Les vampires.
6.5 Etant donné que je ne connais aucun de ses films, j’entame une petite rétro Jessua, j’en attends rien de spécial mais je suis un peu curieux : C’est un cinéaste très rare alors qu’il a tourné avec de nombreux acteurs archi populaires. Traitement de choc, s’il est loin d’être un film réussi, est un étrange objet qui ne ressemble pas vraiment à ce que l’on a l’habitude de voir dans le cinéma hexagonal des années 70. On pourra grosso modo situer ça entre du Boisset et du Enrico. Leur versant SF.
La première partie est forte, complètement down tempo, hyper imprégnée des paysages sereins et hypnotiques de Belle-Ile en mer tout en dégageant une inquiétude durable. Anne Girardot incarne une femme proche de la dépression après s’être fait larguer, qui va prendre quelques jours dans une thalassothérapie réputée pour sa miraculeuse cure de rajeunissement. Elle y croise un ancien amant, inquiet et suspicieux quant aux velléités de ce traitement, qui finira par se tuer mystérieusement d’une falaise. Elle s’inquiète de voir le personnel (de jeunes garçons portugais) tomber malade (Les pensionnaires se répètent (en tentant d’en persuader la nouvelle recrue) inlassablement qu’ils ne parviennent pas à s’accoutumer au climat) puis disparaître, sans explications. Elle participe aux batailles d’algues dans les sauna et se baigne nue dans les vagues, parce que tous les patients font comme ça. Puis elle va finir par découvrir que ce microcosme est une sorte de secte de nantis qui bronzent le jour et donnent leurs veines à piquer le soir ; Et que l’établissement abrite un secret assez ignoble tendant vers le vampirisme, avec comme figure tutélaire un médecin bien ténébreux (Delon, donc) aux filets tellement denses que la jeune femme finira par y tomber, comme les autres.
Traitement de choc fonctionne à merveille dans sa première partie parce qu’il multiplie les mystères, les cassures (Une utilisation musicale très originale) et les effets de sidération assez inattendus (La scène de baignade, point d’orgue sublime, envoutant et terrifiant à la fois) puis rentre peu à peu dans le rang jusqu’à rater complètement sa sortie, dans un final aussi ridicule que peut l’être cette altercation entre Girardot et Delon. Dommage. Malgré tout, ça me travaille un peu. J’aime beaucoup cette idée d’ouvrir et de fermer le film sur ces camions de jeunes immigrés, envoyés au sacrifice pour redonner du peps à un pan de la société de consommation, bourgeoise et raciste.