Femmes Femmes.
7.0 Portrait double à la fois de l’Allemagne du début des années 30 jusqu’à la fin des années 50 et celui d’une femme, éprise d’un futur soldat SS qui lui offre une petite fille en gage dit-elle de ses longues absences. Une voix-off rythme le film, celle de la petite fille et plus ouvertement celle de la cinéaste, qui pioche dans ses souvenirs intimes, surtout la destinée de sa mère. Lorsque l’enfant dit à sa mère qu’elle veut voir le corps d’un soldat dans les ruines, c’est la voix de la réalisatrice qui résonne, acceptant de plonger au coeur de ce qui est inconfortable de voir. Travail de mémoire avant tout, même dans la douleur. Il y a du Tess dans cette fresque mélodramatique. C’est un peu long et rêche à certains instants, orné de symboles un peu forts, de métaphores bien pesantes, mais c’est aussi d’une telle envergure, renforcé par l’étirement sur douze années, qui investit aussi bien la peur d’un soldat qui voit dans chaque innocent tué le visage de sa femme, que la traversée de Lene et Anna dans les ruines d’une Allemagne dévastée puis la maladie (hémiplégie faciale qui semble caractériser la culpabilité d’un pays tout entier) avec l’impossible retour à une vie bourgeoise et dénazifiée. Sans parler du flot continu d’images d’archives (de l’Allemagne en ruines) qui viennent s’immiscer au sein du récit intime. C’est assez puissant.