais dans le même temps il me paraît important dans son évolution ; Comme j’étais ravi de le voir faire This is 40 après Funny people, je suis réjoui de le voir se lancer dans Crazy Amy après This is 40. Je lis justement ces temps-ci le livre d’entretien entre Burdeau et Apatow et je me rends compte à quel point j’aime infiniment ce type et l’univers qu’il a créé et le courant qu’il a lancé. De plus en plus. Et l’idée, comme celle qui traverse tout le récit de ce dernier film (ce qui permet de voir pourquoi ils ont tous deux travaillé ensemble), d’une fascination quasi obsessionnelle pour la normalité, la famille, une volonté de s’y fondre, tout en gardant sa trash attitude qui le(s) caractérise. C’est assez passionnant, je trouve.

Le crime de l’Orient-Express (Murder in the Orient Express) – Sidney Lumet – 1975

Le crime de l'Orient-Express (Murder in the Orient Express) - Sidney Lumet - 1975 dans Sidney Lumet crime_orient_express     5.5   J’apprécie, c’est soigné. Evidemment Lumet a fait cent fois mieux mais je trouve ça déjà beau de s’accaparer d’un Agatha Christie et donc de ne développer que du huis-clos, en proposant quelques idées intéressantes dans la mise en scène, la construction, la durée et puis le film du haut de ses deux heures et quelques se suit sans déplaisir. Oubliable mais pas désagréable, en somme.

Back home (Louder Than Bombs) – Joachim Trier – 2015

834035-back-homedevin-druid-193b_2_a147_ltb0105_01-02-18-10jpgL’absence de la mère.

   6.5   J’attendais quasi autant de Trier que de Muntean après leurs premiers films étincelants. Et je suis allé voir leur nouveau bébé le même soir. J’ai préféré le Trier même si là aussi je ne pense pas que ça me marquera outre mesure. Reste qu’il a une vraie personnalité et je trouve ses partis pris assez puissants : La construction dispatchée d’une part, ainsi que sa façon de scruter la famille, éclatée et en deuil. Voire certains détachements un peu fous comme la scène de mon photogramme, j’aime bien qu’elle s’ouvre sur un plan de pom pom grils dans le ciel bleu. Ou plus simplement toute la discussion dans la chambre avec la lecture (qui m’a rappelé l’ouverture de Oslo 31 août). Il y a du Van Sant chez Trier. Plus arty mais quand même. La scène du pipi, par exemple, c’est un peu ma limite. Je trouve toute cette scène géniale dans sa construction mais je trouve dommage qu’il filme le pipi. C’est pas grand chose mais ça me gêne car je sais ce qu’il regarde, je n’ai pas besoin de ce plan. Après je pense surtout que c’est un plan de coupe pour ne pas demander à l’acteur de le jouer directement car ça doit être super dur à jouer. Du coup on a direct ses discrètes larmes dans la foulée et c’est très bien c’est vrai. Mais ce n’est pas grand-chose hein c’est juste que ça illustre assez ce qui peut parfois me gêner dans le cinéma de Trier, un peu comme pouvait me gêner le plan fixe final en recul discret, un peu trop calculé, de Anders dans Oslo.

     Après je crois que le film peut se passer de mille choses aussi. J’aime moins ce qu’il capte des adultes. Notamment Hupert. J’aurais aimé que le film ne cesse d’en parler sans qu’on la voie, ou bien seulement dans les moments les plus anodins comme celui sublime où elle et son fils se regardent dans le miroir. Tout se joue chez les jeunes à mes yeux, aussi bien chez le personnage de Jesse Eisenberg qui appréhende difficilement sa récente paternité que le jeune Devin Druid (qui jouait Louie jeune dans la Série Louie) plongé en pleine dépression adolescente. Tous deux sont géniaux. Vraiment un pur film de fantôme complètement fantomatique, qui ne réussit pas tout mais tente autre chose : Tout éclater sans forcément tout ré imbriquer (Coucou Inarritu). Et je suis archi fan de l’ouverture. A ce moment-là je me suis dis que Trier allait mieux que pour Oslo. Puis ensuite ça ne parle plus que de suicide donc ça ne va pas si bien.

     Je suis toujours très curieux de voir où le cinéma de Joachim Trier va atterrir. Il y a un climat tragique et désespéré dans son cinéma qui est toujours percé par des purs moments de grâce assez sublimes. J’aime beaucoup que son cinéma ne soit pas unilatéral en fait. Dans Oslo, Anders traînait son mal être chez des connaissances qui traînaient le leur, même ceux qui avait une famille, des enfants. C’est pareil ici. Le personnage joué par Eisenberg m’a beaucoup ému, sans doute aussi parce qu’il est plus proche de moi que ne peut l’être son petit frère. Et puis j’adore ce thème du retour, des deux mondes. Sitot qu’il retrouve celui de son enfance chez son père et ce bien que tout ait changé, sa sérénité et son bonheur forcés disparaissent. Le retour vers l’ex c’est quelque chose que le film traite divinement bien je trouve. C’est attendu mais surprenant car ce sont les conséquences de deux impasses : du deuil et de la peur de grandir.

L’étage du dessous (Un Etaj Mai Jos) – Radu Muntean – 2015

1e92340_15799-16nnupw     5.0   Avec Mardi, après noël, Muntean faisait partie de cette vague de cinéastes n’ayant réalisé qu’un seul film mais tellement fort que je l’attendais au tournant. Comme c’est souvent le cas, le deuxième essai est une déception. Relative tout de même car on y retrouve tout le sel de son premier film, autant dans la minutie de sa mise en scène (cette fameuse vague roumaine) que dans sa propension, contrairement à ses compatriotes, à investir le champ familial. C’est un beau film, anxiogène, qui réussit son coup mais qui le réussit trop bien pour surprendre et émouvoir. Pas certain que j’en garde grand chose en définitive.

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